Travailleurs étrangers sans emploi : une association de transformateurs blâme le marché
Les arrêts de production anormalement longs dans certaines usines de trans‐ formation des fruits de mer au Nouveau-Bruns‐ wick – qui ont poussé des travailleurs étrangers à co‐ gner à la porte d’une banque alimentaire – sont liés aux déclins du marché, selon un porte-parole de l’industrie.
Au cours des dernières se‐ maines, la banque alimentaire de Richibucto a accueilli plu‐ sieurs dizaines de travailleurs étrangers qui travaillent dans le secteur de la transforma‐ tion des fruits de mer dans la région.
Selon divers intervenants, des arrêts de productions (entre les saisons de pêche) plus longs qu’à l’habitude dans certaines usines seraient le facteur déclencheur. Des travailleurs étrangers – qui ont parfois des difficultés à obtenir des prestations d’as‐ surance-emploi – seraient sans revenus pendant envi‐ ron six semaines.
Des défis importants cette année
Le directeur général de l’Association des transforma‐ teurs de homard des Mari‐ times, Nathanaël Richard, ex‐ plique qu’il n’est pas rare de voir des usines arrêter leur production pendant quelque temps en juillet, alors que les bateaux de pêche de la région sont à quai.
C’est pas anormal qu’il y ait un arrêt. Normalement, ça peut être deux ou trois se‐ maines, quatre semaines à la limite, explique-t-il.
La décision de mettre les lignes de production sur pause est prise selon plu‐ sieurs facteurs, dont les conditions du marché et les inventaires.
Maintenant, ce qu’on ob‐ serve cette année, et c’est vraiment ce qui explique la si‐ tuation assez anormale, c’est qu’on a vu une dégradation assez extraordinaire des conditions de marché depuis quelques mois, affirme-t-il.
Nathanaël Richard fait re‐ marquer que la demande pour le crabe et le homard est en perte de vitesse aux ÉtatsUnis. Il s’agit du marché d’ex‐ portation principal pour l’in‐ dustrie des Maritimes.
Il y a certaines usines qui ont choisi de ralentir le rythme de production. Et je crois comprendre que dans certains cas, il y en a qui ont fait des arrêts de production qui sont plus longs que la nor‐ male. C’est dommage, mais en même temps, c’est un peu ça la réalité à laquelle on est confrontés cette année, dit-il.
Ce porte-parole de l’indus‐ trie pèse bien ses mots, pour ne pas être plus alarmiste que nécessaire. Mais selon lui, bon nombre de transformateurs de fruits font face à d’impor‐ tants défis cette année.
Je ne pense pas que ça ne sert à personne de se mettre la tête dans le sable. C’est as‐ sez impressionnant ce qu’on observe en ce moment, dit-il.
Des cas isolés, selon un porte-parole
Il note d’ailleurs que toutes les usines ne subissent pas les mêmes conséquences. Selon lui, seule une poignée de transformateurs ont dû ar‐ rêter leur production plus longtemps qu’à l’habitude.
Je crois vraiment que dans ce cas-ci on parle de cas isolés. [...] Il y en a qui s’arrangent mieux que d’autres. Mais en général, personne n’aurait pu prédire l'affaiblissement qu’on observe dans le moment au niveau des marchés.
Nathanaël Richard ajoute que le processus d’embauche de travailleurs étrangers tem‐ poraires est entamé à l’au‐ tomne, plusieurs mois avant la saison de transformation printanière.
Ça rend les choses un peu compliquées pour l’usine de prévoir six mois ou huit mois à l’avance, quelles seront les conditions de marché.
Ça me surprend un peu Nathanaël Richard avoue cependant qu’il est un peu étonné de voir des tra‐ vailleurs étrangers se tourner vers les banques alimentaires. Ça me surprend un peu, dit-il.
C’est que les usines ont ré‐ cemment terminé leur pé‐ riode la plus productive de l’année.
Il faut quand même dire que les travailleurs, générale‐ ment, ils vont faire cinquante, soixante, soixante-dix heures par semaine au printemps. C’est toujours comme ça, ditil.
Selon lui – avec les heures payées au taux régulier et les heures supplémentaires – les travailleurs ont l’occasion de faire des économies impor‐ tantes et rapidement pen‐ dant la saison de transforma‐ tion printanière.