Nouvelles sanctions américaines contre l’Iran, Téhéran reste optimiste
Alors que Washington a an‐ noncé lundi de nouvelles sanctions contre le secteur pétrolier iranien, Téhéran s’est montrée optimiste quant à la reprise des négo‐ ciations sur le dossier nu‐ cléaire.
Les sanctions américaines visent des entreprises qui transportent le pétrole ira‐ nien.
Les États-Unis désignent six entités facilitant les tran‐ sactions illicites liées au pé‐ trole iranien ainsi qu'aux pro‐ duits pétroliers et pétrochi‐ miques, principales sources de revenus du gouvernement iranien, a indiqué le secrétaire d'État américain, Antony Blin‐ ken, dans un communiqué.
Washington cible ainsi les entreprises Pioneer Ship Ma‐ nagement et Golden Warrior Shipping – et son navire, le Glory Harvest – pour avoir participé au transport et à la gestion logistique de pétrole iranien.
De son côté, le départe‐ ment du Trésor fait état de sanctions économiques à l'en‐ contre de quatre autres entre‐ prises, utilisées par l'Iranian Gulf Petrochemical Industry Commercial (PGPICC), l'un des plus grands courtiers pétro‐ chimiques du pays, pour facili‐ ter la vente de dizaines de mil‐ lions de dollars de pétrole et de produits pétrochimiques iraniens produits de l'Iran vers l'Asie de l'Est, selon un communiqué distinct.
Jusqu'à ce que l'Iran soit prêt à revenir à la pleine mise en oeuvre du JCPOA (l’accord sur le nucléaire), nous conti‐ nuerons d'utiliser les sanc‐ tions pour cibler les exporta‐ tions de pétrole, de produits pétroliers et de produits pé‐ trochimiques en provenance d'Iran, a dit le chef de la diplo‐ matie américaine.
Optimisme prudent de Téhéran
Les négociations pour res‐ susciter l’accord nucléaire sont suspendues depuis plu‐ sieurs semaines. Mais mardi passé, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a transmis aux Iraniens un pro‐ jet de compromis en vue de débloquer des négociations en panne depuis mars.
Nous restons optimistes sur le processus de négocia‐ tion qui nous permettra d'aboutir à un résultat lo‐ gique et raisonnable, a men‐ tionné le porte-parole du mi‐ nistère des Affaires étran‐ gères, Nasser Kanani, dans sa conférence de presse hebdo‐ madaire. Après l'examen du texte proposé par M. Borrell, il est possible que dans un proche avenir, nous puissions parvenir à une conclusion concernant le calendrier des négociations, a indiqué M. Ka‐ nani. Mais cela dépend entiè‐ rement de la volonté de l'autre côté, en particulier du côté américain, a-t-il souligné.
Fin juin, le Qatar a organisé des pourparlers indirects entre l'Iran et les États-Unis – qui se sont désengagés de l'accord en 2018 sous la prési‐ dence de Donald Trump – dans l'espoir de remettre le processus de Vienne sur les rails, mais ces discussions ont été interrompues après deux jours sans aucune avancée.
Selon M. Borrell, le texte proposé aborde en détail la levée des sanctions imposées à l'Iran et les mesures nu‐ cléaires nécessaires pour réta‐ blir le pacte nucléaire de 2015 dit JCPOA.
Nouvelles centrifu‐ geuses
Lundi soir, le porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Behrouz Kamalvandi, a décla‐ ré à la télévision d'État que l'organisation avait commen‐ cé à alimenter en gaz des cen‐ taines de nouvelles centrifu‐ geuses, y compris les centrifu‐ geuses avancées IR-6.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a déjà été informée de cette ac‐ tion, a-t-il ajouté, sans préci‐ ser quel sera le taux d'enri‐ chissement.
L'AIEA a rapporté en juillet que Téhéran avait commencé à alimenter la cascade de cen‐ trifugeuses avancées dans une usine d'enrichissement d'uranium récemment modi‐ fiée en vue d'une plus grande efficacité.
Téhéran fabriquera-telle sa bombe?
Le 17 juillet dernier, Kamal Kharazi, le président du Conseil stratégique des rela‐ tions internationales, a dit à la chaîne Al-Jazira que son pays avait les capacités techniques de fabriquer une bombe nu‐ cléaire tout en précisant que son pays n’avait pas pris la dé‐ cision de fabriquer une bombe atomique.
M. Kharrazi a également déclaré que l’Iran avait mené de vastes manoeuvres pour pouvoir frapper Israël si ses installations sensibles sont prises pour cibles.
Israël s’oppose à la conclu‐ sion d’un accord sur le nu‐ cléaire iranien.
Conclu par l'Iran et six puissances (Russie, États-Unis, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne), le JCPOA vise à garantir le caractère civil du programme nucléaire de l'Iran, accusé de chercher à se doter de l'arme atomique malgré ses démentis, en échange d'une levée progres‐ sive des sanctions internatio‐ nales qui frappent l'économie iranienne.
À la suite du retrait unilaté‐ ral en 2018 des États-Unis sous l'impulsion de Donald Trump et du rétablissement des sanctions américaines, Té‐ héran s'est progressivement affranchi de ses obligations.
L'Iran a ainsi dépassé le
taux d'enrichissement d'ura‐ nium de 3,67 % fixé par le JC‐
POA, montant à 20 % début 2021. Puis il a franchi le seuil inédit de 60 %, se rappro‐ chant des 90 % nécessaires à
la confection d'une bombe.