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Capteurs de CO2 en classe : « on est équipés, tout est en place », assure le ministre

- Maud Cucchi

« La rentrée qui s’en vient est la plus belle en temps de COVID, c’est-à-dire que cette fois-ci, les travaux ont été faits et les ou‐ tils de mesure de résultats sont installés et fonctionne­ls », se félicite le ministre de l'Édu‐ cation, François Roberge, à deux semaines du retour en classe des élèves québécois et du déclenchem­ent probable des élections provincial­es.

« La rentrée qui s’en vient est la plus belle en temps de COVID, c’est-à-dire que cette fois-ci, les travaux ont été faits et les outils de mesure de résultats sont installés et fonctionne­ls », se félicite le ministre de l'Éducation, François Ro‐ berge, à deux semaines du retour en classe des élèves québécois et du déclenche‐ ment probable des élec‐ tions provincial­es.

Après des retards de livrai‐ son et des irrégulari­tés dans les premiers relevés des ni‐ veaux de dioxyde de carbone, Québec indique que les 90 000 détecteurs promis ont été installés non seulement dans toutes les classes du Québec mais aussi sur les murs des cafétérias, des gym‐ nases, des salles communes et des couloirs des établisse‐ ments scolaires.

Ces lecteurs enregistre­nt le taux de CO2 expiré dans une pièce, la températur­e et le taux d'humidité. Puisque le coronaviru­s se transmet par de fines gouttelett­es diffusées dans l'air, ces outils de me‐ sure du CO2 renseigner­ont le personnel scolaire sur la né‐ cessité d'aérer les espaces in‐ térieurs pendant la journée afin d'éviter les contamina‐ tions virales.

S’il y a des problèmes [d’aération], on le saura en temps réel dans les écoles, et les centres de services sco‐ laires seront capables d’agir, a expliqué le ministre de l’Édu‐ cation à deux semaines de la rentrée des classes.

Les données des capteurs sont numérisées toutes les cinq minutes et transmises à un bureau qui centralise les résultats pour établir un suivi sur l'état de l'aération dans les écoles. C’est enregistré dans le programme, une moyenne est faite entre 8 h et 16 h pour les moyennes journalièr­es, ajoute Annie Bourgeois, direc‐ trice adjointe du Service des ressources matérielle­s de la Commission scolaire de Montréal.

La cible provincial­e a été établie à 1000 ppm [nombre de parties par million]. Ce sont des indicateur­s d’une ex‐ cellente aération, soutient le ministre Roberge, dont la dé‐ cision repose sur les recom‐ mandations des experts de l’INSPQ, d’ingénieurs en bâti‐ ment et d’Ali Bahloul [spécia‐ liste en ventilatio­n industriel­le et en qualité de l'air intérieur]. Mot d'ordre : aérer

Le ministère de l’Éducation explique qu'il privilégie la ven‐ tilation naturelle, soit l’ouver‐ ture des fenêtres, même en hiver. L’objectif, ce n’est pas de faire passer l’air à travers un filtre [mais] de changer l’air, de ventiler, d'aérer, donc de faire sortir l’air vicié et de faire entrer de l’air propre de l’exté‐ rieur. C’est quand on fait ça qu’on atteint la cible gouver‐ nementale de 1000 ppm et moins, a fait valoir le ministre Roberge en entrevue avec Ra‐ dio-Canada.

En juin, cette norme était atteinte dans plus de 95 % des locaux mesurés, a assuré le ministre.

Des parents inquiets d'une rentrée « sans me‐ sure »

Les données citées en exemple sont toutefois per‐ çues comme une moyenne mobile par des parents d'élèves. Certains reprochent au gouverneme­nt caquiste de faire de belles statistiqu­es et de présenter un bilan positif en campagne électorale.

Dans la vraie vie, nos en‐ fants, ça ne les aide pas à mieux respirer une belle quali‐ té de l'air, dénonce Olivier Drouin.

Ce père de famille dénonce notamment l'absence de ven‐ tilation mécanique dans les écoles et s'inquiète aussi d'une rentrée hasardeuse sans aucune mesure [sani‐ taire] dans les écoles, sans masques, ni distance, ni co‐ hortes réduites, énumère-t-il.

Le ministère de l'Éducation assure toutefois qu'en ce qui concerne les espaces inté‐ rieurs qui ne respectaie­nt pas la norme en matière de CO2, des travaux ont été faits, no‐ tamment l'installati­on d'ex‐ tracteurs d’air ou de vasistas qui donnent sur les couloirs quand l’ouverture des fe‐ nêtres n’était pas possible.

Un demi-milliard de dol‐ lars investis

Les travaux effectués pour améliorer l’aération dans les écoles ont coûté environ un demi-milliard de dollars, a fait valoir M. Roberge : en février, 300 millions de dollars ont été dépensés à cet effet, et cet été, 225 millions de dollars ont été attribués pour des mi‐ lieux ciblés, a précisé le mi‐ nistre.

Questionné sur la complé‐ tude des travaux en prévision du jour de la rentrée, le mi‐ nistre a répondu que les tra‐ vaux d’urgence ont été faits.

Il y a beaucoup de travaux qui ont été faits, est-ce qu’il y a d’autres travaux qui seront complétés cet automne? C’est possible, on ne s’arrêtera pas d’améliorer le réseau scolaire.

Jean-François Roberge, mi‐ nistre de l'Éducation du Qué‐ bec

Seulement six écoles montréalai­ses ont bénéficié de travaux afin d’ajouter de la ventilatio­n mécanique, in‐ dique Annie Bourgeois, direc‐ trice adjointe du Service des ressources matérielle­s du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM). Pour toutes les autres, on a dé‐ montré que la ventilatio­n na‐ turelle fonctionna­it bien, ré‐ sume cette responsabl­e de l’exploitati­on des bâtiments scolaires, qui gère un parc im‐ mobilier dont l’âge moyen s’élève à 71 ans.

Selon Mme Bourgeois, les enseignant­s ne devraient pas seulement ouvrir les fenêtres quand les enfants quittent la classe pendant les récréa‐ tions, par exemple. Les salles sont froides quand les élèves reviennent, or [...] ce qu’on ex‐ plique aux enseignant­s, c’est d’ouvrir un peu les fenêtres une fois que les élèves sont dans la classe et le plus de fe‐ nêtres possible [pour obtenir] une aération plus efficace.

Si, une journée, on est ren‐ dus à 2000 ppm, il ne faut pas s’inquiéter, mais ce qu’il faut voir, c’est améliorer la situa‐ tion.

Annie Bourgeois, directrice adjointe du Service des res‐ sources matérielle­s du Centre de services scolaire de Mont‐ réal

Niveau de tolérance

« très élevé »

Le niveau de tolérance du dioxyde de carbone retenu par Québec pour ses écoles surprend Stéphane Bilodeau, chargé de cours au Départe‐ ment de bio-ingénierie de l’Université McGill.

Quand on est à 1500 ppm, on est à un niveau très très élevé, ça veut dire que de 2 à 3 % de l'air respiré par chaque personne du local vient des autres personnes autour d'elle, indique cet expert indé‐ pendant de l'UNOPS et membre du Collectif COVIDStop.

Quand on accepte 1500 ppm, c'est qu'on est très tolérant au risque d'infection. Si on est dans ce que beau‐ coup d'experts parlent comme une limite conve‐ nable, on est plus dans l'ordre de 800 parties par million. Cer‐ tains mentionnen­t même 700.

Stéphane Bilodeau, chargé de cours au Départemen­t de bio-ingénierie de l’Université McGill

Comme tous les parents, je me croise les doigts pour que nos enfants entrent dans

une école où il va y avoir non seulement des détecteurs mais aussi des solutions [...], comme des purificate­urs, des échangeurs d'air ou des amé‐ liorations sur les systèmes mécaniques, conclut Olivier Drouin.

Avec les informatio­ns de Gabrielle Proulx et d'Anaïs Brasier

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