COVID-19 : le bilan officiel de la Nouvelle-Écosse frôle la barre des 500 décès
Il y a eu 497 morts depuis le début de la pandémie en Nouvelle-Écosse, selon les chiffres officiels des autori‐ tés sanitaires provinciales. Les morts liées à la pandé‐ mie seraient néanmoins beaucoup plus élevées que le bilan provincial, selon une chercheuse.
Tara Moriarty, spécialiste des maladies infectieuses à l’Université de Toronto et co‐ fondatrice de Ressources Ca‐ nada, indique que la Nou‐ velle-Écosse n’a pas fourni la totalité de ses déclarations de décès à Statistique Canada depuis octobre 2021.
Ce retard empêche les chercheurs de se faire une idée précise du nombre de personnes décédées à cause du coronavirus, dit-elle.
Bien que les provinces ca‐ nadiennes comptabilisent leurs propres données offi‐ cielles de morts liées à la CO‐
VID-19, Statistique Canada calcule chaque année la sur‐ mortalité enregistrée à l’échelle du pays.
Ces données peuvent, se‐ lon Tara Moriarty, révéler des décès liés à la COVID-19 qui n’ont pas été signalés par les autorités provinciales et être utiles pour comprendre les conséquences directes et indi‐ rectes d’une pandémie.
Elle évalue qu’au moins 50 % de la surmortalité depuis le début de la crise sanitaire serait liée au virus.
850 décès estimés
Au total, près de 10 000 personnes perdent la vie en Nouvelle-Écosse chaque année. Chaque fois, les données de mortalité sont envoyées à Statistique Cana‐ da.
Devancé par le Manitoba, la Nouvelle-Écosse est la deuxième province qui enre‐ gistre le plus grand retard de transmission des données de mortalité en ce moment à Statistique Canada.
Tara Moriarty avance que la province n’a cependant pas toujours été lente pour sou‐ mettre ses déclarations à l’agence fédérale : ce retard date de la fin de l’automne 2021.
Ce moment coïncide avec l’arrivée de la vague de CO‐ VID-19 la plus meurtrière en‐ registrée en Nouvelle-Écosse. Tara Moriarty souligne que l’envoie des données de mor‐ talité à Statistique Canada ra‐ lentit généralement lors de vagues.
Selon la chercheuse, il se‐ rait plus juste de croire que la Nouvelle-Écosse enregistre environ 850 morts liés à la CO‐ VID-19. Elle estime que 150 d’entre eux ont perdu la vie durant la vague Omicron.
De son côté, la NouvelleÉcosse affirme que plusieurs raisons expliquent le retard de l’envoi des données depuis octobre 2021 à Statistique Ca‐ nada, mais ne précise pas les‐ quelles.
Le ministère de la Santé de la province et Service Nou‐ velle-Écosse déclarent néan‐ moins avoir un plan d’action en cours pour réduire l’arriéré des opérations.
Méthode de comptabili‐ sation des décès
En Nouvelle-Écosse, la comptabilisation des mortali‐ tés liées à la COVID-19 se base de deux façons : les per‐ sonnes infectées par le virus au moment du décès et celles avec des problèmes de santé sous-jacents dont on estime que le virus a joué un rôle lors du décès.
Dans les cas où la cause exacte de la mort est incon‐ nue et dont on soupçonne la présence de la COVID-19, des tests de dépistage sont effec‐ tués pour classifier les cas.
Bien que la NouvelleÉcosse se dit convaincue de l’efficacité de sa façon de pro‐ céder, Tara Moriarty croit que cette approche peut avoir des ratés.
Elle souligne, par exemple, qu’énormément de per‐ sonnes âgées décèdent d’in‐ fections respiratoires sans montrer de symptômes au préalable qu’on associerait normalement à la COVID-19.
Ces personnes ont sou‐ dain de la difficulté à respirer, puis meurent, avance-t-elle. Difficile, dans ce cas, de soup‐ çonner un symptôme de la COVID-19.
Par ailleurs, le tableau de bord provincial pour suivre l’évolution de la présence de la COVID-19 indique que l’âge moyen des personnes qui ont perdu la vie pendant la vague Omicron était de 83 ans.
D’après le reportage de Ri‐ chard Woodbury de CBC