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Des partis se prononcent sur l’écart salarial entre l’Outaouais et l’Ontario en santé

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Le manque de techno‐ logues en radio-oncologie force le Centre intégré de santé et de services so‐ ciaux de (CISSS) de l’Ou‐ taouais à réduire ses activi‐ tés au centre de cancérolo‐ gie de Gatineau. Selon l'Al‐ liance du personnel profes‐ sionnel et technique de la santé et des services so‐ ciaux (APTS), certains pro‐ fessionnel­s ont récem‐ ment quitté leur poste pour un emploi mieux ré‐ munéré dans un établisse‐ ment de l’Ontario.

À quelques jours du dé‐ clenchemen­t officiel des élec‐ tions au Québec, des partis proposent des pistes de solu‐ tions au problème de pénurie de main-d'oeuvre en santé en Outaouais, exacerbé par la réalité frontalièr­e.

Se battre à armes égales avec l’Ontario, dit la CAQ

De passage à Gatineau, mercredi, le ministre de la Fa‐ mille et responsabl­e de l’Ou‐ taouais pour la Coalition ave‐ nir Québec (CAQ), Mathieu La‐ combe, s’est dit préoccupé par la situation au centre de cancérolog­ie de Gatineau. Ce dernier a d’ailleurs laissé en‐ tendre que des actions ont été entreprise­s.

Cette situation, pour cette classe d’emploi, nous préoc‐ cupe. [...] Évidemment, je ne suis pas heureux de la situa‐ tion. Mes collègues non plus, et l'on a fait ce qu’il fallait pour que la situation se règle. Très prochainem­ent, on va faire ce qu’il faut pour être capables de se battre à armes égales avec l’Ontario, parce que ce n’est pas vrai qu’on va laisser faire ça et ce n’est pas vrai qu’on va accepter qu’ici, en Outaouais, on ne soit pas en mesure de concurrenc­er l’On‐ tario, a-t-il déclaré.

Ce dernier admet que ce n’est pas agréable de voir que les gens vont faire quelques kilomètres de plus pour ga‐ gner plusieurs milliers de dol‐ lars de plus par année.

Il faudra payer davantage le personnel qui fait ce même travail, ici en Outaouais, pour qu’il ne soit pas tenté de tra‐ verser l’autre côté, a-t-il dit.

Mathieu Lacombe a rappe‐ lé les primes offertes par son gouverneme­nt aux infir‐ mières en Outaouais pour concurrenc­er les salaires de l’Ontario.

Ces primes, elles existent en ce moment et quand elles devront être renouvelée­s, on s’assurera qu’elles soient en vigueur pour qu’on soit ca‐ pable de concurrenc­er l’Onta‐ rio et on le fera différemme­nt, notamment par le biais des convention­s collective­s, a-t-il indiqué.

Le PQ propose de meilleures conditions

Camille Pelletin-Forget, candidate du Parti québécois (PQ) dans Hull, reconnaît que la proximité de l'Outaouais avec l’Ontario rend la situa‐ tion particuliè­rement fragile en santé.

La physiothér­apeute en réadaptati­on pédiatriqu­e au CISSS de l’Outaouais croit que la solution passe d’abord par de meilleures conditions de travail.

Pour éviter que [les tra‐ vailleurs de la santé] aillent en Ontario, il faut que ça soit plus intéressan­t de travailler ici, dit-elle.

Pour illustrer son propos, elle cite l’exemple d’une pro‐ fessionnel­le de la santé qui habite à Hull et qui travaille à l’Hôpital de Hull.

Si ses conditions sont agréables, si ses horaires sont plaisants, qu’elle n’a pas be‐ soin de faire un quart de tra‐ vail double et d’appeler la voi‐ sine pour aller chercher ses enfants à la garderie, si elle n’est pas obligée de voir trois fois le nombre de patients re‐ commandé [...] si elle a un sa‐ laire un peu plus concurren‐ tiel, même s’il n’est pas aussi élevé qu’en Ontario, avec tout ça mis ensemble, on va les garder, nos profession­nels, croit la candidate péquiste dans Hull.

Au Parti québécois, on pense qu’il faut que le minis‐ tère de la Santé devienne le meilleur employeur du Qué‐ bec et pas juste avec des sa‐ laires, mais aussi avec de la re‐ connaissan­ce.

Camille Pelletin-Forget, candidate du Parti québécois (PQ) dans Hull

Les conditions de travail, ça passe surtout par la charge de travail, ajoute Mme Pelle‐ tin-Forget.

Pour ramener les gens chez nous, il faut diminuer la charge de travail.

Améliorer les conditions de travail, dit QS

Dans une déclaratio­n écrite envoyée jeudi matin, le candidat de Québec solidaire (QS) dans Hull, Mathieu Per‐ ron-Dufour précise que l'ap‐ proche de son parti est d’améliorer les conditions de travail.

C’est bien sûr le salaire et le temps supplément­aire, mais c’est surtout le ratio profes‐ sionnels/patients, le respect des profession­s en offrant un environnem­ent stimulant, de l’infrastruc­ture, des outils de pointe, tout en pensant à for‐ mer une main-d’oeuvre régio‐ nale, ici en Outaouais, expose M. Perron-Dufour. Si on offre ce contexte, la différence avec l’Ontario s’amenuise.

QS reproche au gouverne‐ ment de ne pas avoir réglé la situation, malgré l'annonce d'un nouvel hôpital, et de se vanter d'un bilan en santé alors que les urgences n'ont jamais été autant sous pres‐ sion.

Un nouvel hôpital sans ré‐ gler la question du personnel ça n’a pas de sens. Nous croyons qu’il est temps d’in‐ vestir dans les gens, dans la formation et la rétention, ici, dans la région, sans pour au‐ tant refuser l’immigratio­n pour combler les postes né‐ cessaires.

Le Québec doit en faire plus sur le plan fiscal, dit le PCQ

Le phénomène d’exode des travailleu­rs de la santé vers l’Ontario n’est pas étran‐ ger pour le porte-parole en matière de santé du Parti conservate­ur du Québec (PCQ), le Dr Karim Elayoubi.

L’urgentolog­ue et médecin de famille pratique à Lachute, une municipali­té près de la frontière avec l’Ontario, où plusieurs profession­nels du Québec ont décidé de pour‐ suivre leur carrière en raison des conditions salariales plus avantageus­es.

On a perdu, au cours des dernières années, plusieurs infirmière­s pour des raisons de conditions de travail et sa‐ lariales, vers Hawkesbury en Ontario, témoigne-t-il.

Selon le candidat conser‐ vateur, le Québec doit se rap‐ procher de la parité salariale avec sa voisine, mais égale‐ ment être plus compétitif sur le plan fiscal.

Le nerf de la guerre, il est là [...]. Le Québec n’est pas com‐ pétitif sur le plan fiscal par rapport à l’Ontario. Il y a des familles qui décident d’aller s’installer de l’autre côté de la frontière pour ces raisons, ditil.

Cet enjeu de compétitio­n avec l’Ontario s’ajoute à une pénurie de main-d'oeuvre dans plusieurs secteurs en santé. Selon le Dr Karim Elayoubi, le Québec doit pour‐ voir 500 postes de techno‐ logues en imagerie médicale. Le candidat conservate­ur croit que la province devrait accélérer la formation et in‐ tensifier le recrutemen­t à l’étranger.

Si vous avez une pénurie et que vous n’êtes pas com‐ pétitif sur le plan salarial, vous allez en perdre de l’autre côté de la frontière.

Dr Karim Elayoubi, porteparol­e en matière de santé du Parti conservate­ur du Québec

(PCQ)

Pour ce qui est de la situa‐ tion au service d’oncologie en Outaouais, le CISSS de l’Ou‐ taouais aurait besoin de pour‐ voir au moins cinq postes de technologu­es en radio-onco‐ logie pour éviter d’envoyer des patients à Montréal, comme il doit le faire actuelle‐ ment.

Les patients touchés par la réduction de service sont ceux qui proviennen­t de l’ex‐ térieur de la région, comme ceux de l’Abitibi-Témisca‐ mingue, qui seront temporai‐ rement redirigés vers le Centre universita­ire de santé McGill à Montréal. Le CISSS de l'Outaouais assure que la si‐ tuation ne touche que cinq à six patients pour l'instant.

Au moment d’écrire ces lignes, le Parti libéral du Qué‐ bec (PLQ) n'avait pas répondu à notre demande d’entrevue.

Avec les informatio­ns de Rémi Authier, Nelly Alberola et Camille Kasisi-Monet

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