La santé des camionneurs sous la loupe de chercheurs au N.B.
La vie de camionneur peut être source de beaucoup de stress. Les heures sur la route ne se comptent plus, les voyages se font souvent de nuit avec en prime le manque de sommeil, les haltes normalement salu‐ taires pour un peu au re‐ pos ont été longtemps fer‐ mées en raison de la CO‐ VID-19.
Être loin de sa famille pen‐ dant plusieurs jours crée éga‐ lement un fossé émotionnel important, un écart à rétrécir à chaque retour à la maison.
Ces situations causent des problèmes de santé chez de nombreux camionneurs et serviront de matière première pour une nouvelle étude de santé sur le terrain en temps réel, menée par l’équipe de la Dre Jalila Jbilou, de l’Université de Moncton.
Le projet Technologie adaptative en santé des ca‐ mionneurs (TASC) cherche à développer des comporte‐ ments pour une vie plus saine et ainsi prévenir ou atténuer des problèmes de santé tels que l’obésité, le diabète, l’hy‐ pertension et l’apnée du som‐ meil, fréquents chez groupe de travailleurs.
200 camionneurs seront évalués
L’équipe compte sur la contribution de 200 camion‐ neurs. Ils fourniront des me‐ sures quotidiennes de glu‐ cose, de pression artérielle, de saturation en oxygène, du ni‐ veau du stress et du nombre de pas effectué. On y ajoutera des tests sanguins, le poids, le tour de taille et la hauteur afin de dresser un profil phy‐ sique des participants.
Un profil comportemental sera aussi établi en se basant sur un mode de vie actif, une alimentation saine, l’arrêt du tabac et l’autogestion des ma‐ ladies chroniques.
Nous manquons de conducteurs. Ceux que nous avons, nous devons les gar‐ der en bonne santé parce que ce n’est pas un travail de 9 à 5.
Jean-Marc Picard, directeur général de l'Association de ca‐ mionnage des provinces de l'Atlantique
Ce sera une clinique élec‐ tronique et un laboratoire ambulant dont les camion‐ neurs seront les maîtres
ce d'oeuvre, a expliqué la Dre Jali‐ la Jbilou à l’émission L’Heure de pointe Acadie, mardi.
La moyenne d’âge des ca‐ mionneurs est de 55 ans, ce sont en forte majorité des hommes, ils sont constam‐ ment sur la route , fait-elle re‐ marquer.
Une première phase de l’étude a permis de voir qu’ils n’ont pas toujours accès à des services de santé et de soins et qu’ils ont tendance à utili‐ ser les urgences qui n’offrent qu’un service ponctuel en cas de problèmes.
Ces camionneurs veulent avoir accès à des services au moment opportun sans avoir à arrêter de travailler. Ils dési‐ rent des solutions disponibles sur la route sans perte de sa‐ laire.
C’est là que notre solution technologique peut les aider , croit la Dre Jalila Jbilou.
Accepté avec enthou‐ siasme
Ce nouvel outil est accepté avec enthousiasme au sein de l’Association de camionnage des provinces de l’Atlantique. Toute initiative visant à amé‐ liorer la santé des conduc‐ teurs est la bienvenue, af‐ firme Jean-Marc Picard.
Les changements doivent également venir de l’industrie, estime-t-il. Il note que plu‐ sieurs entreprises tentent une nouvelle approche afin de changer des habitudes an‐ crées dans le comportement quotidien des camionneurs.
On voit de plus en plus de compagnies qui essaient de changer la routine. Par exemple, en proposant une marche avec le repas ou de faire des choix santé dans leur alimentation. De remplacer les croustilles par une barre énergétique. De faire un petit programme d’exercice sur la route. La nutrition et l’exercice vont main dans la main, mais ça doit aussi venir du camion‐ neur , poursuit-il.
Le Programme de re‐ cherche et d’analyse du mar‐ ché du travail du gouverne‐ ment du Nouveau-Brunswick, la Fondation de la recherche en santé du Nouveau-Bruns‐ wick et Travail sécuritaire NB sont des partenaires de cette étude.