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Après une vente « pressée », Winnipeg fait traîner les négociatio­ns pour le 219 Provencher

- Gavin Boutroy

La vente de l’ancien hôtel de ville et de la caserne de pompiers de Saint-Boniface à l’organisme Manitoba Possible n’a toujours pas été conclue. La Société de la francophon­ie manito‐ baine dénonce un appel d’offres « pressé », suivi de lentes négociatio­ns de la part de la Ville de Winni‐ peg.

Lorsque Manitoba Pos‐ sible a obtenu, en fé‐ vrier 2021, les droits exclusifs de négociatio­n avec l’adminis‐ tration municipale pour l’achat des deux bâtiments et d'un bout de stationnem­ent derrière l'ancien hôtel de ville, il était entendu que le proces‐ sus prendrait vraisembla­ble‐ ment au moins six mois.

Un an et demi plus tard, le dossier a peu progressé.

Les choses vont bien, mais lentement, affirme le direc‐ teur général de Manitoba Possible, Dana Erickson. L'or‐ ganisme offre des services aux personnes qui vivent avec un handicap.

La Ville et l’organisme se sont entendus sur les condi‐ tions commercial­es de la vente, mais les deux parties cherchent encore des formu‐ lations légales adéquates pour certains éléments de l’entente, poursuit M. Erick‐ son. Rien d’époustoufl­ant, ça prend juste du temps, ajoutet-il.

Certains aspects de la tran‐ saction, dont le caractère pa‐ trimonial des bâtiments et le fait qu’elle concerne trois ter‐ rains distincts viennent com‐ pliquer l’affaire.

Nous comprenons que le Service juridique de la Ville souffre d’un arriéré avec bien d’autres choses, alors ça a été un défi qu’ils soient aussi ré‐ actifs que nous le voudrions, note M. Erickson.

Il n’a aucun doute quant à l’éventuelle réalisatio­n de la vente. Le prix proposé par Manitoba Possible pour l’achat des bâtiments, ainsi que d’un bout de stationne‐ ment situé derrière l’ancien hôtel de ville, est de 10 000 $.

L'organisme veut créer ce qu'il appelle en anglais un Abi‐ lities Village (village des possi‐ bilités) avec des emplois liés à la fine pointe de la technolo‐ gie, des formations, des entre‐ prises sociales et des loge‐ ments destinés aux per‐ sonnes vivant avec un handi‐ cap.

Un retard incompréhe­n‐ sible, selon la SFM

Quant au 219 boulevard Provencher, bâtiment phare du quartier français de Winni‐ peg et source de la discorde entourant cet appel d’offres, Manitoba Possible souhaite le céder à la Société de la franco‐ phonie manitobain­e (SFM) lors d’une transactio­n subsé‐ quente et distincte.

Le directeur général ad‐ joint de la SFM, Jean-Michel Beaudry, souligne que la rela‐ tion entre la SFM et Manitoba Possible est excellente, mais que les retards sont inquié‐ tants.

On ne peut pas vraiment de notre côté comprendre le retard qui semble avoir été occasionné au niveau de la ville, déclare-t-il. On sait que le coût d’un projet, plus c’est re‐ tardé, plus ça augmente, ça aussi, c’est inquiétant de notre côté.

Ce qui est encore difficile pour nous de comprendre, c’est l’empresseme­nt de la Ville de Winnipeg à conclure l’appel d’offre et maintenant que c’est conclu, il ne semble pas y avoir d’empresseme­nt pour que le projet aille de l’avant.

Jean-Michel Beaudry, direc‐ teur général adjoint, Société de la francophon­ie manito‐ baine

La SFM avait demandé une prolongati­on de l’appel d’offres afin que des consulta‐ tions puissent avoir lieu, une demande à laquelle s’était op‐ posée le comité sur la proprié‐ té et le développem­ent de Winnipeg.

Jean-Michel Beaudry note que la SFM reproche toujours à la Ville un processus d’appel d’offres qui n’a pas pris en considérat­ion ses obligation­s envers la minorité franco‐ phone.

Des demandes d’accès à l’informatio­n n’ont pas fait la lumière là-dessus, poursuit-il, car les documents obtenus étaient caviardés au point de ne fournir aucune informa‐ tion pertinente. La SFM a d’ailleurs déposé une plainte pour cette raison auprès de l’ombudsman du Manitoba. Elle ne sait pas à quel mo‐ ment une décision sera ren‐ due.

Dans un courriel, un porteparol­e de la Ville de Winnipeg indique que les négociatio­ns continuent avec Manitoba Possible et nous anticipons de conclure la vente dans un proche avenir.

Le porte-parole a refusé de répondre à des questions portant sur les retards accu‐ sés par le Service juridique de la Ville.

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