Chirurgies orthopédiques : l’Estrie est « une des pires régions du Québec »

Question de diminuer les listes d'attente pour les chirurgies orthopédiques qui s'allongent partout au Québec, mais également au CIUSSS de l'Estrie-CHUS, des médecins pressent le fédéral d'injecter dans le réseau de la santé les six milliards de dollars promis lors de la dernière cam‐ pagne électorale.

Le Dr Jean-François Joncas, un chirurgien orthopédiste au CHUS, est l'un des porte-pa‐ roles d'une initiative de l'Asso‐ ciation canadienne d'orthopé‐ die pour faire connaître la si‐ tuation auprès de la popula‐ tion. Ce n'est pas rose nulle part au Canada. On met de la pression sur le gouvernement fédéral pour qu'il rencontre ses promesses électorales de verser les montants, soit l'équivalent de 6 milliards de dollars qu'on nous avait pro‐ mis pour aider les provinces à gérer les listes d'attente et amorcer un rattrapage. Il faut commencer quelque part.

C'est aussi pour faire signe à nos patients qu'on pense à eux. Plus souvent qu'autre‐ ment, on a l'impression qu'ils sont laissés à eux-mêmes.

Dr Jean-François Joncas, chirurgien orthopédiste au CHUS

Chaque jour, dans sa pra‐ tique, Dr Joncas rencontre des patients désespérés d'at‐ tendre. Des fois, on ne sait plus si c'est le patient qui est désespéré ou le docteur. On ne sait plus quoi leur dire pour essayer de les rassurer. En plus, comme docteur, on se fait dire par les gestion‐ naires et par les personnes qui nous protègent avec une assurance responsabilité, c'est votre responsabilité de priori‐ ser les cas. Ce n'est pas évident de décider qui va pas‐ ser avant qui.

Une des pires régions du Québec

Selon le Dr Joncas, la ré‐ gion de l'Estrie est l'une des pires au Québec quant au nombre de personnes en at‐ tente d'une chirurgie. On a des restrictions incroyables, surtout à Sherbrooke. On est une des pires régions au Qué‐ bec pour l'accès au bloc opé‐ ratoire. La population de notre région représente à peu près 4 à 5 % de tout le Qué‐ bec, mais on a 12 % des listes d'attente. C'est deux fois et demie ce que ça devrait être.

On est la région, avec l'Ou‐ taouais, qui a le plus grand délai d'attente. En Estrie, la chirurgie orthopédique est la spécialité avec le plus gros vo‐ lume d'attente.

Dr Jean-François Joncas, chirurgien orthopédiste au CHUS

Pour le chirurgien, il ne fait aucun doute que l'améliora‐ tion de l'accès aux salles d'opération aura un impact certain sur la qualité de vie des gens qui attendent. On a des clientèles de tous les âges. On a des patients qui at‐ tendent une opération pour retourner sur le marché du travail. Ça peut être, à l'autre extrême, une personne d'un certain âge qui pourrait vivre une belle vie à sa retraite, mais qui n'est pas capable parce qu'un genou, une hanche l'empêchent de se dé‐ placer.

Le Dr Joncas fait parti d'une coalition canadienne qui invite les patients en at‐ tente d'une chirurgie à faire pression sur leur député fédé‐ ral pour qui, à son tour, fasse pression sur le ministre fédé‐ ral de la santé afin qu'il rem‐ plisse ses promesses. L'argent ne va pas tout régler, mais il faut commencer quelque part.