Mise en garde d’un expert contre la poussée vers l’autonomie provinciale en immigration
Alors que la Saskatchewan tente d’obtenir plus d’auto‐ nomie pour gérer l’immi‐ gration dans la province, un avocat en immigration au Québec, David Chalk, af‐ firme que cette quête ar‐ rive avec son lot de défis.
David Chalk, qui est aussi un ancien président de l'Asso‐ ciation québécoise des avo‐ cats et avocates en droit de l’immigration, estime que la province n’a pas les res‐ sources nécessaires pour gé‐ rer à elle seule les demandes en immigration.
La semaine dernière, le mi‐ nistre de l’Immigration pro‐ vinciale, Jeremy Harrison, a rencontré ses homologues fé‐ déraux et provinciaux pour discuter d’un accord qui per‐ mettrait à la Saskatchewan d’être la seule autorité pou‐ vant approuver les demandes migration dans la province.
Quand il s’agit d’immigra‐ tion, la Saskatchewan s’attend à avoir un accord semblable à celui du Québec. L’immigra‐ tion est un atout majeur dans le plan du gouvernement pro‐ vincial, qui cherche à créer plus de 100 000 emplois d’ici 2030.
Jeremy Harrison, ministre de l’Immigration de la Saskat‐ chewan
Selon David Chalk, plus d’autonomie en immigration en Saskatchewan veut aussi dire qu’il faudra plus d’éduca‐ tion pour préparer les tribu‐ naux provinciaux à gérer les problèmes d’immigration. Il faudra aussi créer des orga‐ nismes de réglementation.
Ces changements de‐ mandent que les officiers de l'immigration au provincial soient familiers avec les normes et nuances accompa‐ gnant les demandes d’immi‐ gration des personnes qui viennent de différents coins du monde.
En ce moment, ce sont les officiers de l'immigration au fédéral qui jouent ce rôle, ditil, et ni le Québec ni la Saskat‐ chewan n'ont les ressources pour connaître les nuances de demandes qui proviennent de partout.
La Saskatchewan doit vrai‐ ment réfléchir à son plan. Cela pourrait causer plus de pro‐ blèmes et rendre la situation pire qu'elle l'est.
David Chalk, avocat en im‐ migration au Québec
Des craintes partagées Entrepreneur à Saskatoon, Deepak Talwar se dit du même avis.
Il a immigré à Saskatoon en 2017 à travers le Pro‐ gramme des candidats à l'im‐ migration de la Saskatchewan (SINP).
Il dit qu'il a investi plus de 550 000 $ dans la province et qu'il a attendu plus de deux ans avant de recevoir sa rési‐ dence permanente.
Deepak Talwar soutient l'objectif du gouvernement provincial, qui cherche à com‐ bler le manque de maind'oeuvre à travers l’immigra‐ tion. Il note qu’il a lui-même du mal à trouver des em‐ ployés pour son entreprise spécialisée dans la fabrication de meubles.
Il se dit cependant inquiet que cela puisse créer de plus gros problèmes.
Avoir plus de demandes en immigration peut avoir un effet de cascade. Le gouverne‐ ment devrait se concentrer sur la réduction des temps d'attente pour les demandes au lieu d’ajouter des couches, affirme-t-il.
Une entente sur la sé‐ lection des immigrants ?
L’avocat en immigration, Jean-Sébastien Boudreault, pense que la solution est de mutualiser les forces pour mieux harmoniser les be‐ soins.
Il y a une façon de tra‐ vailler pour que les besoins lo‐ caux soient mieux connus du gouvernement fédéral
Jean-Sébastien Boudreault, avocat en immigration
C'est déjà assez complexe un système d'immigration à deux vitesses, indique-t-il.
Vous savez, le Québec sé‐ lectionne les immigrants, mais le Québec ne délivre pas les visas, c'est le fédéral qui dé‐ livre les visas, qui fait les tests de santé, et qui s'assure que les gens ne sont pas une me‐ nace pour le Canada, précise l’avocat.
Avec les informations de Pratyush Dayal, Fréderic Har‐ ding et Wendyam Valentin Compaoré