L’Ontario veut se doter d’un système de « maires forts »
Le gouvernement de l'On‐ tario a déposé un projet de loi visant à accorder des pouvoirs supplémentaires aux maires des grandes villes de la province. Avec ce système de « maires forts », le gouvernement entend accélérer la construction de nouveaux logements.
Le ministre des Affaires municipales et du Logement, Steve Clark, a présenté le pro‐ jet de loi mercredi. Celui-ci donnerait notamment aux maires d'Ottawa et de Toron‐ to un droit de veto sur les rè‐ glements municipaux qui s’opposent aux priorités de la province, comme celle de bâ‐ tir 1,5 million de nouveaux lo‐ gements dans la prochaine décennie.
Nous plaçons la barre plus haut pour les maires et nous les rendons plus redevables de leurs décisions, a expliqué le ministre Clark.
Les priorités de la province en vertu desquelles les maires des deux villes pourront ap‐ pliquer leur droit de veto res‐ tent à confirmer.
Si le projet de loi est adop‐ té, les maires auraient le pou‐ voir de nommer le directeur général et des responsables de services municipaux. La nomination des présidents et des vice-présidents des comi‐ tés municipaux reviendrait également aux maires. Pré‐ sentement, le conseil munici‐ pal est responsable de ces no‐ minations.
La nouvelle loi permettrait également aux maires de pro‐ poser le budget municipal. Cette responsabilité incombe présentement au conseil mu‐ nicipal.
[Un maire] doit avoir de bonnes équipes en place et il doit pouvoir financer [ses ini‐ tiatives], soutient le ministre
Clark. Ces deux éléments re‐ présentent les principaux bé‐ néfices d'un système de maires forts, selon lui.
Dans le système proposé, l’appui des deux tiers d’un conseil municipal serait néces‐ saire pour bloquer le droit de veto d'un maire.
La priorité du gouverne‐ ment Ford est que ce système soit efficace dans les deux plus grandes villes de la pro‐ vince, mais dit considérer l'étendre à d'autres villes.
Un système qui suscite la grogne de certains élus
Le conseiller municipal to‐ rontois Gord Perks estime que la proposition du gouver‐ nement provincial porte at‐ teinte à la démocratie. Il craint que les conseillers perdent leur voix à l'hôtel de ville. De plus en plus, la ville sera gérée à partir du bureau du maire, et non de la personne qui connaît votre quartier, dit-il.
Réagissant mercredi matin à l'annonce, le maire d'Otta‐ wa, Jim Watson, a dit ne pas voir la nécessité de détenir des pouvoirs supplémen‐ taires : Je n'ai jamais demandé plus de pouvoirs et j'exhorte le gouvernement à ne pas mettre en place cet élément du discours du Trône, a-t-il fait savoir.
Selon lui, le système actuel offre un équilibre des pou‐ voirs entre les maires et les conseils municipaux. Ce sont les maires faibles qui veulent plus de pouvoir, soutient-il.
Jim Watson, qui ne se repré‐ sentera pas aux prochaines élections municipales, se dit fier d'avoir fait adopter plus de 98 % des propositions au conseil lors de ses trois man‐ dats en collaborant avec les conseillers et sans les pou‐ voirs que veut offrir la pro‐ vince aux maires.
Pour sa part, le maire de Toronto, John Tory, voit d'un bon oeil ce système de maires forts. Il dit soutenir ces chan‐ gements, bien qu'il doive en‐ core revoir les détails du pro‐ jet de loi.
Si le projet de loi est adop‐ té, les maires de Toronto et d'Ottawa recevront leurs nou‐ veaux pouvoirs à la mi-no‐ vembre, peu après les élec‐ tions municipales onta‐ riennes.
Doug Ford n’avait pas mentionné le désir d’intro‐ duire un système de maires forts durant la dernière cam‐ pagne électorale.