Dan Bigras ne sera plus porte-parole du Refuge : « l’anxiété ne descend pas avec l’âge »

Dan Bigras a annoncé jeudi sur les réseaux sociaux qu’il ne sera plus le porteparole du Refuge des jeunes de Montréal et qu’il laissera à quelqu’un d’autre la barre du Show du Refuge – qu’il organise de‐ puis 32 ans – après le spec‐ tacle prévu pour le 13 oc‐ tobre. Le chanteur musi‐ cien de 64 ans a expliqué avoir pris cette décision en raison de son âge et de l’an‐ xiété causée par l’organisa‐ tion de ce spectacle-béné‐ fice annuel.

C’est littéralement comme une blonde dont tu es encore éperdument amoureux et avec qui tu ne t’es pas chica‐ né, a résumé Dan Bigras en expliquant les raisons de son départ, motivé en grande par‐ tie par la diminution de son énergie, son combat avec l’an‐ xiété et son souhait d’avoir une belle vieillesse.

Ce n’est pas tellement le cancer, mais plutôt la chimio qui m’a enlevé une partie de mon énergie. L’accident – quand un truck m'est rentré dans le dos et que je n’étais pas protégé parce que j’étais en quatre roues – ça a aussi projeté de l’énergie hors de moi, a-t-il expliqué à fleur de peau jeudi, en entrevue avec Catherine Richer, chroni‐ queuse culturelle à l’émis‐ sion Le 15-18.

Mais aussi honnêtement, il y a aussi le fait que j’ai 64 ans. Je n’ai pas ben ben le choix, ça entre en ligne de compte. Il a poursuivi en évoquant son historique familial et sa géné‐ tique, pas nécessairement adaptée aux grands stress.

La raison pour laquelle je prends ça très au sérieux, c’est que mon père est mort du coeur à 57 ans et mon grandpère à 50. Mais ce n’est pas juste le coeur, c’est leurs émo‐ tions; ils n’ont pas eu de belles vieillesses. Ils ont eu des vieillesses extrêmement tristes.

L’anxiété ne descend pas avec l’âge

Dan

Bigras

le concède d’emblée, une autre person‐ nalité que la sienne n'aurait peut-être pas réagi de la même façon à l’idée de devoir organiser le Show du Refuge ou être porte-parole encore de l’organisme quelques an‐ nées. Il affirme que pour sa part, l’anxiété et sa proximité avec la cause qu’il défendait faisaient en sorte que la tâche semblait de plus en plus lourde à porter.

Je sais que quelque part, il y avait une motivation du fait d’avoir retrouvé mon petit frère dans un fossé, qui m’a un peu propulsé là. Je ne suis pas cave, ça ne ramène pas les morts, mais au lieu d’être quelqu’un d’enragé et qui chialait, je pouvais faire partie d’une gang qui faisait partie d’une solution, a-t-il expliqué.

Donc j’ai vraiment pris [cet engagement à coeur], mais toujours avec l’idée de "Si j’ai écrit un mauvais numéro, que le show de revient pas et que le refuge ferme, c’est de ma faute". J’ai toujours ça sur les épaules.

Il a aussi tenu à faire la dif‐ férence entre l’angoisse passa‐ gère et l’anxiété dont il af‐ firme souffrir et qui l’a finale‐ ment convaincu de lâcher prise.

L’angoisse, tu as un pou‐ voir dessus, tu peux décider de réagir d’une certaine façon, te fâcher ou te calmer. L’anxié‐ té, c'est beaucoup plus diffus et ça a des ramifications beaucoup plus profondes à l’intérieur de toi, beaucoup plus lointaines, trop lointaines pour que tu puisses t’en rap‐ peler, a-t-il affirmé. Tu peux faire 50 psychanalyses et il y a toujours des affaires qui vont t’échapper.

L’idée qu’on devient tous des moines bouddhistes, c’est une joke ça. L’anxiété ne des‐ cend pas avec l’âge.

Dan Bigras

Vivre une belle vieillesse

L’autre grande raison der‐ rière son départ, affirme Dan Bigras, est le fait qu’il pense pouvoir accéder à une vieillesse paisible, contraire‐ ment à son père ou son grand-père. Je vis dans le bois sur le bord d’une rivière, je peux vivre dans mon studio et j’ai une très belle vie, a-t-il expliqué.

Tout en rappelant son en‐ fance difficile, il affirme que la musique et ses divers engage‐ ments lui ont permis de corri‐ ger certaines choses dans sa vie. La cause qui a occupé la moitié de sa vie lui tient tou‐ jours à coeur. Il affirme d’ailleurs qu’il pourrait de‐ meurer consultant pour le Re‐ fuge des jeunes, mais à l’ap‐ proche de ses 65 ans, il sent que l’heure de son implication corps et âme dans l’orga‐ nisme a sonné.

Je pourrais me faire une très belle vieillesse, ce serait con de la gâcher et de tomber malade subitement à cause de trop d’anxiété et trop de pression. J’y tiens et je pense que j’ai le droit de penser un peu à moi.

Refuge, le 13 octobre. L’événe‐ ment-bénéfice, qui sera pré‐ senté pour la première fois à la TOHU, se tiendra devant un public restreint, avec seule‐ ment 500 billets VIP en vente.

Dan Bigras sera accompa‐ gné de Ginette Reno, Isabelle Boulay, Marie-Nicole Lemieux, Guylaine Tanguay, Luce Du‐ fault, Samian, Yama et Lulu Hughes.

Je pense que cette sympa‐ thie-là que j’ai pour les kids va rester là toute ma vie, donc ce n’est pas fini de ce côté-là. Je ne serai juste plus porte-pa‐ role du Refuge et je n’organi‐ serai plus de shows, mais je vais garder les mêmes émo‐ tions, a conclu le chanteur.

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mence quant à lui un nou‐ veau travail dans l’industrie du jeu vidéo. Il espère pouvoir parler de différents thèmes à valeur sociale, pas seulement l’environnement.

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