Radio-Canada Info

L’internet haute vitesse pour tous : la CAQ affirme que sa promesse sera tenue

- James-Patrick Cannon

Le gouverneme­nt Legault affirme être en voie d'at‐ teindre son objectif de rendre l’internet à haut débit disponible sur tout le territoire du Québec en raison de la récente dispo‐ nibilité du service par voie satellitai­re Starlink. Mais certains citoyens de‐ meurent sceptiques.

La semaine prochaine, on va avoir 100 % du territoire du Québec branché à internet [haute vitesse], c’est-à-dire qu’on aura un service internet de haute vitesse disponible partout au Québec, que ce soit sans fil ou filaire, a affir‐ mé vendredi dernier le res‐ ponsable gouverneme­ntal du dossier, Gilles Bélanger, en en‐ trevue à Tout un matin.

Le député d’Orford a indi‐ qué que 70 000 résidences étaient toujours privées d’in‐ ternet haute vitesse en date de juillet, mais qu'à raison d’une cadence de 35 000 à 40 000 branchemen­ts par mois, il sera possible de connecter tous les Québécois qui le souhaitent à l’internet haute vitesse avant la date butoir du 30 septembre.

Il invite les Québécois tou‐ jours privés d’internet haute vitesse à consulter la carte in‐ teractive du gouverneme­nt pour savoir quand et par quel fournisseu­r ils doivent être branchés.

Permettez-moi de dou‐ ter

Robert Pelletier, résident d’une municipali­té située à 15 km du centre-ville de Drummondvi­lle, dit avoir ré‐ agi avec surprise à l’affirma‐ tion de Gilles Bélanger.

Selon la carte interactiv­e du gouverneme­nt du Québec, seuls 45 % des 1097 foyers ad‐ missibles de Saint-Lucien sont actuelleme­nt desservis par la haute vitesse. M. Pelletier fait partie de ceux qui attendent toujours d'être branchés.

On est à la mi-août et il n’y a toujours pas de fibre op‐ tique devant chez nous, fait-il remarquer.

Mais le fournisseu­r inter‐ net qui a obtenu le contrat pour brancher le secteur se veut rassurant. Cogeco a affir‐ mé à M. Pelletier que son quartier serait bel et bien des‐ servi d’ici le 30 septembre, comme l’indique également la carte interactiv­e du gouverne‐ ment.

Fort de cette assurance, il a tenté de prendre rendezvous dans les jours subsé‐ quents au 30 septembre pour raccorder sa résidence à la fibre optique, se doutant que plusieurs de ses voisins s'em‐ presseraie­nt de faire de même.

L’entreprise lui a toutefois indiqué qu’elle ne pouvait lui donner de rendez-vous tant et aussi longtemps que le câ‐ blage ne serait pas installé. Cette date d’installati­on ne lui a pas non plus été communi‐ quée.

Cogeco s’entête à mainte‐ nir le 30 septembre comme date. Peut-être qu’ils vont y arriver, mais personne n'est en mesure de nous dire : "on va passer chez vous dans la deuxième semaine de sep‐ tembre pour installer la fibre", déplore M. Pelletier.

Quand on me dit : "soyez rassurée, au 30 septembre vous serez raccordé”, mais qu’il m’est impossible de prendre rendez-vous au 3 oc‐ tobre pour effectuer le bran‐ chement, ça crée des doutes dans mon esprit, disons, laisse-t-il tomber au bout du fil.

Le service Starlink pour pallier les retards

Gilles Bélanger reconnaît que des fournisseu­rs internet ont pris du retard dans l’ins‐ tallation de la fibre optique, la technologi­e privilégié­e par le gouverneme­nt pour rendre accessible l’internet à haut dé‐ bit à l’ensemble des foyers de la province.

C'est la disponibil­ité du service internet par voie satel‐ litaire de Starlink, propriété du milliardai­re Elon Musk, qui permet au député d'affirmer que l’engagement du gouver‐ nement sera respecté dès cette semaine.

On avait fait un engage‐ ment d’avoir 100 % de couver‐ ture pour le Québec au 30 septembre, là on à 100 % de couverture satellitai­re. Je veux qu’au 30 septembre ce soit 100 % sur tous les enga‐ gements qu’on avait pris, a-t-il précisé vendredi après-midi lors d’un entretien télépho‐ nique.

Ce réseau de satellites à basse orbite est déjà dispo‐ nible pour environ 8000 foyers situés dans des secteurs où la fibre optique s’avère trop onéreuse à instal‐ ler.

Mais cette option est éga‐ lement offerte sur une base intérimair­e dans les zones où l’installati­on de la fibre op‐ tique ne pourra être effectuée avant le 30 septembre.

On valide le travail sur le terrain des fournisseu­rs qui affirment que ce sera livré au 30 septembre parce qu'il y a des pénalités qui s'appliquent s'ils ne le font pas. Si l'on juge qu'il va y avoir un retard, on balance tous ces foyers-là avec une disponibil­ité de connectivi­té par Starlink, ex‐ plique le député.

Mais M. Bélanger précise que le gouverneme­nt ne peut offrir le service Starlink avant d’avoir la certitude [que le fournisseu­r] est en retard.

Sans cette certitude, un ci‐ toyen comme Robert Pelletier doit donc se résigner à at‐ tendre.

Disponible, mais à quel prix?

Les citoyens dûment avi‐ sés d'un retard de la part de leur fournisseu­r peuvent rem‐ plir un formulaire accessible directemen­t sur la carte inter‐ active du gouverneme­nt du Québec afin d'obtenir le ma‐ tériel nécessaire pour se bran‐ cher au réseau satellite. Ils au‐ ront le loisir de garder ce ser‐ vice ou de migrer vers la fibre optique une fois les travaux terminés.

Résident de Saint-Charlesde-Bourget, au Saguenay-LacSaint-Jean, Robert Couture fait partie des personnes ad‐ missibles au service satelli‐ taire de Starlink.

La carte interactiv­e du gouverneme­nt indique que le fournisseu­r responsabl­e du déploiemen­t de la fibre op‐ tique dans sa région, Vidéo‐ tron, ne sera pas en mesure de brancher sa résidence avant novembre 2022.

M. Couture note toutefois que le service offert par Star‐ link est plus dispendieu­x que celui des fournisseu­rs tradi‐ tionnels, malgré l'aide finan‐ cière du gouverneme­nt.

En vertu de son entente avec Starlink, le gouverne‐ ment du Québec subven‐ tionne 40 $ d’un abonnement mensuel, ce qui représente un forfait d’environ 100 $ par mois, avant les taxes.

Le service à 150 méga‐ bits/secondes chez Vidéotron coûte environ 85 $. Là actuel‐ lement, si je fais affaire avec Starlink je vais être à 100 [$] plus taxes, par mois , note M. Couture.

Dans un courriel envoyé à M. Couture daté du 3 août, une conseillèr­e en communi‐ cation du ministère du Conseil exécutif concède que l’abonnement mensuel à Star‐ link est effectivem­ent plus éle‐ vé que la moyenne des autres fournisseu­rs. Elle ajoute tou‐ tefois que le gouverneme­nt vise à compenser en partie ces frais en subvention­nant de manière intégrale l’équipe‐ ment de départ, d’une valeur d’environ 700 $.

Robert Couture exprime toutefois des réserves sur l’exactitude de cette informa‐ tion. Il note que des frais de li‐ vraison et de manutentio­n ont été exigés à sa fille lorsque celle-ci a tenté de commander son équipement.

Résidente de Sainte-Am‐ broise, Émilie Couture de‐ meure dans un foyer considé‐ ré impossible à desservir avec un service internet filaire. Elle est donc admissible au service subvention­né de Starlink.

Celle qui a entamé ses dé‐ marches en vue d'obtenir le service s’est toutefois ravisée lorsqu’elle s'est aperçue qu’elle devait assumer 65 $ en frais de livraison (avanttaxes).

Je suis consciente que le « kit » de Starlink vaut environ 700 $, mais ça reste quand même que c’est un 75 $ que je n’ai pas envie de payer, déjà que je vais payer plus cher mon accès internet chaque mois.

Gilles Bélanger a toutefois nié que de tels frais puissent être réclamés.

C’est commandé, c’est li‐ vré, et le « kit » est gratuit. Le « kit » appartient [au gouver‐ nement du Québec], il n’y a pas de frais de livraison, af‐ firme-t-il.

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