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Un chanteur acadien a du mal à se faire payer par sa maison de distributi­on

- Michel Corriveau

Le chanteur Marc à Paul à Jos a attendu trois ans avant d’obtenir un paie‐ ment de Propagande Distri‐ bution.

Originaire de la région de Clare en Nouvelle-Écosse, l’ar‐ tiste était lié à Distributi­on Plages, du Nouveau-Bruns‐ wick, qui a été racheté en 2019 par Propagande Dis‐ tribution, du Québec.

Depuis 2019, Marc à Paul à Jos n’avait reçu aucun paie‐ ment de Propagande Distri‐ bution, avant de recevoir le premier paiement au mois de juin dernier. Selon l'artiste, ce paiement couvrait moins de la moitié de ce que Propa‐ gande Distributi­on lui devait. L'entreprise lui a promis que l'entièreté de la somme lui se‐ rait versée dans les 90 jours.

Dans trois ans, pas même une fois qu’ils m’avions payé, comme du tout, du tout, et j’ai dis, ben paye moi [...] ils sont revenus, je crois que c’est une semaine après, et ils ont dit ben, nous allons terminer ton contrat et on te donne un versement, et comme moins que la moitié de ce qu’ils me doivent, et ils ont dit on te donnera le reste dans 90 jours, raconte-t-il.

Maintenant, il se demande s’il obtiendra tout ce qu’on lui doit. Ils me disent que je vais l’avoir, le restant de mon ar‐ gent, dans 90 jours, mais je suis pas vraiment sûr que je me fie qu’ils vont vraiment faire ça, s’inquiète-t-il.

C’est frustrant et découra‐ geant, ça m’enrage, on dirait qu’il y a des situations où il y a du monde qui prend avan‐ tage des musiciens.

Marc à Paul à Jos, auteurcomp­ositeur-interprète

Une situation que l’ar‐ tiste ne comprend pas

Marc à Paul à Jos dit avoir communiqué avec plusieurs personnes au sein de Propa‐ gande Distributi­on, avant d’obtenir des informatio­ns sur les paiements qui lui étaient dus.

Pas payer quelqu’un pour trois ans, alors qu’ils sont sup‐ posés me payer tous les quatre mois, ils ne m’ont ja‐ mais donné d’explicatio­n pour ça, assure-t-il.

L’artiste explique, toute‐ fois, qu’il ne gagne pas sa vie avec la musique. Dans mon cas à moi, c’est pas comme un énorme montant d’argent, là, je ne suis pas comme full time avec la musique.

Il dit avoir décidé de parler publiqueme­nt de son histoire pour aider d’autres artistes qui pourraient se retrouver dans sa situation, car lors‐ qu’on lui demande si d’autres connaissen­t les mêmes défis que lui, il est affirmatif : je vais dire que oui, je veux pas vrai‐ ment nommer de noms, mais je vais dire que oui, je le sais.

C’est pour eux qu’il a déci‐ dé d’exposer son cas. C’est pour, s’il y a quelqu’un d’autre qui se fait pas payer, et qu’il voit ça, et qui dit, ah, ils fai‐ sons la même chose avec lui.

Un montant minimal avant de payer les artistes

Le propriétai­re de Propa‐ gande Distributi­on, Nicolas Leroux, dit que les paiements aux artistes sont effectués lorsqu’ils atteignent au moins 1000 $.

Le 1000 $, c’est un seuil de profitabil­ité, évidemment, qu’on a fait de notre côté, parce que c’est sûr que de faire toute la paperasse, toutes les ressources hu‐ maines impliquées là-dedans, pour des montants moindres que ça, c’est vraiment pas viable pour ma compagnie, explique Nicolas Leroux.

Mais il reconnaît que cer‐ tains artistes qui n’atteignent pas ce montant sont insatis‐ faits. Il y a certains artistes parfois qui s’impatiente­nt, par rapport à qu’ils n’atteignent pas ce montant-là, donc nous, quand ça arrive, on regarde le dossier, on l’analyse, on re‐ garde justement les revenus qui sont rapportés avec cet artiste, et on analyse le dos‐ sier pour voir s'il y a perti‐ nence de continuer la distri‐ bution, dit-il.

J’aime la musique, je veux que la musique soit distribuée à le plus de places possible, mais j’ai une compagnie, faut que ça soit rentable et que ça marche.

Nicolas Leroux, proprié‐ taire de Propagande Distribu‐ tion

Selon Nicolas Leroux, l’in‐ formation sur ce seuil de 1000 $ a été donnée aux ar‐ tistes, mais il compte faire un rappel.

Faut croire que l’informa‐ tion n’a pas été comprise, donc suite à votre appel, nous on va sûrement communi‐ quer une lettre avec tous les artistes pour leur rappeler la procédure, assure-t-il.

Propagande Distribu‐ tion assure honorer les contrats

Marc à Paul à Jos dit que dans ses derniers échanges avec Propagande Distribu‐ tion, on lui a fait comprendre que son contrat se terminait, parce que la vente de ses disques n’était pas rentable.

Son contrat, signé en 2021, devait se terminer en 2023.

Du côté de Propagande Distributi­on, on assure que ce contrat sera respecté jusqu’à la fin.

On a communiqué avec certains artistes pour leur mentionner que on était pour se rendre jusqu’à la fin de notre terme avec eux, qu’on les laissait pas là, avec rien, donc on était pour les accom‐ pagner jusqu’à la fin pour s’as‐ surer qu’ils étaient pour trou‐ ver un autre partenaire pour le numérique, pour pouvoir garder leurs statistiqu­es sur les plateforme­s numériques, soutient Nicolas Leroux.

Toutefois, précise-t-il, cer‐ tains produits qui ne se vendent pas peuvent être rappelés. Il y a des fois, on fait un certain rappel des pro‐ duits, parce qu’il y a des pro‐ duits en magasin, ça fait de‐ puis plus d’un an ou deux des fois qu’ils sont en magasin, donc on doit procéder à un rappel des produits en maga‐ sin, et pour tout ce qui est nu‐ mérique, on continue à repré‐ senter les clients jusqu’à la fin de leur terme, dit-il.

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