Montréal sera l’hôte d'une conférence mondiale sur les batteries au lithium en 2026
Le Palais des congrès de Montréal accueillera la conférence de l'Internatio‐ nal Meeting on Lithium Batteries (IMLB), en 2026. Cette rencontre référence dans le domaine des batte‐ ries lithium-ion — qui pro‐ pulsent les voitures élec‐ triques et alimentent nos téléphones cellulaires — devraient attirer près de 1600 chercheurs et étu‐ diants issus de tous les continents.
Le Palais des congrès et Tourisme Montréal se sont tous les deux réjouis de la nouvelle et se sont empressés de saluer l’engagement et l’im‐ plication du principal instiga‐ teur de la candidature de Montréal, Karim Zaghib. Le professeur à l’Université Concordia et l’Université Mc‐ Gill, dont les recherches sont citées partout dans le monde, a également été nommé pré‐ sident de l’IMLB 2026.
Pour l’ancien directeur du Centre d’excellence en électri‐ fication des transports et en stockage d’énergie d’HydroQuébec, la tenue de cette conférence tombe à point nommé.
C’est un signe qu’on a un très bon écosystème québé‐ cois et canadien [...] et ça tombe pile au moment où les gouvernements du Québec et de l’Ontario dévoilent d’excel‐ lentes initiatives , affirme le chercheur.
M. Zaghib évoque de ré‐ cents investissements à Bé‐ cancour, notamment du géant allemand BASF ou du constructeur automobile Ge‐ neral Motors (GM). Les deux entreprises ont annoncé en mars vouloir y implanter des usines de cathodes, compo‐ santes essentielles à la fabri‐ cation de batteries au lithium. C’est sans compter le projet de Nemaska Lithium, qui am‐ bitionne de transformer de l’hydroxyde de lithium à Bé‐ cancour – projet dans lequel le gouvernement du Québec a investi 175 millions de dol‐ lars jusqu’ici.
En Ontario, le constructeur automobile Stellantis et le fa‐ bricant sud-coréen de batte‐ ries LG Energy Solution an‐ nonçaient peu après leur in‐ tention de construire la pre‐ mière usine de batteries pour véhicules électriques au pays, à Windsor, en Ontario. Le pro‐ jet, qui aura une capacité de production de 45 gigawatt‐ heures, concrétisera la pre‐ mière usine gigawatt au pays, selon le ministre de l’Innova‐ tion François-Philippe Cham‐ pagne.
Ces usines ont en com‐ mun qu’elles seront pleine‐ ment opérationnelles d’ici 2025, soit un an avant la te‐ nue du prochain IMLB.
C’est un bon timing pour montrer au monde entier le positionnement et le succès de l'initiative batterie, tant pour le Québec que pour le Canada , déclare Karim Za‐ ghib.
Un écosystème unique Selon le chercheur, le suc‐ cès de l’écosystème canadien — et québécois en particulier — tient à plusieurs facteurs.
Parmi ces facteurs, il note la disponibilité de minerais cri‐ tiques à la fabrication des bat‐ teries sur un seul territoire, du cuivre au graphite en passant par le cobalt et le nickel.
La capacité de transformer ces minéraux avec une éner‐ gie verte, abondante et peu dispendieuse, à savoir l’hydro‐ électricité, offre au Québec un autre avantage notable.
La province peut égale‐ ment profiter d’accords de libre-échange avec les ÉtatsUnis, l’Europe et le Japon pour exporter ses matériaux et ses produits à l’abri de mesures protectionnistes.
Tout ça rend l’écosystème québécois unique au monde , selon l’analyse de Karim Za‐ ghib.
Et le gouvernement du Québec en est pleinement conscient. Le premier ministre François Legault mousse le développement d’une filière batterie en sol québécois, de l’extraction et la transforma‐ tion des minerais au recyclage des batteries.
Son ministre de l’Écono‐ mie, Pierre Fitzgibbon, a déjà déclaré que l’objectif est de bâtir une filière équivalente à celle du secteur des multimé‐ dias au début des années 2000. Un objectif dont la réali‐ sation pourrait nécessiter jus‐ qu’à 10 milliards de dollars en investissement, a-t-il admis lors des études de crédits.
Une complémentarité naturelle
Mais Karim Zaghib est d'avis que ces ambitions et ces avantages concurrentiels ne placent pas pour autant le Québec sur un pied de com‐ pétition avec son voisin onta‐ rien.
Ce dernier note que la pro‐ duction de voitures élec‐ triques est un fit naturel en Ontario vu la présence de constructeurs automobiles comme Ford et GM. Le Qué‐ bec, pour sa part, a tout ce qu’il faut pour lui fournir les matériaux et les composantes nécessaires à la production de ces voitures, comme les anodes et les cathodes, de par sa richesse en ressources naturelles et sa proximité géographique. La province se démarque aussi de sa voisine par la production d'autres types de véhicules, comme des autobus et des moto‐ neiges électriques.
Cette recette pourrait s’avérer gagnante de part et d’autre de la frontière, ne se‐ rait-ce qu’en raison de la po‐ pularité croissante des véhi‐ cules électriques.
Selon des données colli‐ gées par Desjardins, 6,7 mil‐ lions de véhicules rechar‐ geables ont été vendus dans le monde en 2021, contre seulement 580 000 pour l’an‐ née 2015.
Une tendance qui suit de près la baisse du coût de pro‐ duction des batteries lithiumion, qui est passé de 917 $ le kW/H en 2010 à 137 $ en 2020.
Cette baisse devrait se poursuivre pour atteindre 100 $ le kW/H dès 2024 — stade où la voiture électrique deviendrait en principe aussi abordable que la voiture à es‐ sence, précise Karim Zaghib.
On n’a pas le choix , sou‐ ligne l’expert, qui montre du doigt l’accélération massive de l’électrification des trans‐ ports et l'important virage électrique des constructeurs automobiles.
Les gens aujourd’hui comme vous, comme moi, ils veulent acheter une voiture électrique, mais ils ne veulent pas acheter une voiture élec‐ trique très chère, laisse-t-il tomber.