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Attaque du Capitole : Trump appelait des sénateurs pendant que l’émeute faisait rage

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Au moment où les parti‐ sans de l'ex-président amé‐ ricain Donald Trump péné‐ traient de force dans le Ca‐ pitole, à Washington, l'an‐ cien locataire de la MaisonBlan­che se trouvait dans la salle à manger présiden‐ tielle privée. Il faisait no‐ tamment des appels télé‐ phoniques à des sénateurs pour leur demander de ne pas certifier la victoire de son adversaire, Joe Biden, ou d'en retarder le proces‐ sus.

Ces informatio­ns ont été révélées jeudi soir, à heure de grande écoute, dans la hui‐ tième audience du comité chargé d'enquêter sur l'at‐ taque du Capitole survenue le 6 janvier 2021.

Matthew Pottinger, alors conseiller adjoint à la sécurité nationale, et Sarah Matthews, porte-parole adjointe, ont té‐ moigné publiqueme­nt pour la première fois sur les coulisses de cette sinistre journée. Tous les deux avaient démissionn­é après le 6 janvier.

Outre des appels à des sé‐ nateurs, M. Trump s'est aussi entretenu à au moins deux reprises avec son avocat per‐ sonnel, Rudy Giuliani.

Surtout, l'ex-président au‐ rait consacré la majeure partie des 187 minutes écoulées entre son discours où il a inci‐ té ses partisans à se rendre au Capitole et son interventi­on télévisée incitant les émeu‐ tiers à rentrer chez eux dans le calme, à écouter Fox News, sa chaîne de prédilecti­on.

Le président n'a pas non plus, pendant cette période d'un peu plus de trois heures, contacté les membres de son Cabinet, y compris les secré‐ taires à la Défense et à la Sé‐ curité nationale. M. Trump n'a pas non plus appelé le res‐ ponsable du départemen­t de la Justice, ou encore la Garde nationale, qui auraient tous pu aider à contrôler les vio‐ lences, ont dit des témoins dans des déclaratio­ns préen‐ registrées.

Pendant ce temps, ont af‐ firmé plusieurs membres de la commission, ainsi que des témoins, la quasi-totalité des adjoints du président et des membres de sa propre famille l'ont supplié de mettre fin aux violences.

Faire le travail pour le président

Adam Kinzinger, l'un des deux membres républicai­ns du comité, qui compte aussi sept démocrates, a soutenu que le président Trump était satisfait des violences qui se produisaie­nt au Capitole.

Les émeutiers accomplis‐ saient le travail pour le pré‐ sident, alors c'est évident qu'il n'est pas intervenu pour stopper les violences, jusqu'à ce que plus de trois heures se soient écoulées depuis leur commencent, a-t-il déclaré lors de l'audience.

Le président Trump n'a pas échoué dans ses actions, il a plutôt choisi de ne pas agir.

Adam Kinzinger, membre du comité responsabl­e de l'enquête sur l'assaut du Capi‐ tole

M. Trump avait également la possibilit­é de se rendre dans la salle de presse de la

Maison-Blanche, à 60 se‐ condes de sa salle à manger, et de transmettr­e un mes‐ sage, ce qu'il n'a pas fait, a martelé le comité.

Le comité s'est aussi pen‐ ché sur les gazouillis envoyés par le président durant cette période, notamment un mes‐ sage, à 14 h 24, où il a accusé son vice-président Mike Pence, qui avait la tâche de présider à la certificat­ion de la victoire de M. Biden, de man‐ quer de courage.

Un geste qui n'a servi qu'à attiser les violences dans l'en‐ ceinte du Capitole, ont affir‐ mé les membres du comité, témoignage­s à l'appui.

Il a peint une cible dans le dos du vice-président, a lancé Elaine Luria, l'une des deux membres du comité respon‐ sables de l'audience de jeudi soir.

Ça s'annonçait mal

Autre moment important de cette audience : des échanges radio entre des membres du service secret chargé d'assurer la protection du président, mais aussi du vice-président, ont révélé que les agents s'occupant du viceprésid­ent, au Capitole, com‐ mençaient à avoir peur pour leur vie.

Ça s'annonçait mal, a dit l'un d'entre eux.

Un responsabl­e de la sécu‐ rité à la Maison-Blanche, ap‐ pelé à commenter les échanges entre les agents, a précisé que ceux-ci tentaient également de transmettr­e des messages à leur famille, en pensant que les violences entraînera­ient leur mort.

Vers midi, dans un dis‐ cours enflammé en plein coeur de la capitale, Donald Trump avait demandé aux émeutiers de se battre comme des diables contre de supposées fraudes électorale­s massives. Il était ensuite re‐ parti vers la Maison-Blanche, tandis que la foule se lançait à l'assaut du temple de la dé‐ mocratie américaine.

D'autres audiences pu‐ bliques à venir

Cette séance publique est la huitième en six semaines et la deuxième diffusée à heure de grande écoute dans tout le pays. Les précédente­s ont porté, entre autres, sur le rôle de l'extrême droite dans l'as‐ saut ou sur les pressions exer‐ cées sur des agents électo‐ raux par Donald Trump et ses proches.

Exceptionn­ellement, elle se déroule en l'absence du président du comité, le démo‐ crate Bennie Thompson, ma‐ lade de la COVID-19.

Le comité du 6 janvier va prendre une pause pendant le mois d'août, mais sa viceprésid­ente, la républicai­ne Liz Cheney, a déjà fait savoir que d'autres audiences seront te‐ nues à l'automne, avant de présenter son rapport.

De possibles accusation­s

Ses conclusion­s pourraient inclure une recommanda­tion concernant l'ouverture de poursuites judiciaire­s contre l'ancien président.

La décision reviendra au secrétaire à la Justice Merrick Garland, qui ne l'exclut pas. Personne n'est au-dessus de la loi, a-t-il redit mercredi.

Donald Trump, qui flirte ouvertemen­t avec l'idée d'être candidat à la présiden‐ tielle de 2024, dénonce avec véhémence les travaux du co‐ mité et ne manquerait pas de se présenter en victime d'une cabale politique s'il était incul‐ pé.

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