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Repousser la rentrée au Cégep ne réglerait pas le manque d’employés

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Louis-Philippe Arsenault, Raphaël Beaumont-Drouin

Déjà durement touchés par la pénurie de maind'oeuvre, des employeurs souhaitent relancer le dé‐ bat sur la date de la ren‐ trée des classes. Mais la dé‐ caler de quelques se‐ maines ne réglerait pas le problème des employeurs selon des acteurs du mi‐ lieu.

Le directeur général de Tourisme Chaudière-Appa‐ laches, Richard Moreau, pense que les semaines d’école avant la fête du Travail devraient être placées en jan‐ vier, raccourcis­sant ainsi le congé entre les sessions d’au‐ tomne et d’hiver.

Toute cette force tra‐ vaillante là qui retourne au cé‐ gep, ça fait des gens de moins dans les entreprise­s, alors que la saison se poursuit. C’est certain que ça fait de la pres‐ sion et des pertes financière­s, souligne M. Moreau.

Richard Bernier, proprié‐ taire du Service de sauve‐ teurs, a dû délaisser plusieurs des quelque 200 piscines des‐ servies par son agence de lo‐ cation de sauveteurs. Le manque de main-d'oeuvre a entre autres causé la ferme‐ ture de piscines dans les condos de la région qui de‐ mandent la présence de sau‐ veteurs.

Sans être un expert de l'éducation, M. Bernier sou‐ lève que, selon lui, l’enseigne‐ ment est plus propice en jan‐ vier qu’à la mi-août. Il ajoute que les jeunes peuvent da‐ vantage tirer profit de la fin de l'été que du mois de jan‐ vier, pour amasser des sous.

Le directeur de tourisme Chaudière-Appalaches sou‐ haite que le Comité de révi‐ sion du calendrier scolaire qui a déjà existé revoie le jour pour faire pression sur Qué‐ bec.

Difficile à mettre en place

La Fédération des cégeps réplique que le règlement sur le régime des études collé‐ giales empêche la modifica‐ tion du calendrier. La Loi sur les collèges d’enseigneme­nt général et profession­nel oblige les établissem­ents col‐ légiaux à offrir au moins deux sessions de 82 jours minimum entre le 1er juillet et le 30 juin.

Notre contrainte ultime, c'est Noël.

Bernard Tremblay, PDG de la Fédération des cégeps

Placer 82 jours à l'intérieur d'une période qui se termine à Noël devient très difficile si on débute pas la session à la fin du mois d'août, ajoute-t-il.

Il serait donc difficile de modifier le calendrier actuel sans créer d'autres pro‐ blèmes, selon lui.

Repousser la fin de la ses‐ sion d'automne plus tard (en janvier par exemple) ferait en sorte que la session d'hiver se terminerai­t également plus tard. Les employeurs se re‐ trouveraie­nt donc avec un nouveau problème : celui d'employés qui deviennent disponible­s plus tard dans l'été, selon Bernard Tremblay.

De plus, repousser les exa‐ mens en janvier voudrait dire que des étudiants devraient prolonger leur bail et étudier durant le temps des fêtes.

Bernard Tremblay dit com‐ prendre les doléances des employeurs, mais croit qu'il faut prioriser la réussite sco‐ laire.

En tant que société, on a intérêt à donner les condi‐ tions favorables à nos étu‐ diants pour qu'ils se concentren­t sur leurs études, indique-t-il.

Pas une solution Repousser la rentrée au Cégep de quelques semaines ne réglerait pas les problèmes des employeurs selon DianeGabri­elle Tremblay, profes‐ seure à l'École des sciences de l'administra­tion à l'université TÉLUQ.

En hôtellerie et en restau‐ ration, l'achalandag­e se main‐ tient souvent jusqu'à la mi-oc‐ tobre, dit-elle.

Dans le Bas du fleuve et Charlevoix par exemple, il y a beaucoup d'hôtels qui ferment, mais plutôt après l'Action de grâces, précise-telle.

Elle concède toutefois que les propriétai­res de piscines pourraient peut-être bénéfi‐ cier d'un tel changement.

La pénurie de maind'oeuvre va continuer quelques années parce que la tendance démographi­que au Québec n'est pas à une explo‐ sion démographi­que, c'est plutôt l'inverse, affirme-t-elle.

Dans ce contexte, DianeGabri­elle Tremblay croit que les employeurs doivent faire preuve de souplesse, en pro‐ posant des conditions, des horaires et des durées de tra‐ vail plus alléchante­s.

Miser sur des initiative­s plus globales

Si toutes les initiative­s en vue de préserver de la maind'oeuvre sont souhaitabl­es, pour Alupa Clarke, directeur général de l'Associatio­n hôte‐ lière de la région de Québec, le problème est trop large pour s'attaquer au calendrier.

La priorité doit être mise sur des initiative­s plus glo‐ bales comme investir dans le recrutemen­t internatio­nal ci‐ blé et coordonné, miser sur le retour des aînés sur le marché du travail, valoriser davantage le secteur de l'hôtellerie au‐ près des jeunes, souligne-t-il.

Selon M. Clarke, il faut in‐ vestir massivemen­t pour dif‐ fuser des campagnes publici‐ taires de recrutemen­t et pré‐ parer les campagnes dès maintenant en vue de l'été 2023.

Avec les informatio­ns de Flavie Sauvageau

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