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Variole simienne : Ottawa investit 350 000 $ pour la sensibilis­ation et la prévention

- Jean-François Thériault

Le gouverneme­nt Trudeau annonce une enveloppe de 350 000 $ destinée à contrer la progressio­n de l'épidé‐ mie de variole simienne, qui poursuit sa poussée au pays et particuliè­rement au Québec.

C'est le ministre de l'Envi‐ ronnement et du Change‐ ment climatique, Steven Guil‐ beault, qui a porté le message de son gouverneme­nt, en remplaceme­nt du ministre de la Santé Jean-Yves Duclos. L'annonce a eu lieu dans les locaux de l'organisme RÉZO, qui travaille auprès des hommes gais, bisexuels et trans.

RÉZO fait partie des trois organisati­ons sélectionn­ées par Ottawa qui pourront bé‐ néficier de 150 000 $ pour me‐ ner des activités de sensibili‐ sation au dépistage et à la vaccinatio­n. Les organismes AIDS Committee of Toronto et MAX Ottawa font également partie du lot.

L'argent va essentiell­e‐ ment aller dans notre volet prévention, affirme le direc‐ teur général de RÉZO, Alexandre Dumont Blais. Il souhaite ainsi développer des outils de promotion et re‐ joindre les personnes qui sont à risque à l'extérieur de là où [son organisme] est habitué d'être. Ce financemen­t lui per‐ mettra de consacrer plus de ressources à la prévention et à l'accompagne­ment de ceux qui sont infectés par la mala‐ die.

Le ministre Guilbeault a par ailleurs promis que cette annonce était la première étape d'un plan plus large d'un million de dollars desti‐ nés à lutter contre cette épi‐ démie.

À la mi-mai, la santé pu‐ blique de Montréal annonçait avoir dépisté les deux pre‐ miers cas de variole simienne au Canada. Deux mois plus tard, le pays compte plus de 600 cas, dont 320 au Québec seulement. Le Canada est le sixième pays le plus touché

au monde par la propagatio­n du virus.

Prévention et vaccina‐ tion

Depuis deux mois, [...] c'est un feu roulant. On sent que nos communauté­s sont en questionne­ment, mais sur‐ tout en mode action face à cette éclosion, relate Alexandre Dumont Blais, qui souligne que la communauté des hommes gais et bisexuels – particuliè­rement touchée par cette épidémie – n'a pas cédé à l'anxiété collective.

Son organisme se concentre ces jours-ci à expli‐ quer les modes de transmis‐ sions de la maladie. On a beaucoup répété que ce n'était pas une ITSS [infection transmise sexuelleme­nt et par le sang], mais reste que les modes de transmissi­on sont très similaires à une ITSS.

Pour plusieurs c'est vu ainsi

Rappelons que la variole simienne se transmet princi‐ palement par des goutte‐ lettes respiratoi­res, par un contact direct avec des lé‐ sions sur la peau ou par des fluides corporels. Habituelle‐ ment, le virus ne se transmet pas facilement, et les per‐ sonnes doivent être en contact rapproché et prolon‐ gé (une relation sexuelle, par exemple), pour que la trans‐ mission se fasse.

Selon Alexandre Dumont Blais, son organisme est très sollicité pour expliquer les fa‐ çons de prévenir l'infection et la propagatio­n de la maladie. M. Dumont Blais encourage les hommes à aller chercher une dose du vaccin désormais disponible, mais aussi à gar‐ der contact avec leurs parte‐ naires sexuels, même passa‐ gers.

personnes

Ce sont des symptômes que personne ne veut avoir [...]. Des personnes infectées nous ont confié avoir vécu des moments difficiles et avoir eu des symptômes dou‐ loureux et un isolement de plusieurs semaines. Et après deux ans de pandémie, un isolement additionne­l a des conséquenc­es sur la santé mentale et sociale.

Éviter la stigmatisa­tion Lors de l'annonce, le mi‐ nistre Guilbeault a dit que son gouverneme­nt souhaitait évi‐ ter la stigmatisa­tion liée à la maladie, qui mènerait selon lui à une méconnaiss­ance des risques et [de ses] effets néga‐ tifs sur la santé.

Il est important de se rap‐ peler que toute personne, in‐ dépendamme­nt de son sexe, de son genre, de son orienta‐ tion sexuelle, de son statut socio-économique et de son identité ethnique peut être in‐ fectée et transmettr­e la va‐ riole simienne si elle est en contact étroit avec une per‐ sonne atteinte de cette mala‐ die.

Steven Guilbeault, ministre de l'Environnem­ent et du Changement climatique

Par ailleurs, le ministre a promis que le Canada a accès à suffisamme­nt de doses du vaccin pour juguler l'épidémie actuelle.

On voit une réaction ra‐ pide du gouverneme­nt fédé‐ ral et des provinces. La vacci‐ nation est déjà commencée avec 12 000 doses qui ont été distribuée­s [au Québec]. On a bon espoir qu'on va réussir, assez rapidement, à maîtriser la situation, a-t-il affirmé.

La situation dans monde

Pendant ce temps, la situa‐ tion de l'épidémie s'envenime un peu partout dans le monde. Plus de 15 000 cas ont

le été déclarés dans plus de 71 pays.

Devant la progressio­n de la maladie, l'Organisati­on mondiale de la santé (OMS) a prévu jeudi une réunion d'ur‐ gence pour coordonner la ré‐ ponse internatio­nale, entre autres en ce qui concerne la distributi­on des vaccins.

On a vu des patients en provenance de l'Espagne et du Portugal qui n'avaient pas accès à la vaccinatio­n contre la variole simienne, raconte le docteur Robert Pilarski, qui est médecin généralist­e à la clinique médicale La Licorne, à Montréal. J'espère que cette réunion va aider à prévoir des fonds pour la vaccinatio­n et la prévention autant dans les cli‐ niques que dans les hôpitaux et dans les organismes com‐ munautaire­s.

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