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L’organisme controvers­é Peuples unis du Canada crée une « force de sécurité privée »

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Une organisati­on contro‐ versée opérant à partir d'une église historique d'Ottawa a mis en place ce qu'elle appelle une « force de sécurité privée », affir‐ mant cela nécessaire en raison de la réponse trop tardive de la police à ses préoccupat­ions.

The United People of Ca‐ nada (TUPOC) – enregistré en français sous Les Peuples Unis du Canada - indique avoir identifié des personnes qui, selon lui, ciblent son groupe. Il se dit prêt à s'assurer que la primauté du droit soit respec‐ tée dans le cadre de notre au‐ torité légitime, selon William Komer, l'un des directeurs de son conseil d’administra­tion.

M. Komer n'a cependant pas précisé si la force de sécu‐ rité serait composée de soustraita­nts extérieurs ou de par‐ tisans du groupe.

Nous gardons ça privé, a-til déclaré mardi.

Les agences de sécurité et d'enquête de l'Ontario doivent avoir un permis va‐ lide, mais le ministère du Solli‐ citeur général, qui les super‐ vise, précise ne pas avoir en‐ tendu parler de l’initiative de TUPOC.

Le Ministère peut confir‐ mer qu'il n'a eu aucun contact avec ce groupe et n'est au courant d'aucun plan que ce groupe pourrait avoir pour mettre en place une force de sécurité privée à Ottawa, a écrit un porte-parole du Mi‐ nistère, dans un courriel à CBC.

Une associatio­n com‐ munautaire s'inquiète

Toujours est-il que cette initiative inquiète certains membres de la communauté qui se demandent pourquoi une force de sécurité privée est nécessaire.

Quand ils parlent d'une force de sécurité privée, cela soulève des questions parmi les citoyens qui se de‐ mandent : 'Est-ce une milice?', questionne Sylvia Bigras, pré‐ sidente de l'Associatio­n com‐ munautaire de la Basse-Ville. C'est très très préoccupan­t.

M. Komer assure n’avoir aucune intention de créer un service d'autodéfens­e ou une milice, mais que son orga‐ nisme souhaite juste mettre en place une force de sécurité légale.

Un commentair­e daté du 4 août sur la page Facebook de l'organisati­on indique que l’organisme prévoit créer une force de sécurité importante et qu'il a chargé le premier membre de cette force de monter la garde.

Les agences de sécurité en Ontario doivent se conformer à la Loi sur les services privés de sécurité et d'enquête. Elles doivent également avoir un permis valide et ne peuvent embaucher que du personnel agréé. Le non-respect de la loi peut entraîner des amendes allant jusqu'à 250 000 $ et un an d'emprisonne­ment, in‐ dique le site Web de la pro‐ vince.

Le Ministère n'a actuelle‐ ment reçu aucune demande pour une agence de sécurité de la part de ce groupe, a ajouté, mardi, un porte-parole du Ministère, dans un courriel à CBC.

Le TUPOC est en voie d'acheter l'église Ste-Brigid, une ancienne église et centre des arts de la Basse-Ville d’Ot‐ tawa.

Un service de police in‐ adéquat, selon le TUPOC

Selon une déclaratio­n écrite de l'organisme, la force sera composée d'agents de sécurité agréés, d'agents spé‐ ciaux ou d'agents de police ré‐ munérés, d'enquêteurs privés agréés, de parties civiles et d'une équipe de liaison com‐ munautaire.

La force de sécurité privée est déjà opérationn­elle, a ex‐ pliqué M. Komer, mardi. Elle sera financée par des contri‐ butions communauta­ires, et le groupe envisage également de le sous-traiter à d'autres organismes ou entreprise­s, at-il ajouté.

De notre point de vue, nous ne recevons pas de ser‐ vice de police adéquat, a ajou‐ té M. Komer, expliquant que la force assurera la protection de la propriété, de nos membres et des participan­ts à divers événements et à di‐ verses fonctions.

Interrogé sur les pro‐ blèmes de sécurité rencontrés jusqu'à présent par le TUPOC, le directeur de l’organisme a raconté qu'une de leurs ban‐ nières a été volée, que cer‐ tains de leurs drapeaux ont été volés et que leur propriété a été vandalisée. Mardi, le mot culte, écrit à la peinture en aérosol, pouvait être vu à l'avant de l’église Ste-Brigid. Des membres de l'organisa‐ tion auraient également reçu des menaces de mort, selon M. Komer.

Ce dernier n'a pas été en mesure de fournir le nombre exact de plaintes que le groupe a déposées auprès de la police, mais il en a qualifié le nombre de considérab­le, sa‐ chant que le TUPOC n’occupe l’église Ste-Brigid que depuis quelque temps.

Bien qu'il ait fourni des in‐ formations à la police, M. Ko‐ mer juge que les enquêteurs n'ont pas été assez rapides, de notre point de vue, en ce qui concerne le traitement de ces actes criminels.

Dans une déclaratio­n à CBC, le Service de police d'Ot‐ tawa (SPO) a précisé avoir quatre rapports en lien avec l'adresse du groupe sur la rue Saint-Patrick, bien que ceux-ci n'incluent peut-être pas les plaintes récentes déposées en ligne.

Le SPO continuera d'en‐ quêter sur les incidents signa‐ lés à cette adresse et sur les problèmes de sécurité de la communauté, a-t-il indiqué.

Des membres de la police ont rencontré le TUPOC, la fin de semaine dernière, pour discuter de ces enjeux, ainsi que de la force de sécurité créée par le groupe.

La police dit avoir compris que la force de sécurité se composerai­t d'un agent de sécurité agréé pour surveiller la propriété 24 heures sur 24. Elle indique avoir également soulevé avec le groupe la question de la légalité d’un service de sécurité privé.

La vente imminente de l’église Ste-Brigid, que le TU‐ POC appelle L'ambassade, ne plaît pas à certains membres de la communauté. L'Associa‐ tion communauta­ire de la Basse-Ville a demandé à la Ville d'intervenir et d'acheter elle-même la propriété patri‐ moniale ou de fournir le fi‐ nancement à un organisme local pour le faire.

Des membres de la com‐ munauté ont également sou‐ levé des questions sur les liens possibles entre l’orga‐ nisme et la manifestat­ion des camionneur­s de l'hiver der‐ nier.

M. Komer a catégoriqu­e‐ ment nié tout lien avec la ma‐ nifestatio­n, même si un des dirigeants du TUPOC a parta‐ gé des messages de soutien au convoi sur les réseaux so‐ ciaux, alors qu’un autre s'est décrit comme un conseiller de Dwayne Lich, le mari d'une des chefs du convoi Tamara Lich.

Des conversati­ons com‐ munautaire­s sur le convoi des camionneur­s

L’organisme a également commencé à organiser des conversati­ons communau‐ taires à propos du convoi, cette semaine. La session de mercredi est un événement à micro ouvert avec Brian Derk‐ sen, le camionneur qui n’est jamais reparti, indique la page Facebook du groupe.

Selon une publicatio­n faite lundi, ces conversati­ons com‐ munautaire­s sont parrainées par un site Web appelé Vac‐ cine Injury Awareness [Sensi‐ bilisation aux blessures cau‐ sées par les vaccins - traduc‐ tion libre].

La publicatio­n indique que si le TUPOC estime que quel‐ qu'un manque de respect du‐ rant ces sessions, il pourrait lui être demandé de partir im‐ médiatemen­t et que s'il ne le fait pas, il pourrait faire l'objet d'une arrestatio­n sans man‐ dat en vertu des pouvoirs ac‐ cordés aux Peuples unis du Canada par la Loi sur l'entrée sans autorisati­on.

M. Komer a précisé qu'au‐ cune arrestatio­n de ce type n'a été effectuée jusqu'à pré‐ sent.

La présidente de l’Associa‐ tion communauta­ire de la Basse-Ville, Mme Bigras, ne comprend pas comment peuvent se concilier le mes‐ sage d’inclusion et d’ouver‐ ture du TUPOC, la création d’une force de sécurité et la mention de possibles arresta‐ tions.

Ils font des menaces, a-telle déclaré. Quand quelqu'un vous menace, cela ne vous met pas vraiment dans les bonnes conditions pour avoir une conversati­on positive.

Avec les informatio­ns de Dan Taekema, de CBC News

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