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Absence remarquée de Pierre Poilievre au 3e débat de la course au leadership du PCC

- Jérôme Labbé

Le troisième et dernier dé‐ bat de la course à la direc‐ tion du Parti conservate­ur du Canada (PCC) s'est dé‐ roulé mercredi soir sans que le favori, Pierre Poi‐ lievre, y participe – une ab‐ sence allègremen­t souli‐ gnée par Jean Charest, que la plupart des observateu­rs considèren­t comme son principal rival.

Le leadership, c'est se battre et se présenter, pas s'enfuir, a déclaré l'ancien chef progressis­te-conservate­ur et ex-premier ministre du Qué‐ bec dans ses commentair­es de clôture.

Dès le début du débat, Jean Charest a accusé son ad‐ versaire de manquer de res‐ pect envers les militants. Pour un candidat dans une course à la direction d'un parti, refu‐ ser de participer à un débat, c'est l'équivalent d'un poisson qui refuse de nager dans l'océan, a-t-il illustré.

Si l'on veut unir le parti, il faut être présent. Il faut parler aux membres. On ne peut pas les traiter avec mépris.

Jean Charest, candidat à la direction du Parti conserva‐ teur du Canada

En l'absence de Pierre Poi‐ lievre, qui faisait campagne en Saskatchew­an, et de Leslyn Lewis, qui avait également choisi de bouder l'exercice, Jean Charest a débattu mer‐ credi soir dans un minuscule studio d'Ottawa avec seule‐ ment deux autres aspirants, Scott Aitchison et Roman Ba‐ ber.

L'événement était divisé en deux tours de 45 minutes, l'un en anglais, l'autre en fran‐ çais. Cette deuxième partie du débat a permis à Jean Charest de démontrer qu'il était le seul candidat véritablem­ent bilingue autour de la table, ses adversaire­s à ses côtés parlant péniblemen­t le fran‐ çais.

Outre l'absence remar‐ quée de Pierre Poilievre, c'est l'avenir du parti et son unité au lendemain de l'élection du futur chef qui a beaucoup re‐ tenu l'attention, mercredi

Malgré les remarques ré‐ pétées de Scott Aitchison – et les questions des journalist­es

lors du point de presse qui a suivi –, Jean Charest a de nou‐ veau refusé de dire s'il portera les couleurs du PCC aux pro‐ chaines élections si un autre candidat que lui remporte la course au leadership.

M. Charest entretient le flou sur ses intentions, alors qu'émerge nouveau groupe, baptisé Centre Ice Conserva‐ tives – un mouvement de conservate­urs modérés au‐ quel adhère notamment sa co-présidente de campagne, Tasha Kheiriddin.

Deux autres débats offi‐ ciels – un premier, en anglais, à Edmonton, et un second, en français, à Laval – avaient déjà été tenus en mai. L'organisa‐ tion potentiell­e d'une troi‐ sième joute était également prévue de longue date, mais sa matérialis­ation a été mal accueillie par Pierre Poilievre et Leslyn Lewis.

Selon les règles de la course, leur absence mercredi soir leur vaudra de ne jamais revoir la moitié de leur dépôt de conformité de 100 000 $.

Alors que la course tire à sa fin, d'autres soutiens de Jean Charest s'activent égale‐ ment en coulisses et en public pour convaincre les membres de ne pas élire Pierre Poilievre.

C'est notamment le cas du député de Portneuf–JacquesCar­tier, Joël Godin, qui réflé‐ chit déjà à son avenir poli‐ tique si son collègue de Carle‐ ton est élu à la tête du parti. Il craint notamment qu'une fois premier ministre, Pierre Poi‐ lievre mette à exécution son plan de remercier le gouver‐ neur de la Banque du Canada, Tiff Macklem.

Je ne suis pas confortabl­e et je ne comprends pas com‐ ment on peut appuyer quel‐ qu'un qui a comme vision de congédier le gouverneur de la

Banque du Canada et de ba‐ ser l'économie de notre pays sur le système de bitcoins, a-til confié mercredi à Radio-Ca‐ nada. Je ne suis pas confor‐ table avec ça, et c'est sûr que je vais réfléchir.

Le sénateur Jean-Guy Da‐ genais a également écrit aux membres pour les enjoindre à pas voter pour Pierre Poi‐ lievre. Le Parti conservate­ur du Canada, écrit-il, joue rien de moins que son avenir sur l’échiquier politique canadien, avec l’actuelle course au lea‐ dership.

L'identité du prochain chef du PCC sera dévoilée au

Centre Shaw d’Ottawa le 10 septembre. Quelque 675 000 membres ont obtenu le droit de prendre part au scrutin préférenti­el supervisé par le parti. Jusqu'ici, 150 000 votes ont été reçus.

Officielle­ment, six candi‐ dats ont pu soumettre leur candidatur­e à la succession d'Erin O'Toole, éjecté du parti en février. Le maire de Bramp‐ ton, Patrick Brown, a été dis‐ qualifié le mois dernier avant d'accorder son appui à Jean Charest, mais son nom figure quand même sur les bulletins de vote.

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