Radio-Canada Info

Quitter le réseau public de la santé après 16 ans

- Charles-Antoine Boulanger

Une assistante technique en pharmacie du Centre in‐ tégré universita­ire de san‐ té et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centredu-Québec (CIUSSS MCQ) a décidé de quitter son em‐ ploi après 16 ans dans le ré‐ seau public de la santé. Pour expliquer son départ, Marie-Line Séguin évoque notamment la «grosseur du système».

Mme Séguin a choisi d'être travailleu­se autonome et de commencer un nouvel emploi chez Desjardins. Le travail lui convient mieux en raison d'une blessure, mais elle y gagne aussi sur le plan des conditions de travail, croitelle. Maintenant qu’elle ne tra‐ vaille plus pour le CIUSSS

MCQ, Mme Séguin se permet de dire ce qu’elle pense de son ancien employeur.

Quand on est obligé d'ac‐ crocher son coeur sur une pa‐ tère avant de rentrer travailler parce qu'on sait qu'on n’aura pas le temps de faire tout ce qu'on voudrait faire pour nos patients, ça devient difficile, confie-t-elle.

Selon elle, la situation dans le réseau de la santé était meilleure avant la création des CISSS et des CIUSSS par la réforme de Gaétan Barrette en 2015.

La pire chose qui est arri‐ vée à la région, c'est le CIUSSS

Marie-Line Séguin, an‐ cienne assistante technique en pharmacie

C'est impossible à gérer. Tout le monde s'est fait dépla‐ cer d'un côté comme de l'autre. Il n'y a plus d'équipes vraiment stables, déplore-telle.

Mme Séguin est une an‐ cienne syndicalis­te. Elle a été vice-présidente régionale à la Fédération de la santé et des services sociaux pendant quelques années.

Même si elle quitte le ba‐ teau, elle est d’avis qu’elle n'a pas baissé les bras pour au‐ tant. Je sais que oui, j'ai pu

faire la différence à certains points.

Vers une défusion?

La structure actuelle au CIUSSS MCQ est trop lourde, croient aussi des syndicats. C’est beaucoup trop gros [...] à gérer, est convaincu Patricia Mailhot, présidente intéri‐ maire du Syndicat des profes‐ sionnelles en soins de la Mau‐ ricie et du Centre-du-Québec.

Il y a beaucoup de démis‐ sions, des gens qui re‐ tournent aux études, qui changent carrément de mé‐ tier, ce qui est très dommage et c’est pour ça qu’on travaille très fort pour faire com‐ prendre à l’employeur qu’il faut redorer les conditions de travail, a-t-elle affirmé en en‐ trevue à l’émission Toujours le matin.

À écouter :

Marie-Line Séguin, an‐ cienne assistante technique en pharmacie, en entrevue à l'émission Toujours le matin Patricia Mailhot, présidente intérimair­e du Syndicat des profession­nelles en soins de la Mauricie et du Centre-duQuébec, en entrevue à l'émis‐ sion Toujours le matin

Le lien d'appartenan­ce, la gestion de proximité ne se fait pas, martèle, de son côté, Ma‐ rie-Josée Hamelin, présidente du Syndicat du personnel pa‐ ratechniqu­e, des services auxiliaire­s et des métiers.

La gestion n'est pas bonne face à ça, on ne se parle pas.

Aucun porte-parole du CIUSSS MCQ n'était dispo‐ nible lundi pour une entre‐ vue. L’organisati­on indique toutefois vouloir améliorer les conditions de travail de ses employés. Notamment en mi‐ sant sur la gestion de proximi‐ té.

N'empêche que chaque année, environ 10 % des em‐ ployés quittent le CIUSSS MCQ pour différents motifs.

Les changement­s qui s’opèrent actuelleme­nt sur le marché du travail ont un im‐ pact sur le réseau de la santé et des services sociaux. La ra‐ reté de la main-d’oeuvre fait en sorte que les employeurs sont de plus en plus imagina‐ tifs pour offrir des conditions ou des avantages intéres‐ sants, explique Caroline Mo‐ rin, conseillèr­e en communi‐ cation au CIUSSS MCQ, par courriel.

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