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Empêtré dans ses mensonges, le complotist­e Alex Jones change de discours à son procès

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Complotist­e américain d'extrême droite, Alex Jones a reconnu qu'il avait été irresponsa­ble de sa part de déclarer que le massacre de l'école pri‐ maire Sandy Hook était un canular.

S'exprimant au lendemain du témoignage des parents d'un garçon assassiné lors de la tuerie de 2012, l'animateur d'InfoWars a assuré devant juge et jury que l'attaque avait bel et bien eu lieu, contrairem­ent à ce qu’il avait précédemme­nt affirmé.

Alex Jones est poursuivi depuis plusieurs années par des parents de victimes de la tuerie de l'école de Sandy Hook, à Newton, dans le Connecticu­t, pour avoir affir‐ mé que le massacre n'était qu'une mise en scène pilotée par des opposants aux armes à feu.

La tuerie a fait 26 morts, soit six adultes et 20 enfants.

Pour les parents de Jesse Lewis, une des jeunes vic‐ times, les excuses du complo‐ tiste ne suffisent pas. Ils ré‐ clament au moins 150 millions de dollars de compensati­on pour diffamatio­n et détresse émotionnel­le infligée inten‐ tionnellem­ent devant un tri‐ bunal du Texas où le procès se déroule présenteme­nt.

Neil Heslin et Scarlett Le‐ wis ont témoigné des souf‐ frances, des menaces de mort et du harcèlemen­t qu'ils ont endurés depuis la diffusion des propos du complotist­e sur ses plateforme­s média‐ tiques.

Leur récit a changé le dis‐ cours de l’accusé, qui a endos‐ sé la responsabi­lité de ses mensonges au sujet du mas‐ sacre. Surtout depuis que j'ai rencontré les parents. C'est vrai à 100 %, a concédé l'accu‐ sé, figure connue de l'extrême droite et adepte de plusieurs théories du complot.

Alex Jones a assuré qu'il souhaitait depuis longtemps s'excuser auprès des plai‐ gnants.

Mensonges sous ser‐ ment

Quand son avocat lui a de‐ mandé s'il comprenait désor‐ mais qu'il était absolument ir‐ responsabl­e de faire croire que le massacre n'avait pas eu lieu et que personne n'était mort, l’accusé a répon‐ du par l'affirmativ­e en ajou‐ tant toutefois ceci : Ils [les mé‐ dias] ne me laissent pas reve‐ nir en arrière.

Alex Jones s'est également plaint d'avoir été catalogué comme quelqu'un qui court partout pour parler de Sandy Hook, qui gagne de l'argent avec Sandy Hook, qui est ob‐ sédé par Sandy Hook.

Un contre-interrogat­oire mené par l'avocat Mark Bankston a poussé l’accusé à reconnaîtr­e d’autres alléga‐ tions de conspirati­on, notam‐ ment lors des attentats à la bombe d'Oklahoma City et du marathon de Boston, de même que lors des fusillades de masse de Las Vegas et de Parkland, en Floride.

En outre, Me Bankston a démontré que les théories complotist­es d’Alex Jones vi‐ saient aussi le procès luimême, dénigré sur le site Info‐ Wars.

Grâce à une fuite d'infor‐ mations transmises par inad‐ vertance par la partie adverse, l’avocat a fait valoir qu’Alex Jones ne s'était pas conformé aux ordres du tribunal de fournir des textos et des cour‐ riels pour la collecte de preuves avant le procès, ce à quoi l’accusé a répondu : Je ne suis pas un gars expert en technologi­e.

Saviez-vous qu'il y a 12 jours, vos avocats se sont trompés et m'ont envoyé une copie numérique de l'intégra‐ lité de votre téléphone por‐ table avec tous les textos que vous avez envoyés au cours des deux dernières années?

Mark Bankston, avocat de Neil Heslin et Scarlett Lewis, dont le fils a été tué

L'avocat des parents de Jesse Lewis a également mon‐ tré au tribunal un courriel d'un responsabl­e commercial d'InfoWars qui informait Alex Jones que la société avait ga‐ gné 800 000 $ bruts en ven‐ dant ses produits en une seule journée, ce qui repré‐ senterait près de 300 millions de dollars en un an.

Le jury doit examiner si

Alex Jones et sa société de‐ vront payer des dommagesin­térêts punitifs aux plai‐ gnants.

Organisati­on d'insolva‐ bilité?

Quand le juge a renvoyé le jury hors de la salle pour déli‐ bérer, il a vivement répriman‐ dé M. Jones pour avoir assuré aux jurés qu'il s'était confor‐ mé à la collecte de preuves avant le procès alors qu'il ne l'avait pas fait et qu'il était en faillite, ce qui n'a pas été dé‐ terminé.

M. Jones a déjà essayé de protéger financière­ment Free Speech Systems, sa société de médias. Celle-ci a demandé la protection de la loi fédérale sur les faillites la semaine der‐ nière.

Les familles de Sandy Hook ont exprimé leurs craintes au sujet d'une éven‐ tuelle organisati­on d'insolva‐ bilité de l'accusé qui, selon eux, tenterait de protéger les millions de dollars générés par son entreprise par le biais d'entités fictives.

Âgé de 48 ans, le conspira‐ tionniste est poursuivi devant des tribunaux du Texas et du Connecticu­t, où il a subi plu‐ sieurs revers judiciaire­s.

En novembre 2021, une juge dans le Connecticu­t avait estimé qu'il était responsabl­e au civil et pouvait être assu‐ jetti au versement de dom‐ mages et intérêts. Dans ce dossier, un procès est prévu pour septembre.

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