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L’Inde et le Pérou signalent à leur tour un premier décès lié à la variole simienne

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Les autorités indiennes ont annoncé lundi la mort d'un homme contaminé par la variole simienne récem‐ ment rentré des Émirats arabes unis, ce qui pourrait constituer le premier cas mortel de la maladie en Asie.

Les premières analyses ef‐ fectuées sur l'homme de 22 ans décédé samedi ont montré qu'il était porteur du variant ouest-africain du vi‐ rus. Des tests complémen‐ taires doivent encore être me‐ nés.

La victime indienne est morte une semaine après avoir été hospitalis­ée à son retour des Émirats arabes unis. Il n'a pas encore été clai‐ rement établi si la cause du décès est la variole simienne.

Le jeune homme n'avait pas de symptômes [de variole simienne]. Il a été admis à l'hôpital avec des symptômes d'encéphalit­e et de fatigue.

Veena George, ministre de la Santé du Kerala

Vingt personnes caractéri‐ sées comme à haut risque ont été placées en observatio­n, a précisé la ministre de la Santé de l'État du Kerala. On compte parmi celles-ci des pa‐ rents, des amis et du person‐ nel médical susceptibl­es d'avoir été en contact avec la victime.

Selon le ministère de la Santé du Kerala, la famille a in‐ formé les médecins seule‐ ment le 30 juillet, soit le jour du décès, des résultats du test effectué à Dubaï le 19 juillet.

En tout, 165 passagers se trouvaient à bord du même vol que la victime depuis les Émirats, mais aucun d'eux n'a eu de contact rapproché avec le malade, a ajouté le minis‐ tère.

L'Inde a enregistré au moins quatre cas de la mala‐ die, dont le premier le 15 juillet chez un autre homme de retour au Kerala après un voyage aux Émirats arabes unis.

Un premier décès aussi au Pérou

Un patient contaminé par la variole simienne est décédé lundi au Pérou, premier cas dans le pays où plus de 300 cas ont été répertorié­s, a annoncé un responsabl­e de santé.

L'homme, âgé de 45 ans, est arrivé à l'hôpital dans un état très grave avec la variole du singe. Sa santé s'était affai‐ blie après avoir abandonné son traitement contre le VIH, a déclaré le directeur de l'hô‐ pital national Dos de Mayo, Eduardo Farfan sur une radio locale.

Dix décès depuis mai

Au total, 10 décès ont été enregistré­s dans le monde de‐ puis mai. Les cinq premiers ont été signalés en Afrique, où la maladie a été détectée pour la première fois chez l'homme en 1970. Les cinq autres ont été déclarés en Espagne (deux morts), en Inde et au Pérou.

Il n'a toutefois pas été éta‐ bli précisémen­t si la variole si‐ mienne était à l'origine de ces décès. Des autopsies sont en‐ core en cours en Espagne, alors qu'au Brésil, les autori‐ tés affirment que le patient décédé avait d'autres patho‐ logies graves.

Le Bureau régional de l'OMS en Europe prévoit d'ailleurs une augmentati­on du nombre de décès en lien avec la variole simienne, même s'il souligne que les complicati­ons sévères restent rares et que, bien souvent, la maladie se guérit d'ellemême, sans nécessiter de trai‐ tement.

L'objectif doit être d'inter‐ rompre rapidement la trans‐ mission du virus en Europe et mettre un coup d'arrêt à cette épidémie, a déclaré Catherine Smallwood, une responsabl­e des situations d'urgence de l'OMS Europe.

Un premier cas au Sou‐ dan

Le Soudan a annoncé lun‐ di avoir détecté un premier cas de variole simienne dans le pays, chez un adolescent de 16 ans dans l'État du DarfourOue­st, frontalier du Tchad.

Le système de santé du pays, l'un des plus pauvres du monde, est fragile. Selon l'UNICEF, seuls 70 % des 45 millions de Soudanais ont accès à un établissem­ent de santé en moins de 30 mi‐ nutes.

Le Soudan manque d'in‐ frastructu­res permettant de rendre l'eau potable et de trai‐ ter les eaux usées, des fac‐

teurs qui favorisent la trans‐ mission des maladies, affirme l'organisme onusien. Sur les 18 États du pays, 13 ont connu en 2021 des épisodes de chikunguny­a, de dengue ou de diphtérie.

Il y a une semaine, l'Orga‐ nisation mondiale de la santé (OMS) affirmait avoir réperto‐ rié 26 cas de variole simienne dans cinq pays du monde arabe.

Depuis mai, les infections par la variole simienne connaissen­t une recrudes‐ cence hors de l'Afrique occi‐ dentale et centrale, où elle était déjà endémique.

Plus de 20 000 cas ont été recensés dans 78 pays, dont environ 70 % en Europe et 25 % sur le continent améri‐ cain.

C'est ce qui a conduit l'OMS à déclencher le 23 juillet son plus haut niveau d'alerte — l'urgence de santé pu‐ blique de portée internatio‐ nale — pour tenter de juguler la maladie.

Ce n'est pas une épidé‐ mie cachée

Des experts participan­t à la Conférence internatio­nale sur le sida à Montréal ont d'ailleurs exhorté les gouver‐ nements du monde entier à en faire plus pour stabiliser la transmissi­on de la variole si‐ mienne.

En principe, cet objectif de stabilisat­ion devrait être assez facile, selon le Dr Jean-Pierre Routy, professeur à l'Universi‐ té McGill et coprésiden­t de cette conférence.

En entrevue à Midi info, l'expert a montré du doigt plusieurs facteurs qui dis‐ tinguent la variole simienne du sida et qui devrait aider les autorités à juguler l'épidémie.

Il a expliqué que les lésions douloureus­es qui accom‐ pagnent la variole simienne sont de nature à décourager la transmissi­on.

Dès que la personne sait qu'elle est infectée, il y a des lésions infectées très doulou‐ reuses, donc c'est sûr que la transmissi­on s'arrête parce que la personne est en dou‐ leur et reste chez soi.

L'existence d'un vaccin est également un facteur clé dans la lutte contre l'épidémie. Le Dr Routy a cité l'arrêt de la vaccinatio­n contre la variole [simienne] comme une cause principale de la réémergenc­e des cas en Afrique.

Il y a toute une catégorie de réponses qui existent. Le vaccin est là, la reconnais‐ sance est facile parce que, cli‐ niquement, il y a des lésions qui existent que tout le monde peut reconnaîtr­e. Ce n'est pas une transmissi­on ca‐ chée ou une épidémie qui se cache.

Dr Jean-Pierre Routy, co‐ président de la Conférence in‐ ternationa­le sur le sida à Montréal

Si les décès liés à la variole simienne surviennen­t très ra‐ pidement après l'infection, soit dans un délai de 15 jours à trois semaines, le spécialist­e des maladies infectieus­es a tout de même relativisé le risque de décès présenté par la maladie. Il y a des décès non pas tant par la maladie, mais par les plaies qu'elle crée. Si on nettoie bien les plaies et qu'on prend des antibio‐ tiques, le nombre de décès devrait être infime.

Mais si l'épidémie de va‐ riole simienne ressemble à d'autres épidémies, ce sont des facteurs sociaux qui pour‐ raient ultimement décider de son ampleur.

Ce qui fait la force d'une épidémie, ce sont les gens ex‐ clus, les gens pauvres, les gens qui vivent les uns sur les autres dans des conditions d'hygiène et de confort très li‐ mités. C'est valable pour n'im‐ porte quelle épidémie, a fait valoir le Dr Routy.

Quand on n'est plus soi‐ gnés, quand on a peur, quand on se sent exclu, on ne va pas bénéficier des soins et de sui‐ vi. C'est à ce moment-là qu'un virus peut dominer, a-t-il ajou‐ té.

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