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La marine canadienne et ses alliés se déploient en Arctique

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La Marine royale cana‐ dienne a amorcé mardi son déploiemen­t dans l’Arc‐ tique de l’opération Na‐ nook, qui vise à renforcer sa collaborat­ion entre les alliés de l’OTAN et à en‐ voyer le message à la Rus‐ sie que le Canada et l’Al‐ liance sont capables de se déployer et de protéger cette région du globe.

Ce type d’exercice est orga‐ nisé depuis 2007 par la Marine canadienne. Cette année ce‐ pendant, les relations ten‐ dues avec la Russie donnent à l’opération Nanook une im‐ portance qu’elle n’avait pas il y a 15 ans. Le président russe Vladimir Poutine a dit di‐ manche dernier vouloir ren‐ forcer la position de Moscou dans l’Arctique, sur le plan au‐ tant commercial que militaire.

Le but premier [de l’opéra‐ tion Nanook] est de voir les choses et d'être vu. Que notre arrière-cour, le Canada, on la patrouille. On est capable d'assurer la souveraine­té de notre territoire, résume le commandant du NCSM Harry DeWolf, Guillaume Côté, qui participe à l’exercice.

Les navires de guerre ont quitté Halifax pour l’opération qui va s’échelonner sur six se‐ maines. Les bateaux cana‐ diens et américains vont se di‐ riger d’abord vers TerreNeuve-et-Labrador, puis met‐ tront le cap sur l’Arctique, en passant par Nuuk au Groen‐ land.

Les bâtiments de la Marine canadienne sont accompa‐ gnés de vaisseaux américains, français, britanniqu­es et da‐ nois pour cette mission de surveillan­ce de l’Arctique.

C'est une région où l'OTAN cherche à intensifie­r la colla‐ boration entre les alliés pour faire comprendre aux Russes que ces pays sont capables de défendre leurs intérêts là-bas, indique Adam Lajeunesse, professeur de l'Université St. Francis Xavier et analyste de la sécurité de l’Arctique.

Les Russes vont déployer plus d'efforts et développer leurs installati­ons dans la ré‐ gion [...] Ce sera un élément crucial qui va orienter les poli‐ tiques du Canada et de l'OTAN dans les prochaines années.

Adam Lajeunesse, analyste de la sécurité de l’Arctique

La Marine royale cana‐ dienne et l’OTAN veulent ainsi envoyer un message clair à la Russie, à savoir qu’ils ne peuvent pas s’aventurer [dans l’Arctique] sans la moindre conséquenc­e, ex‐ plique M. Lajeunesse.

De nouveaux navires taillés pour cette mission

La marine s’est récemment dotée de nouveaux navires extracôtie­rs, comme le NCSM Harry DeWolf, que com‐ mande le capitaine Guillaume Côté. Ce sera d’ailleurs sa pre‐ mière sortie à la barre de ce navire.

C'est la première fois qu'on a un navire comme ça depuis bien, bien des années, se ré‐ jouit le capitaine Côté.

Il est flambant neuf, on l’a depuis maintenant deux ans.

Capitaine de frégate Guillaume Côté, commandant du NCSM Harry DeWolf

Six navires de ce type ont été commandés par la marine au chantier naval Irving d'Ha‐ lifax. Jusqu’à maintenant, deux ont été livrés – dont le NCSM Harry DeWolf – et par‐ ticipent à l’opération Nanook.

Leur coque a été renforcée pour qu’ils puissent circuler li‐ brement dans la majeure par‐ tie du territoire arctique. La structure des bâtiments est ainsi plus appropriée pour

s’aventurer dans les contrées un peu plus ignorées dans les dernières années, note le ca‐ pitaine Côté.

Après le ravitaille­ment à Nuuk, les navires de guerre qui vont participer à l’opéra‐ tion Nanook vont aller s’amu‐ ser à découvrir comment opé‐ rer au milieu des glaces, sou‐ ligne le capitaine Côté.

Il faut aussi apprendre à travailler avec les alliés, et ça représente un défi particulie­r dans l'Arctique.

Capitaine de frégate Guillaume Côté, commandant du NCSM Harry DeWolf

Vladimir Poutine estime que les infrastruc­tures mili‐ taires de l’OTAN constituen­t la menace principale à la Russie. Dans ce contexte, le renforce‐ ment de la collaborat­ion entre les alliés peut se révéler déterminan­t, et c’est l’un des objectifs de l’opération Na‐ nook.

Une région vulnérable

En mars, le chef d’état-ma‐ jor des Forces armées cana‐ diennes, le général Wayne

Eyre, avait déclaré qu’il n’était pas inconcevab­le que la sou‐ veraineté du Canada puisse être contestée dans le Nord.

La menace d'une incursion russe dans l'Arctique canadien est très faible pour le mo‐ ment, avait-il dit à l'époque, mais, à son avis, la souverai‐ neté du Canada pourrait être contestée, car cette région est vulnérable en raison de sa faible population et de son manque d'infrastruc­tures.

Les tensions entre la Rus‐ sie et l’OTAN sont au plus haut depuis quelques mois.

Déjà en mars, le Commande‐ ment de la défense aérospa‐ tiale de l’Amérique du Nord (NORAD) tenait un entraîne‐ ment dans l’Arctique.

Moscou avait quant à elle présenté en avril 2021 une de‐ mande auprès de la Commis‐ sion des limites du plateau continenta­l des Nations unies.

Si l'ONU donne son aval, la Russie se rapprocher­ait da‐ vantage de la zone écono‐ mique exclusive du Canada, qui s'étend à 200 milles ma‐ rins de ses côtes. La demande russe excède celles du Canada et du Danemark, du jamaisvu, selon Robert Huebert de l'Université de Calgary.

Le Canada et ses alliés cherchent à affirmer leurs ca‐ pacités d’intervenir sur ce ter‐ ritoire, mais aussi à défendre le passage du Nord-Ouest – qui est également convoité par les États-Unis.

Avec les informatio­ns de Valérie Gamache

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