Radio-Canada Info

Conciliati­on campagne-famille

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Jacaudrey Charbonnea­u, Valérie Gamache, Véronique Prince Ils partent sur la route pen‐ dant 35 jours. Souvent les journées sont longues, loin de la maison et de leur fa‐ mille. Trois des cinq chefs ont de jeunes enfants et tentent de concilier cam‐ pagne et famille. Sur la route en famille

Pas maintenant, c’est un moment en famille. C’est le genre de réponse qu’on sert parfois aux journalist­es dans la caravane des médias qui couvrent Québec Solidaire lorsqu’on demande une réac‐ tion sur un sujet. À 32 ans, Ga‐ briel Nadeau Dubois est deve‐ nu père en février dernier. Sa conjointe Maëlle Desjardins et sa fille Hélène l’accompagne­nt sur la route.

On essaie de prendre des 15 minutes le matin et des 15 minutes comme ça, en après-midi, lance Gabriel Na‐ deau Dubois assis à une table à pique-nique à la plage pu‐ blique de Caplan en Gaspésie. La caravane s’est arrêtée dans ce décor bucolique pour une pause du feu roulant qu’exige une campagne électorale. J’ai dit à mon équipe que c’était possible que les plans changent si Maëlle me signifie qu’elle a vraiment besoin de moi.

C’est donc possible que des événements de la cam‐ pagne de Québec solidaire soient annulés parce que ses responsabi­lités de père l’ap‐ pellent. J’ai décidé de ne pas choisir entre la vie politique et la vie familiale, insiste-t-il. Sa conjointe acquiesce en préci‐ sant que c’est un choix qu’ils ont fait à deux.

Mais après avoir pris quatre semaines de congés de ses fonctions de chef parle‐ mentaire et porte-parole du parti, il avoue en vouloir plus. Il y a des choses que j’avais envie de vivre, ajoute-t-il avant de se reprendre, ému. Il y a des choses que j’avais en‐ vie de vivre que je n’ai pas pleinement eu le temps de vivre avec Hélène. Donc, j’ai l’intention de prendre du temps de congé après la cam‐ pagne.

Le co-porte-parole n’a pas l’habitude d’être émotif ou même de parler de sa vie pri‐ vée. J’ai longtemps eu une perception très cérébrale de la politique [...] Mais je me suis réconcilié avec le fait que l'émotion, ça fait partie de la politique et c’est correct. C’est pas mauvais et il ne faut pas regarder ça de haut.

La sécurité pour les fa‐ milles aussi

Alors que plusieurs candi‐ dats ont rapporté avoir été victimes de menaces dont la candidate libérale Marwah Rizqy, la sécurité s’est impo‐ sée comme enjeu.

Les chefs bénéficien­t d’une protection assurée par la Sû‐ reté du Québec. Toujours es‐ cortée par des gardes du corps, la conjointe du coporte-parole solidaire affirme se sentir en sécurité. C’est sûr que c’est surprenant ce qu’on entend et c’est inquiétant. Mais pour nous, présente‐ ment, je me sens en sécurité, lance-t-elle. Gabriel NadeauDubo­is est un habitué des menaces, mais avoue que cet aspect a fait partie des discus‐ sions avant le départ. Or, le couple en est venu à une conclusion : pas question de ne pas se voir pendant 35 jours.

Papa pense à toi, papa t'aime

Chez les Plamondon-Trem‐ blay, l'organisati­on cam‐ pagne-famille a fait l'objet de plusieurs discussion­s. Le chef péquiste avait peine à s'imagi‐ ner ne pas voir ses enfants pendant une aussi longue pé‐ riode et en même temps, il se questionna­it sur l'impact que les longues journées de cam‐ pagne auraient sur eux.

Finalement, Paul St-Pierre Plamondon et sa conjointe Alexandra Tremblay ont déci‐ dé qu'il valait mieux que le politicien se résigne à se sépa‐ rer de Maurice et Lorette, ses deux enfants âgés respective‐ ment de 2 et 4 ans.

On a beaucoup discuté de l'organisati­on de la campagne et on est arrivé à la conclusion que pour des enfants de cet âge-là faire de l'autobus à rai‐ son de 16 heures par jour pour voir leur père qui n'est pas disponible et qui est dans sa tête, ça ne marchait pas pour leur intérêt, raconte le chef péquiste qui admet trou‐ ver la situation difficile par moment.

En attendant, je leur parle. Ils ont beau être jeunes, je leur explique en leur disant : "papa pense à toi papa t’aime".

Paul St-Pierre-Plamondon, chef du Parti québécois

L'horaire de campagne prévoit des moments où le chef péquiste prend une pause de la politique pour se retrouver en famille. Ce same‐ di par exemple, lorsque la ca‐ ravane quittera Québec pour retourner à Montréal, Paul StPierre-Plamondon va enlever son chapeau de politicien et devenir papa à temps plein... du moins pour quelques heures.

Je me suis fait conseiller que c'était mieux d'être là avec eux pour des périodes satisfaisa­ntes que d'être là physiqueme­nt, mais pas tou‐ jours à l'écoute explique le père de famille.

C'est pour moi que c'est plus difficile, mais j'essaie d'avoir deux fois par semaine du temps avec eux, mais d'être entièremen­t avec eux, explique Paul St-Pierre-Pla‐ mondon. Et pour que les en‐ fants saisissent un peu ce qui se passe, leur père leur a fait faire une visite guidée de son autobus.

Pendant que le chef pé‐ quiste fait le tour du Québec en autobus, sa conjointe, Alexandra, fait campagne dans la circonscri­ption Ca‐ mille-Laurin où il tente de se faire élire pour la première fois. Elle en profite pour initier les enfants à la politique et elle n'hésite pas à faire du porte-à-porte avec eux. Puis, elle tente de saisir tous les moments possibles lorsque la caravane est de passage à Montréal.

Alors que le chef péquiste multiplie les promesses élec‐ torales, il fait cette promesse post- électorale à ses enfants : Après on va prendre des va‐ cances en famille et on va acheter un cerf-volant, c'est qu'ils m'ont demandé un cerfvolant, relate Paul St-PierrePlam­ondon

La culpabilit­é mère en campagne d’une

Dominique Anglade est une habituée des nuits courtes. À l’époque, c’était pour s’occuper de ses trois bébés. Maintenant, c’est pour parler à Michael, son aîné de 15 ans. Si vous avez des ados, vous savez que c’est parfois par texto qu’on se parle pour maintenir un contact constant, mais j’ai un fils qui aime parler à 23 h 30! . Elle doit quand même se lever aux aurores pour accorder des entrevues aux radios ré‐ gionales où la caravane libé‐ rale l’amène.

C’est une façon pour elle de se sentir moins coupable de partir de la maison pen‐ dant plus d’un mois. Il y a un élément de culpabilit­é qu’on vit au quotidien, mais ce sont des choix qu’on fait et je pense que les enfants com‐ prennent .

Dominique Anglade est aussi la mère de deux filles de 13 et de 10 ans. Toutes les deux fêteront d’ailleurs leur anniversai­re en septembre, au beau milieu de la cam‐ pagne électorale, sans leur maman… ou presque. On va organiser des moments pour que je puisse aller les voir à la maison et qu’elles aussi puissent venir me voir dans l’autobus. On va trouver l’équilibre, pas facile, mais fai‐ sable, dit-elle.

La cheffe libérale a non seulement manqué leur ren‐ trée scolaire, mais toute la fa‐ mille vit maintenant une nou‐ velle réalité : les copains de classe savent que leur mère mène sa première campagne électorale, avec des bons et des moins bons moments.

Ils sont assez vieux pour comprendre la dynamique et entendre les critiques. Mes deux filles vont me suivre sur Instagram pour savoir ce qui se passe. Elles vont me propo‐ ser des idées. Au bout du compte, je suis leur maman et peu importe ce qui arrive, on s’aime et fondamenta­lement c’est ce qui compte .

Malgré l’absence de mode d’emploi pour concilier une campagne électorale et la vie familiale, aucun ne remet en question leur implicatio­n poli‐ tique. Sans vouloir être des exemples, ils veulent à tout le moins démontrer que même s’il y a parfois des choix déchi‐ rants à faire, la politique et la famille peuvent aller de pair.

que trois mécanismes sont cruciaux : un outil d'estima‐ tion pour prévoir les besoins des parents (qui vient d'être modifié), un outil d'estima‐ tion de ce qui est à dévelop‐ per (appels de projet pour l'aménagemen­t de nouvelles places en garderies) et une structure pour attribuer des places.

La directrice générale dit s'inquiéter des autres change‐ ments à venir découlant de la loi 1.

Le ministère reprend

le guichet unique et il va ajouter des orientatio­ns sur la façon d'admettre les enfants et ça, qui va avoir le droit à quelle place, à quel moment, ce n'est pas clair et c'est très très sen‐ sible, souligne la directrice gé‐ nérale.

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