Vers plus d’autonomie alimentaire au Nunavut
Trouver des solutions pour renforcer la sécurité ali‐ mentaire dans les commu‐ nautés de l’île de Baffin est au coeur d’une conférence à Iqaluit cette semaine.
Des représentants de diffé‐ rentes organisations de la ré‐ gion Qikiqtani ont partagé leurs idées et défis lors de la rencontre de trois jours, orga‐ nisée par la Qikiqtani Business Development Corporation (QBDC).
Cette rencontre avait pour but de rassembler les treize communautés de la région et de voir comment elles pour‐ raient développer et renforcer leur autonomie alimentaire. Des représentants des asso‐ ciations de chasseurs et pê‐ cheurs, ainsi que des jeunes et des aînés ont eu la chance de partager leurs expériences.
Le directeur de développe‐ ment de projets pour la QBDC, Sheldon Nimchuk, ex‐ plique que les défis sont nom‐ breux dans la région pour as‐ surer une meilleure souverai‐ neté alimentaire.
Sur tous les plans, le Nuna‐ vut manque d'infrastructures essentielles, qu'il s'agisse de ports ou de bonnes installa‐ tions d’entreposage dans les aéroports et les communau‐ tés.
Sheldon Nimchuk, direc‐ teur de développement de projets, QBDC
Des projets à l’échelle des communautés
Parmi les conférenciers ve‐ nus partager leur expertise, la compagnie Arctic Fresh, éta‐ blie à Igloolik, au Nunavut, a présenté son projet de Heal‐ thy Hubs. Cette initiative consiste à installer des serres alimentées par de l’énergie so‐ laire et éolienne dans les com‐ munautés.
Michael Doyle, consultant en affaires pour l'entreprise, a bon espoir que ce projet, qui est à l’étape de la conception, pourra permettre une plus grande sécurité alimentaire.
En discutant avec les com‐ munautés, nous avons réalisé qu’une chose est claire : toutes les communautés veulent avoir la possibilité de transformer les aliments tra‐ ditionnels. Et on ne parle pas de vendre ces produits à l’ex‐ térieur du Nunavut, mais bien de garder nos ressources, de nourrir les communautés du Nunavut.
Proposer des stratégies qui fonctionnent pour le Nord
Deux entreprises de Whi‐ tehorse, au Yukon, ont aussi été invitées à partager leur ex‐ pertise avec les participants de la table ronde. Sonny Gray, de North Star Agriculture, qui se spécialise dans la planifica‐ tion et la conception de pro‐ jets d’agriculture au nord du 60e parallèle, est venu présen‐ ter différentes stratégies qui fonctionnent pour le Nord.
« J'ai parlé des barrières à l’agriculture dans le Nord, mais aussi des opportunités. Il y a beaucoup de potentiel dans la transformation de fruits sauvages, avec l’agricul‐ ture autant à l’intérieur avec l’hydroponique, qu’à l’exté‐ rieur avec des serres. »
La production de sols pour l’agriculture a aussi fait partie des sujets abordés. Par exemple, on peut utiliser les déchets de table pour les transformer en sol, explique Sonny Gray. Ici, quand les Inuits chassent, ils n’utilisent pas les os, alors qu’on peut les transformer en farine d’os. Même chose avec les restes de poissons. Il y a beaucoup de potentiel pour créer du sol, qui est plutôt rare ici au Nu‐ navut.
Financement reçu par CanNor
La table ronde de la QDBC a été rendue possible grâce à du financement de l’Agence canadienne de développe‐ ment économique du Nord (CanNor), dans le cadre de l’initiative Défi innovation ali‐ mentaire dans le Nord. Neuf candidats ont été choisis dans les trois territoires pour déve‐ lopper des concepts reliés à la sécurité alimentaire, dont cinq sont au Nunavut.
Les trois projets qui ont le plus de potentiel pourront re‐ cevoir jusqu’à 1 million de dol‐ lars de CanNor pour dévelop‐ per leur concept à plus grande échelle.
La QBDC espère pouvoir investir dans des infrastruc‐ tures communautaires de ré‐ colte, comme des installations de stockage, et des usines de découpe et d’emballage des aliments. L’organisation veut aussi tester un modèle de soutien à une industrie de ré‐ colte professionnelle incluant un salaire de subsistance pour les travailleurs de ce sec‐ teur de la région Qikiqtani.
Notre objectif est de trou‐ ver un modèle viable qui per‐ mette d'aller de l'avant, de dé‐ velopper des installations et soutenir les efforts de récolte, explique Sheldon Nimchuk.
Avec les informations de Matisse Harvey
égard-là.
Mathieu Sirois, proprié‐ taire de Gravelbourg Mustard
Malgré la pénurie de pro‐ duction de moutarde au pays, les deux propriétaires ne sont pas inquiets pour la vente de leur produit.
Ce qu’on remarque, c’est que l’automne passé il a eu de la sécheresse, mais cette an‐ née plus d’acres ont été ense‐ mencés. On espère revenir à la normale dans les pro‐ chaines années, déclare M. Si‐ rois.
Gravelbourg Mustard va continuer à utiliser les ser‐ vices d’une usine à Saskatoon pour produire et distribuer
leurs marchandises.
Une fierté fransaskoise
Les deux nouveaux pro‐ priétaires fransaskois ont des liens forts avec la ville de Gra‐ velbourg.
J’ai toujours été fier de ve‐ nir de Gravelbourg, a déclaré Paul Léost. J’ai fait mes études là-bas, je suis diplômé du Col‐ lège Mathieu. Je voulais tou‐ jours avoir une entreprise à gérer et ça, c'était un signe que c’était pour moi.
Paul Léost rassure que le nom de l’entreprise ne chan‐ gera pas, mais qu'il souhaite faire des changements à leur marketing pour qu’il soit com‐ plètement bilingue. Le site web sera bientôt disponible en français et en anglais.
Il n'y a pas d’inquiétude que Gravelbourg Mustard reste en place, elle sera là pour des années à suivre, as‐ sure-t-il.
Avec les informations de Doris Labrie