Radio-Canada Info

La situation est critique à l’urgence de l’Hôpital de Jonquière

- Mélyssa Gagnon

L’urgence de l’Hôpital de Jonquière déborde. Depuis deux jours, l’achalandag­e est sans précédent et le taux d'occupation atteint 157 %. Environ 25 civières sont occupées, sur une pos‐ sibilité de 16. Le Syndicat des profession­nelles en soins du Saguenay-LacSaint-Jean (FIQ) qualifie la situation de dangereuse pour la population.

Des employés du centre hospitalie­r ont écrit à RadioCanad­a dans le but de signi‐ fier leurs inquiétude­s pour la sécurité des patients et pour la qualité des soins en raison du débordemen­t qui prévaut depuis le début de la semaine.

Nous sommes six infir‐ mières et un préposé pour 16 patients. Imaginez avec 24. Le soir nous sommes six éga‐ lement et la nuit, nous sommes cinq infirmière­s. Pour l'été nous avons des candidats et des externes, mais ils sont limités dans leur pratique. Cela nous aide, mais lorsque nous en avons deux, cela demande une augmenta‐ tion de notre vigilance , écrivent les employés du Centre intégré universita­ire de santé et de service sociaux (CIUSSS) du Saguenay-LacSaint-Jean.

Les infirmière­s et infir‐ miers soulèvent également l’enjeu du manque de maté‐ riel pour assurer la sur‐ veillance adéquate des pa‐ tients et évoquent un délai supplément­aire pour la dis‐ pense de soins à la suite d’une évaluation médicale.

Nous craignons l'erreur et ainsi compromett­re notre pratique. À mon départ au‐ jourd'hui (mardi), huit pa‐ tients étaient en attente d'ad‐ mission, dont deux avec plus de 48 heures. Le confort, la propreté, la sécurité et l'inté‐ grité des patients sont en jeu.

Un infirmier de l'urgence de l'Hôpital de Jonquière

Le manque de personnel exaspère les employés de l’ur‐ gence, qui sont souvent dans l’impossibil­ité de prendre une pause et qui doivent écourter leurs périodes de repas.

La direction a fermé cinq lits cet été en médecine en di‐ sant que La Baie pourrait nous aider, mais [c’est] impos‐ sible de ce côté […]. Le CIUSSS est très malade. Il doit trouver la solution pour remettre de l’avant des installati­ons ca‐ pables d'accueillir sa popula‐ tion. La direction doit trouver des moyens stables et pas seulement temporaire­s pour prévenir ce genre de situa‐ tion, peut-on lire dans la mis‐ sive de l’équipe de l’urgence de l’Hôpital de Jonquière.

Ils ajoutent que cette si‐ tuation a été vécue plusieurs fois cet été et que malgré l’as‐ surance du CIUSSS que ce type de débordemen­t ne se produirait plus, rien n’a en‐ core été réglé.

Le syndicat inquiet

En entrevue à l’émission matinale C’est jamais pareil, la présidente du Syndicat des profession­nelles en soins du Saguenay-Lac-Saint-Jean

(FIQ), Julie Boivin, a fait part de son inquiétude.

La capacité est dépassée de façon dangereuse [...]. On a eu des discussion­s avec le CIUSSS. Ils tenaient de trou‐ ver du personnel. Mais il n’y a pas de personnel et on ne peut pas en clôner, a-t-elle fait valoir.

Selon elle, la situation est provoquée par de nombreux facteurs, dont le fait que les services de première ligne sont déficients. Incapables d’obtenir un rendez-vous avec leur médecin dans un délai raisonnabl­e, les patients se tournent vers l’urgence, ce qui provoque un goulot d’étran‐ glement.

Jonquière, la pire Chicoutimi, Jonquière et Roberval demeurent des ur‐ gences extrêmemen­t achalan‐ dées et le taux d’occupation est souvent largement dépas‐ sé, pointe Julie Boivin.

L’urgence de Jonquière se‐ rait toutefois la pire, une si‐ tuation qui perdure depuis trop longtemps, selon Julie Boivin, qui a eu de nom‐ breuses rencontres avec la di‐ rection pour tenter de déni‐ cher des solutions.

Elle ajoute que la désué‐ tude de l’urgence de l’hôpital jonquiéroi­s, qui ne dispose pas de cubicules pour ac‐ cueillir les patients, pose éga‐ lement problème.

Les profession­nels en soin vont donner tout ce qu’il faut, mais ils ne sont pas à l’abri d’oublier des choses parce qu’ils sont débordés. Actuelle‐ ment, ils ont peur de perdre leur permis de pratique s’ils font des erreurs. Évidem‐ ment, les patients sont à risque, insiste la présidente.

Le CIUSSS a récemment diffusé un communiqué pour demander à la population de ne pas se présenter à l’ur‐ gence de Jonquière à moins qu’ils en aient réellement be‐ soin.

À 26 patients couchés, et on ne parle pas des gens qui sont dans la salle d’attendre, oui, c’est dangereux , tranche Julie Boivin.

Porte-parole du CIUSSS, Mélissa Bradette a indiqué que la direction commente‐ rait la situation plus tard dans la journée de mercredi.

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