Vers les étoiles (Ad Astra) : perdu dans les étoiles
L’extraordinaire film de James Gray nous envoie sur orbite le dimanche 4, à 23 h 05.
Après les bas-fonds des quartiers new-yorkais (We Own the Night, Little Odessa) ou l’Amazonie (The Lost City of Z), James Gray nous em‐ mène dans un futur proche aux confins de l’espace, jus‐ qu’à Neptune, où un fils (Brad Pitt) est chargé de retrouver la mission disparue dirigée par son père (Tommy Lee Jones).
Un grand film, à n’en pas douter.
Introspection spatiale
Sur le papier, et dans ses premières minutes (une sur‐ charge électrique venue de Neptune déstabilise une an‐ tenne sur Terre), Ad Astra fleure bon le film de sciencefiction spectaculaire et im‐ pressionnant. Mais nous sommes chez l’auteur James Gray, et très rapidement, le film surprend, plongeant plu‐ tôt dans la psyché troublée et hantée de Roy McBride, ingé‐ nieur toujours meurtri par la disparition de son père.
Et si chez d’autres (Christo‐ pher Nolan, coucou), les larmes et la philosophie som‐ maire auraient été convo‐ quées, chez Gray, c’est plutôt la mélancolie et l’introspec‐ tion qui font vibrer l’espace lointain.
Exigeant et profond
Narration veloutée et triste, solitude de l’antihéros possiblement dépressif, es‐ pace déjà ruiné par les mêmes erreurs auxquelles les êtres humains essayaient d’échap‐ per, plans superbement com‐ posés et d’une texture envoû‐ tante (signés du grand direc‐ teur photo Hoyt Van Hoyte‐ ma) : Ad Astra n’est pas de ces films que l’on consomme sans y réfléchir.
Mais il est une grande oeuvre de cinéma, parache‐ vant le grand thème de son auteur (la relation au père, en‐ core et toujours) tout en of‐ frant à son patient public une récompense digne de ce nom : celle de le chambouler jus‐ qu’au plus profond de son être, en nourrissant une ap‐ proche spirituelle et dense sur ce que sont la survie, la soli‐ tude, le destin de l’humanité, en plus d’être un film superbe et douloureux sur le deuil.
Un Brad Pitt exception‐ nel
Déjà en cascadeur noncha‐ lant dans Once Upon a Time in Hollywood, l’acteur nous a rappelé pourquoi il est l’une
des dernières stars de cinéma vivantes. Présence, charisme, minimalisme évocateur : Brad Pitt connaît la chanson. Mais dans Ad Astra, c’est encore une autre performance qu’il dessine.
Subtil, complexe, laissant son visage refléter en quelques tressaillements une intériorité bouleversante, il est l’épine dorsale de ce film dont il exprime par sa seule silhouette l’idée forte : l’être humain seul ne survivra qu’en acceptant l’idée qu’il ne l’est
jamais. Compléments: James Gray est-il le ci‐ néaste le plus sous-estimé de sa génération? Ad Astra sur ICI Télé, le 4 septembre, à 23 h 05.
La bande-annonce (source : YouTube)