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L’armée chinoise simule une attaque contre l’île principale de Taïwan, selon Taipei

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Des avions et navires de guerre chinois ont mené samedi une simulation d'attaque contre l'île prin‐ cipale de Taïwan, selon le ministère taïwanais de la Défense.

Les forces armées taïwa‐ naises ont détecté de mul‐ tiples groupes d'avions et na‐ vires communiste­s menant des activités autour du dé‐ troit de Taïwan, certains d'entre eux franchissa­nt la ligne médiane, et qui sont considérés comme menant une simulation d'attaque contre l'île principale de Taï‐ wan, a indiqué le ministère dans un communiqué.

La visite de Nancy Pelosi à Taïwan continue de faire des vagues. Vendredi, la Chine a annoncé mettre fin à la co‐ opération avec les États-Unis sur plusieurs dossiers, dont celui sur les changement­s cli‐ matiques, et continue ses ma‐ noeuvres militaires de grande envergure autour de Taïwan.

Le gouverneme­nt taïwa‐ nais affirme que 68 avions et 13 navires de guerre chinois ont franchi vendredi la ligne médiane du détroit. Il s’agit d’une frontière informelle, en mer, qui sépare les deux voi‐ sins.

La veille, des opérations militaires chinoises s’étaient déroulées tout autour de l’île, s'approchant à environ 20 km des côtes. La chaîne publique CCTV a affirmé que des mis‐ siles chinois avaient même survolé Taïwan pour la pre‐ mière fois.

Taipei n'a pas confirmé. Nous ne nous attendions pas à ce que notre voisin mal‐ veillant fasse étalage de sa puissance à notre porte, et mette arbitraire­ment en péril les voies navigables les plus fréquentée­s du monde par ses exercices militaires, a dé‐ claré à la presse le premier mi‐ nistre taïwanais, Su Tsengchang.

Sur la scène diplomatiq­ue, c'est aussi l’escalade.

Pékin a annoncé vendredi suspendre les négociatio­ns si‐ no-américaine­s sur le change‐ ment climatique et annuler un entretien entre les diri‐ geants militaires ainsi que deux réunions sur la sécurité, a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères, invo‐ quant le mépris dont a fait preuve Mme Pelosi en visitant Taïwan malgré la forte opposi‐ tion de la Chine.

Parmi les autres mesures annoncées vendredi, le minis‐ tère des Affaires étrangères a dit suspendre la coopératio­n avec Washington sur le rapa‐ triement des migrants illé‐ gaux, ainsi qu'en matière de justice, de criminalit­é transna‐ tionale et de lutte contre la drogue.

Il est impossible de ré‐ soudre les problèmes les plus pressants dans le monde sans un dialogue et une coopéra‐ tion efficaces entre les deux pays.

Antonio Guterres, secré‐ taire général de l'ONU

Le Japon a exprimé une protestati­on diplomatiq­ue formelle contre Pékin, esti‐ mant que cinq des missiles chinois étaient tombés à l'in‐ térieur de sa zone écono‐ mique exclusive.

Le Canada aussi a subi le courroux de Pékin. Notre chargé d'affaires à Beijing a été sermonné par les autori‐ tés chinoises. Ça a été le cas également pour les autres al‐ liés du G7. Leurs ambassa‐ deurs et chargés d'affaires ont également été sermonnés, a mentionné Mélanie Joly, mi‐ nistre canadienne des Affaires étrangères, en marge d'une conférence de presse.

Mme Joly s'est dite très préoccupée par la situation et par la rhétorique agressive de la Chine. Elle a appelé le gou‐ vernement chinois à ne pas instrument­aliser la visite de Mme Pelosi pour augmenter les tensions et déstabilis­er la région.

Sanctions chinoises contre Pelosi

Un peu plus tôt, le minis‐ tère chinois avait indiqué im‐ poser des sanctions à la cheffe des démocrates au Congrès et à sa famille proche, sans détailler en quoi elles consistaie­nt.

Le ministre chinois des Af‐ faires étrangères Wang Yi a déclaré dans un communiqué de presse que Mme Pelosi s’était sérieuseme­nt ingérée dans les affaires intérieure­s de la Chine, avait gravement por‐ té atteinte à la souveraine­té et à l'intégrité territoria­le de la Chine, avait gravement ba‐ foué le principe d'une seule Chine et gravement menacé la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan.

Mme Pelosi était vendredi à Tokyo, dernière étape de son séjour en Asie. Elle a répé‐ té que les États-Unis ne per‐ mettraient pas à la Chine d'isoler Taïwan, assurant que son déplacemen­t ne visait pas à changer le statu quo ici en Asie, à changer le statu quo à Taïwan.

La Chine, qui considère Taï‐ wan comme étant partie inté‐ grante de son territoire, a lan‐ cé jeudi, en réaction à la visite de l'élue américaine, les plus importants exercices mili‐ taires de son histoire autour de l'île. Ces derniers doivent durer jusqu'à dimanche, mais les États-Unis demandent qu'ils cessent avant.

Washington n'est pas en reste et a convoqué l'ambas‐ sadeur de Chine aux ÉtatsUnis, Qin Gang, jeudi à la Mai‐ son-Blanche, afin de recevoir des explicatio­ns au sujet des actions provocatri­ces de la Chine, mentionne le Washing‐ ton Post, en reprenant les propos de l’administra­tion Bi‐ den.

Dans ce contexte, l’opti‐ misme des résidents de Taï‐ wan s’effrite. Selon un son‐ dage réalisé par le groupe de réflexion Taiwanese Public Opinion Foundation, environ 78 % des 19 500 personnes in‐ terrogées se sont dites peu ou pas convaincue­s que les États-Unis porteraien­t assis‐ tance à leur île en cas d’at‐ taque de la Chine. En mars, ils n’étaient que 29 % à penser ainsi.

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