Élections municipales : moins de femmes candidates dans les CUPR
Emmanuelle Poisson, Camille Boutin
Le nombre de femmes qui se portent candidates aux élections municipales on‐ tariennes dans les munici‐ palités des Comtés unis de Prescott et Russell (CUPR) est plus bas que les années précédentes.
Les plus récentes données démontrent que 20 candidats sur un total de 57, soit 26 % d'entre eux, aux élections mu‐ nicipales dans les Comtés unis de Prescott et Russell se dési‐ gnent en tant que femmes.
Ces chiffres avaient pour‐ tant augmenté depuis les élections municipales de 2010 en Ontario.
La présidente de l’orga‐ nisme Leadership féminin Prescott-Russell, Marie-Noëlle Lanthier, qui est aussi candi‐ date à la mairie dans La Na‐ tion, se dit un peu déçue que le nombre de femmes qui se portent candidates diminue. Elle précise toutefois qu’il en va de même pour les hommes.
N’empêche, elle souhaite voir davantage de femmes en politique, non pas pour enle‐ ver leur place [aux hommes] mais simplement pour dire qu’il faut avoir davantage d’équilibre afin de franchir un pas de plus vers une meilleure représentativité de la popula‐ tion.
Réalité différente
Alors pourquoi, malgré les formations, les ateliers et les campagnes de sensibilisation, le nombre de femmes qui se portent candidates en poli‐ tique a-t-il diminué dans les municipalités des CUPR?
Selon les hypothèses avancées par Marie-Noëlle Lanthier, la pandémie aurait pu avoir des répercussions sur les femmes, qui vou‐ draient maintenant porter leur attention sur d’autres préoccupations plutôt que de faire le saut en politique. C’est certainement une chose sur laquelle on va se pencher, ditelle.
Mais je pense aussi qu'il ne faut pas non plus négliger toute la question de l'infla‐ tion, qui a également un im‐ pact, poursuit Mme Lanthier. Elle ajoute que le salaire d’élue d’une petite municipalité pourrait ne pas permettre de laisser tomber un emploi à temps plein et que les respon‐ sabilités familiales incombent encore largement aux femmes.
Au-delà de se questionner sur le temps – ''Est-ce que j'ai le temps de m'investir là-de‐ dans?'' –, il y a ça aussi : la question de la compétence. Les hommes, beaucoup moins. [...] Les femmes vont se questionner beaucoup plus et c'est une conversation qui est plus large avec la fa‐ mille, avec les amis et tout ça.
Marie-Noëlle Lanthier, pré‐ sidente de Leadership féminin Prescott-Russell et candidate à la mairie de La Nation
C’est sans compter les as‐ pects sombres des réseaux sociaux, où les conversations pas mal toxiques et les com‐ mentaires à l’endroit des poli‐ ticiens peuvent en dissuader plus d’un ou d'une.
On veut être là pour servir [...], mais parfois, le prix à payer peut être trop élevé pour plusieurs, explique Ma‐ rie-Noëlle Lanthier.
Heureusement, une des bonnes nouvelles dans toute ma déception, une des petites choses qui m'ont allumée, c'est que, dans Prescott-Rus‐ sell, dans quatre des munici‐ palités, il y a des femmes qui se présentent à la mairie, pour un total de cinq candi‐ dates à ce poste. C'est une première dans Prescott-Rus‐ sell, ajoute-t-elle, sourire aux lèvres.
À
Ottawa,
sept
des 23 conseillers municipaux ac‐ tuels se désignent en tant que femmes et une personne se désigne comme non binaire.
Yvette Ashiri se présente pour la deuxième fois dans le quartier Orléans-Sud-Navan. Les candidatures de femmes sont toujours vues avec un oeil assez critique et ne sont pas prises au sérieux, sou‐ tient-elle. C’est pour ça qu’on doit continuer de se présen‐ ter.
Moi, j’ai deux filles, et je pense que c’est un bel exemple pour elles.
Yvette Ashiri, candidate dans le quartier Orléans-SudNavan
Mme Ashiri mentionne qu'il pourrait y avoir plus de soutien pour les femmes fran‐ cophones qui souhaitent se lancer en politique.
Candidate dans le quartier Rideau-Vanier, Stéphanie Plante dit avoir été inspirée par les mairesses de Gatineau, de Montréal, de Regina et de Paris. Elles ont des idées qui m’interpellent, lance-t-elle en entrevue.
Le municipal, c’est un gou‐ vernement de proximité, ajoute-t-elle. Peut-être que c’est plus attrayant pour les femmes parce qu'elles n’ont pas à faire de long voyage à Toronto ou à Vancouver chaque semaine.
De l’autre côté de la rivière des Outaouais, à Gatineau, les citoyens ont élu neuf femmes sur les 20 membres du conseil municipal, y compris la mai‐ resse et défunte conseillère Louise Boudrias, en no‐ vembre 2021.
À écouter :
Les malins | Les difficultés d'être une femme en politique
Gains importants
Même si des efforts ont été faits pour recruter des femmes et pour tenter d’at‐ teindre la parité dans les conseils municipaux, l’an‐ cienne conseillère municipale à la Ville de Gatineau Myriam Nadeau croit qu'il peut en‐ core exister un déséquilibre à l'égard des femmes dans le rôle et dans la charge mentale qu'elles ont au sein du foyer. Elle croit tout de même qu'on a fait des gains importants.
Professeure titulaire en études politiques à l’Universi‐ té d’Ottawa et spécialiste en politique municipale, Anne Mévellec en convient : Le re‐ crutement des femmes en po‐ litique reste un défi.
C'est vrai que même si la place des femmes augmente, elles sont plus souvent conseillères que mairesses. Ce n’est pas parce qu’elles ne sont pas capables, mais elles font souvent leurs classes [en étant conseillères avant de se présenter à la mairie].
Anne Mévellec, profes‐ seure titulaire en études poli‐ tiques à l’Université d’Ottawa et spécialiste en politique mu‐ nicipale
Il y a toutefois une lueur d’espoir pour les personnes qui souhaitent se lancer en politique : On sait que le taux de succès des femmes quand elles se présentent est simi‐ laire à celui des hommes, sou‐ ligne Anne Mévellec en entre‐ vue à l’émission Les matins d’ici.
N’empêche, l’expérience en politique municipale peut néanmoins être vécue diffé‐ remment chez les femmes et chez les hommes, comme l’a constaté Myriam Nadeau au cours de ses années au conseil municipal de la Ville de Gatineau.
J'étais une jeune femme en politique, j'avais 30 ans quand je me suis fait élire. Et on ne va pas se leurrer : la politique, c'est encore un domaine ma‐ joritairement d'hommes, d’hommes d'un certain âge, surtout au palier municipal. [...] C'est certain que ça dé‐ tonne un peu, de devoir prendre sa place, de se faire prendre au sérieux.
Myriam Nadeau, exconseillère municipale de Ga‐ tineau
En même temps, j'ai chan‐ gé ça en force au lieu de le voir comme une faiblesse, poursuit-elle.
Marie-Noëlle Lanthier et Myriam Nadeau soulignent
l’importance et l’apport béné‐ fique d’avoir une mentore, ce qui peut contribuer à déraci‐ ner certaines de nos idées préconçues sur la politique et à se sentir soutenues tout au long de cette carrière aty‐ pique.
Pour que des femmes se fassent élire, il faut que des femmes soient candidates, et pour que des femmes soient candidates, il faut que d'autres femmes aillent vers elles et renforcent [...] l'idée qu'elles se lancent et qu'elles se voient avec tous les atouts qu'elles ont comme politi‐ ciennes, affirme Myriam Na‐ deau.
Avec les informations de Camille Kasisi-Monet
pendantiste, le chef s’en sert pour renchérir sur sa vision politique : Le Canada ne colla‐ bore absolument pas à la dé‐ fense du français au Québec.
Pour la Capitale-Nationale, le transport et l’environne‐ ment, plus précisément la qualité de l’air, sont les enjeux principaux à ses yeux. Dans sa vision souverainiste, le Parti québécois veut également faire reconnaître la ville de Québec comme une capitale internationale.
Paul St-Pierre Plamondon ne s'effraie pas de la piètre performance de sa formation dans les sondages. Il condamne d’ailleurs l’usage qu’en fait François Legault dans sa gouvernance. Pour lui, il est davantage important de débattre sur des idées que sur des résultats de sondage.
À écouter :
Entrevue élections : le chef du Parti québécois
Avec les informations d’Alex Boissonneault et Ju‐ liette Lefebvre