Les joueurs de hockey seraient moins enclins à aller chercher de l’aide psychologique
La « culture » du hockey et la crainte de représailles empêcheraient les joueurs de hockey professionnels d’aller chercher de l’aide en cas de détresse psycho‐ logique, avance une étude de l’Université de la Colom‐ bie-Britannique (UBC).
L’étude a été réalisée à par‐ tir d'entrevues avec 19 joueurs et anciens joueurs de la Ligue nationale de ho‐ ckey (LNH) au Canada et aux États-Unis.
Plusieurs athlètes ont, par exemple, rapporté avoir de la difficulté à faire confiance au personnel d’aide au sein de l’organisation, comme les mé‐ decins sportifs ou les psycho‐ logues, par crainte que les gé‐ rants ne soient mis au cou‐ rant et que cela affecte leur carrière et leurs chances sur la glace.
Cela est d’autant plus vrai chez les plus jeunes recrues et les joueurs étoiles de la ligue, affirment le professeur à l’école de kinésiologie de UBC, Mark Beauchamp, et l’étu‐ diante à la maîtrise en kinésio‐ logie, Katie Crawford, coau‐ teurs de l'étude.
Nous avons aussi observé que, si un membre d’une équipe rapportait une mau‐ vaise expérience à la suite d’une consultation avec un professionnel, la nouvelle se répandait comme une traînée de poudre et diminuait drasti‐ quement les demandes d’aide des autres membres de l’équipe, explique Katie Craw‐ ford.
De nombreux joueurs ont ainsi affirmé qu’ils se senti‐ raient plus à l’aise d’aller cher‐ cher de l'aide psychologique auprès de professionnels ne
faisant pas partie de la LNH.
Mark Beauchamp souhaite que ce premier échantillon de 19 joueurs permette une conversation plus large sur la place de la santé mentale dans le hockey.
J’espère que cela permettra de mobiliser de l’aide pour ces athlètes, mais que ça va aussi permettre de normaliser la conversation [autour de la santé mentale] pour le reste d’entre nous, puisque c’est correct d’avoir besoin d’aide, dit-il.
Le
professeur
indique d’ailleurs que lorsque des joueurs importants comme Carey Price, le gardien de but des Canadiens de Montréal, annoncent publiquement de‐ voir prendre une pause et chercher de l’aide pour leur santé mentale, cela s’avère bénéfique pour l’ensemble des joueurs en réduisant la stigmatisation.
Les joueurs interrogés pour l’étude ont partagé des commentaires similaires. Ils disent que de voir d’autres joueurs parler des défis aux‐ quels ils font face les aide à déstigmatiser les problèmes liés à la santé mentale et les encourage à aller chercher de l’aide, explique Mark Beau‐ champ.
Les chercheurs assurent toutefois avoir observé un changement dans certains clubs où la conversation au‐ tour de la santé mentale était plus normalisée, mais in‐ diquent que des change‐ ments plus profonds doivent être faits pour inciter les joueurs à aller chercher de l’aide en cas de besoin.