Places en garderie : Québec change discrètement ses méthodes de calcul
Le nombre d'enfants en at‐ tente d'une place en garde‐ rie au Québec passe à 34 000 selon une nouvelle mé‐ thode de calcul du minis‐ tère de la Famille. Des re‐ présentants du milieu se disent surpris de ne pas avoir été avisés de ces changements.
Sans tambour ni trom‐ pette, le nombre d’enfants en attente d’une place en garde‐ rie au Québec est passé en quelques jours de 52 000 à 34 000 sur le site du ministère de la Famille. Un nombre qui ne signifie pas que 18 000 en‐ fants ont trouvé une place, mais que ceux-ci n'en ont pas besoin de façon urgente.
Ce nouveau portrait prend en considération la date à partir de laquelle les parents souhaitent obtenir une place pour leur enfant, plutôt que d'inclure toutes les inscrip‐ tions sur La Place 0-5 ans.
Ce guichet provincial d'ac‐ cès aux services de garde per‐ met actuellement d'inscrire son enfant dès le début de la grossesse ou d'un processus d'adoption.
Le nouvel outil d'estima‐ tion entrera en vigueur dès novembre. Un petit encadré, mis en ligne ces derniers jours sur le site Internet du minis‐ tère de la Famille, avertit le public des changements à ve‐ nir : Cette page Web sera mise à jour prochainement, peuton lire.
L'ancienne classification surestimait les enfants en at‐ tente, écrit le ministère, in‐ cluant un nombre considé‐ rable d’enfants de moins de neuf mois n’ayant pas besoin d’une place.
Aussi, alors que l'ancienne liste d'attente était établie deux fois par année, ce nou‐ veau portrait sera mis à jour mensuellement dès no‐ vembre et il sera décliné par région.
Selon le ministère, cela permettra notamment aux comités consultatifs régio‐ naux qui conseillent le gou‐ vernement sur le développe‐ ment de places en garderie de pouvoir se baser sur des don‐ nées plus fiables.
Selon la première compta‐ bilisation effectuée en vertu de ce nouveau système, 33 829 enfants étaient en attente d'une place en garderie en date du 31 mai.
Si ces données sont mieux reliées à la réalité du terrain, c'est une bonne chose. Mais il faut alors être transparent et communiquer les nouvelles façons de faire avec les per‐ sonnes qui travaillent dans le milieu, affirme Marilyn Dion, porte-parole du mouvement Ma place au travail. C'est comme si les chiffres étaient modifiés de manière à faire bonne figure pendant la cam‐ pagne électorale. Avec le nombre de places converties exagérées, disons qu'on est un peu sceptiques.
Marylin Dion, qui est ellemême toujours en attente d'une place en garderie pour son deuxième bébé âgé de neuf mois, estime que peu im‐ porte la méthode de calcul, le nombre de parents en at‐ tente est de toute façon en‐ core trop élevé.
Vous savez, 34 000 places, ce sont des chiffres qui conti‐ nuent de donner le vertige. C'est 34 000 familles privées de 50 % à 100 % de leurs reve‐ nus, explique t-elle (suivant que la famille dispose de deux ou d’un seul revenu).
Trente-quatre milles en‐ fants, c'est le Centre Bell rem‐ pli. C'est 62 Boeing ou encore 6800 voitures avec 5 per‐ sonnes
Marilyn Dion, porte-parole du mouvement Ma place au travail
Normalement, je suis très au courant des changements, le ministère de la Famille nous brief sur tout, mais là on a rien eu, déplore pour sa part Samir Alahmad, président de l'Association des garderies pri‐ vées du Québec (AGPQ).
Mais si les représentants des garderies se disent surpris de ne pas avoir été avisés de l'entrée en vigueur de la nou‐ velle méthodologie, ils sou‐ lignent qu'il était temps de re‐ voir cette liste d'attente.
C'est une bonne chose de se concentrer sur la date sou‐ haitée des parents, c'est vrai‐ ment le moment où ils ont besoin d'une place, indique le président de l'AGPQ.
On savait que l'outil d'esti‐ mation avait besoin d'amélio‐ ration. Il y a des doublons et les régions disaient souvent qu'entre l'estimation qui était faite sur le terrain et la réalité, il y avait un écart, affirme la directrice générale de L'Asso‐ ciation québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE), Geneviève Bélisle.
Cette nouvelle méthodolo‐ gie coïncide avec la prise en charge par le ministère de La Place 0-5 ans qui était jusqu'ici gérée par un OBNL : la Coopé‐ rative Enfance Famille. La transition sera officialisée en novembre.
Geneviève Bélisle rappelle