Salman Rushdie a recommencé à parler au lendemain d’une violente agression
Au lendemain de la vio‐ lente attaque au couteau dont il a été victime, l'écri‐ vain Salman Rushdie a pu être débranché de son ap‐ pareil d'assistance respira‐ toire samedi, et il aurait pu recommencer à parler.
L'auteur des Versets sata‐ niques est demeuré hospitali‐ sé pour soigner des blessures graves, mais selon un mes‐ sage publié sur Twitter par l'auteur Aatish Taseer, il aurait pu parler et même faire des blagues. Une information confirmée par l'agent de l'écri‐ vain, Andrew Wylie.
L'individu responsable de l'attaque de vendredi, Hadi Matar, est officiellement accu‐ sé de tentative de meurtre et de voies de fait, a confirmé sa‐ medi le procureur de Chau‐ tauqua, Jason Schmidt, par voie de communiqué.
Il a plaidé non coupable aux accusations qui pèsent contre lui.
Les services de police s'ef‐ forcent de réunir des élé‐ ments sur la préparation de l'attaque, afin de déterminer si d'autres chefs d'inculpation devaient être retenus, a ajou‐ té Jason Schmidt.
L'homme de 24 ans a été arrêté vendredi et est détenu, sans possibilité de libération sous caution.
Hadi Matar, de Fairview au New Jersey, est né aux ÉtatsUnis de parents libanais. La police s'interroge toujours sur ses motifs.
Hadi Matar est né 10 ans après la publication des Ver‐ sets sataniques, le livre de Salman Rushdie qui lui a valu une fatwa demandant son as‐ sassinat en 1989, commandée par l'ayatollah iranien Rouhol‐ lah Khomeiny.
Les enquêteurs cherchent aussi à déterminer si l'as‐ saillant a agi seul. Son avocat, Nathaniel Barone, dit être en train de rassembler des ren‐ seignements et a refusé de commenter. L'accès au domi‐ cile de Matar est bloqué par la police.
Salman Rushdie a été poi‐ gnardé au cou et à l'abdomen vendredi sur scène juste avant de prendre la parole au centre culturel à Chautauqua, dans le nord-ouest de l'État de New York. Il a été transpor‐ té à l'hôpital en hélicoptère, où il a été placé sous respira‐ teur.
Les nouvelles ne sont pas bonnes, a déclaré vendredi soir au New York Times l'agent de l'écrivain bri‐ tannique de 75 ans, An‐ drew Wylie : Salman va proba‐ blement perdre un oeil, les nerfs de son bras ont été sec‐ tionnés et il a été poignardé au niveau du foie.
Les réactions d'indignation ont fusé de toutes parts ven‐ dredi. Des politiciens améri‐ cains – les faits s'étant produit aux États-Unis – et britan‐ niques ainsi que de nom‐ breux auteurs se sont dit cho‐ qués de cette attaque et se sont portés à la défense de la liberté d'expression et de pen‐ sée.
Samedi,
le premier mi‐ nistre canadien Justin Tru‐ deau a, à son tour, partagé une publication sur Twitter.
En Iran, samedi, le princi‐ pal quotidien ultraconserva‐ teur Kayhan a félicité l'agres‐ seur : Bravo à cet homme courageux et conscient de son devoir qui a attaqué l'apostat et le vicieux Salman Rushdie. Baisons la main de celui qui a déchiré le cou de l'ennemi de Dieu avec un cou‐ teau.
Au marché aux livres de Téhéran, tout le monde est au courant de l'attaque, mais seuls ceux qui la soutiennent s'expriment: J'étais très heu‐ reux d'apprendre la nouvelle. Quel que soit l'auteur [de l'at‐ taque], je lui baise la main. [...]
Que Dieu maudisse Salman Rushdie, assure Mehrab Big‐ deli, qui se présente comme un religieux chiite.