Le manque de personnel menace l’urgence du plus grand hôpital de Winnipeg ce week-end
L’urgence du Centre des sciences de la santé de Winnipeg devrait être confrontée à un manque criant de personnel au cours du week-end, au point où certains employés sont appelés à faire des heures supplémentaires et d'autres travaillant à temps partiel sont réquisi‐ tionnés.
Cette crise touche l’ur‐ gence du plus grand hôpital de Winnipeg alors que, ven‐ dredi, des informations fai‐ saient état d’une fermeture de la moitié de ses lits en rai‐ son d’un manque d’infir‐ mières.
Soins communs Manitoba confirme des problèmes de personnel, dans un courriel adressé à CBC par un porteparole.
L’organisme souligne que des efforts sont en cours pour régler la crise incluant la réqui‐ sition du personnel à temps partiel et occasionnel. Par ailleurs, des employés sont appelés à faire des heures supplémentaires et des infir‐ mières en soins intensifs se‐ ront réaffectés si possible.
Les autorités préviennent les patients avec des pro‐ blèmes moins urgents qu’ils seront confrontés à des at‐ tentes beaucoup plus longues.
Des infirmières surutili‐ sées
Selon la directrice du Syn‐ dicat des infirmières et infir‐ miers du Manitoba, Darlene Jackson, la pénurie aura un impact sur le personnel infir‐ mier et les patients.
Nous allons probablement avoir des infirmières qui sont mandatées pour rester et ai‐ der, et les temps d'attente pour les patients vont s'inten‐ sifier, a-t-elle dit.
Vendredi soir déjà, alors que la base de référence dans le service d’urgence de l’hôpi‐ tal est de 24 infirmières dans un quart de travail, seules 8 étaient prévues.
Ce week-end, ces infir‐ mières donneraient le strict minimum de soins, a prévenu Mme. Jackson. Elles n'auraient pas le temps de passer du temps avec un patient et de lui apporter un peu de récon‐ fort.
Soins communs Manitoba soutient que les quarts de tra‐ vail ont été particulièrement difficiles à remplir en weekend cet été, notamment pour ce qui concerne les quarts du soir et de nuit.
Il précise que les postes vacants au service des ur‐ gences de l'hôpital reflètent les tendances nationales en matière de dotation, ajoutant que plusieurs problèmes de longue date en sont la cause.
L’organisme affirme que des initiatives sont en cours pour recruter et retenir le per‐ sonnel infirmier. Une urgence, selon Mme Jackson qui af‐ firme que ce gouvernement et ces employeurs doivent commencer à s'occuper de la rétention, et ils doivent le faire très rapidement.
Tous les jours, j'entends des infirmières et des infir‐ miers qui cherchent un autre endroit où travailler que le système public, dit-elle.
Soins communs Manitoba appelle les Manitobains à continuer à demander de l'aide d'urgence au besoin, soit en composant le 911, soit en se rendant dans un service d'urgence ou un centre de soins d'urgence.
Avec des d'Alana Cole
informations
tous les secteurs [d’activité], trouvent normal. Il est deve‐ nu normal, en effet, pour les infirmières de se voir refuser leurs vacances, d'être obligées de revenir à l'hôpital. Il est aussi devenu normal pour les médecins de travailler bien au-delà de leur épuisement, de leur seuil de tolérance.
Nous vivons maintenant dans un environnement où les soins souffrent [...] des centaines de milliers de per‐ sonnes n'ont pas reçu de soins parce que nous avons dû interrompre les services au milieu de la pandémie à cause de la surcharge dans les hôpi‐ taux – et d'autres facteurs.
Mais maintenant, les gens comprennent que les choses que nous avons faites durant la pandémie de COVID-19 ne sont pas normales pour nous, et que cela a des répercus‐ sions sur tout ce que nous fai‐ sons.
La conséquence au fait de ne jamais prendre congé est d’endommager votre corps. [Cela] endommage vos rela‐ tions et votre capacité à être heureux et plein d'espoir. Les gens ont besoin d'espace pour pouvoir récupérer. Or, parfois, cet espace n'est pas offert parce que le système [de santé] a simplement l'ha‐ bitude de dire : Allez-y. Vous devez aller travailler. Et vous devez vous rendre au travail. Alors, les gens quittent.
Brian Goldman : Vous êtes sur le point d'assumer le rôle de président de l'As‐ sociation médicale cana‐ dienne. Qu'est-ce que cela vous fait?
Dr Alika Lafontaine : C'est surréaliste. Je pense à la confiance que mes collègues de l'Alberta m'ont témoignée en me choisissant comme le prochain président de l'AMC, et aussi d'être la voix des mé‐ decins canadiens – et à ce que cela signifie.
Le rôle de président de l'AMC est d'aider les gens à comprendre comment leur travail s'inscrit dans le contexte plus large du sys‐ tème de soins de santé. Com‐ ment lier les objectifs ambi‐ tieux que vous avez pour les soins, lorsqu'ils se heurtent à la résistance du système – pour mieux faire les choses.
La guérison va prendre beaucoup de temps. Le pro‐ blème ne sera pas résolu à 100 % dans l’année où je serai président de l’AMC, mais je crois que nous pouvons tous avoir un impact important lorsque nous disons la vérité là où nous nous trouvons.
Brian Goldman : Vous êtes le premier médecin autochtone à occuper ce poste. Que voudriez-vous accomplir en tant que pre‐ mier président autochtone de l'AMC?
Dr Alika Lafontaine : J'aime‐ rais que l’on trouve normal le fait que des médecins autoch‐ tones occupent des postes et dirigent des organisations.
Il faut en outre créer un es‐ pace pour les communautés autochtones, mais aussi pour les communautés qui n'ont pas été présentes, mais qui devraient l'être.
Je crois que nous essayons de résoudre des problèmes [et] si nous n'invitons pas à la table [de discussion] les per‐ sonnes qui souffrent réelle‐ ment de ces problèmes, alors nous passerons à côté des éléments les plus importants pour comprendre ces pro‐ blèmes – au sein du système. Nous avons historiquement exclu des voix et écarté des gens.
Et je pense qu’il faut des gens sans voix à ces postes de pouvoir, pour que nous puis‐ sions comprendre ce qui manque [dans les organes de gouvernance].
D’après un texte de Ruby Buiza de CBC