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Entreprise­s polluantes : Charette promet des consultati­ons publiques systématiq­ues

- Hugo Prévost

Le ministre de l'Environne‐ ment du Québec, Benoit Charette, s'engage à tenir des consultati­ons pu‐ bliques systématiq­ues lorsque des attestatio­ns d'assainisse­ment – des per‐ mis offerts à des entre‐ prises leur permettant de dépasser les normes qué‐ bécoises en matière de pol‐ lution – arriveront à échéance.

Cette déclaratio­n du mi‐ nistre survient au moment où les émanations de la Fonderie Horne, à Rouyn-Noranda, ont occupé l'actualité et à la suite de la publicatio­n, après une demande en ce sens au minis‐ tère, de la liste des 89 entre‐ prises disposant de ce « droit de polluer ».

Lors d'une mêlée de presse dans les corridors de l'Assemblée nationale, à Qué‐ bec, M. Charette a par ailleurs fait savoir que son gouverne‐ ment dévoilerai­t, au cours des prochains jours, la liste en‐ tière de ces 89 cas d'espèce, avec toutes les informatio­ns liées, c'est-à-dire quelles sont les autorisati­ons, mais égale‐ ment le degré de contamina‐ tion excédentai­re et les me‐ sures correctric­es qui sont at‐ tendues.

Le ministre a également reconnu qu'il faudra faire preuve de patience avant que toutes les entreprise­s instal‐ lées au Québec respectent les normes en matière de pollu‐ tion. Ça ne se fera pas au même rythme, a-t-il déclaré. Nous ne sommes pas dans des situations semblables. C'est très, très varié. [Il y a] des écarts très variables avec la norme.

Dans chacun des cas, on va s'assurer de se rapprocher toujours plus [de la norme].

Benoit Charette, ministre de l'Environnem­ent du Qué‐ bec

Le ministre a aussi souli‐ gné qu'aucune autre entre‐ prise dont le nom se retrouve parmi les 89 compagnies dis‐ posant d'une attestatio­n ne dépasse les normes de façon équivalent­e à la Fonderie Horne, dont le niveau d'émis‐ sion d'arsenic dans l'air, no‐ tamment, correspond à 33 fois la limite permise.

Benoit Charette a accusé les libéraux d'avoir fait dispa‐ raître en 2017 l'obligation de tenir des consultati­ons pu‐ bliques en vue du renouvelle‐ ment d'une attestatio­n d'as‐ sainisseme­nt. Dans les faits, l'article 31.20 de la Loi sur la qualité de l’environnem­ent prévoit une consultati­on pu‐ blique pour l'attestatio­n ini‐ tiale et son premier renouvel‐ lement.

L'article 31.22 permet quant à lui, dans les cas pré‐ vus par règlement du gouver‐ nement, de tenir une consul‐ tation pour toute demande de renouvelle­ment subsé‐ quente. C'est cette dernière dispositio­n, exceptionn­elle se‐ lon la loi, que le ministre pro‐ met de systématis­er.

Le ministre Charette a re‐ connu que depuis l'arrivée au pouvoir de la Coalition avenir Québec, en 2018, des entre‐ prises avaient fait renouveler leur attestatio­n sans de telles consultati­ons, mais il a pris soin de préciser que des conditions supplément­aires leur avaient été imposées, sans donner plus de détails.

Donner le temps aux entreprise­s De son côté, le ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon, juge qu'il faut donner le temps aux entreprise­s de s'adapter aux normes en vi‐ gueur, d'autant plus que les normes changent, a-t-il décla‐ ré.

Je pense qu'en règle géné‐ rale, les sociétés veulent res‐ pecter les règles, mais ça prend du temps pour le faire, ça prend des investisse­ments.

Pierre Fitzgibbon, ministre de l'Économie du Québec

Pour M. Fitzgibbon, on ne peut comparer le cas de la Fonderie Horne à ceux de toutes les entreprise­s ayant une attestatio­n d'assainisse‐ ment. Personne ne va mourir. Il faut faire attention, il ne faut pas généralise­r. Horne, c'est un enjeu, il n'y a aucun doute, mais je n'appliquera­is pas Horne aux 89 [entreprise­s sur la liste], a-t-il tranché.

Dans le cas spécifique de la Fonderie Horne, le ministre Fitzgibbon estime qu'il est pri‐ mordial que la santé publique soit au coeur des préoccupa‐ tions.

Et si le gouverneme­nt Le‐ gault n'écarte pas de fermer les installati­ons de la multina‐ tionale Glencore dans cette ville de l'Abitibi-Témisca‐ mingue si la compagnie est in‐ capable de se conformer aux règles en matière de pollu‐ tion, Pierre Fitzgibbon évoque aussi un impact si jamais cette fermeture est bel et bien dé‐ crétée.

On parle de 600 emplois, il y a aussi les emplois indirects, les impacts en matière de san‐ té mentale... On se fait de‐ mander si on évalue les effets sur la santé publique, eh bien, ça va dans les deux sens, a-t-il dit.

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