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Énergie et céréales : Poutine brandit ses leviers économique­s contre l’Occident

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L’énergie russe et les cé‐ réales ukrainienn­es sont deux leviers économique­s majeurs de la guerre en Ukraine et Vladimir Pou‐ tine n’a pas hésité à le rap‐ peler lors du Forum écono‐ mique de l’Est, à Vladivos‐ tok. Menaçant d’abord de couper les livraisons de gaz et de pétrole si les pays du G7 vont de l’avant avec le plafonneme­nt des prix, le président russe a ensuite remis en cause l’accord sur la reprise des exportatio­ns de céréales.

Le G7 s’est entendu ven‐ dredi dernier pour mettre en oeuvre dès que possible un plafonneme­nt du prix du pé‐ trole russe. L’objectif : réduire les revenus dont dispose la

Russie pour financer la guerre en Ukraine.

La présidente de la Com‐ mission européenne, Ursula von der Leyen, a aussi propo‐ sé cette mesure à l'Union eu‐ ropéenne (UE) mercredi. À no‐ ter que l’Europe est aux prises avec une flambée des prix de l’énergie, faisant craindre l’arri‐ vée de l’hiver.

Plafonner les prix serait une décision absolument stu‐ pide, a réagi Poutine devant des dirigeants économique­s russes et asiatiques présents à Vladivosto­k mercredi.

Nous ne livrerons rien du tout si c'est contraire à nos in‐ térêts, en l'occurrence écono‐ miques. Ni gaz, ni pétrole, ni charbon [...]. Rien.

Vladimir Poutine

Nous ne fournirons rien en dehors du cadre des contrats signés avec les pays importa‐ teurs, a-t-il précisé.

Washington, Ottawa et Londres ont déjà interdit les importatio­ns de pétrole russe, et Bruxelles a décidé d'un embargo qui sera totale‐ ment appliqué à la fin de 2022. À Berlin, le chancelier Olaf Scholtz, dont le pays est très dépendant au gaz russe, a affirmé que l'Allemagne al‐ lait passer l'hiver avec cou‐ rage et bravoure malgré les risques de pénuries.

Mais la Russie continue de vendre son pétrole sur le mar‐ ché internatio­nal et la flam‐ bée des prix du baril lui a per‐ mis de largement compenser la baisse des volumes.

Le dirigeant russe a appelé les pays européens à revenir à la raison, au moment où des voix s'élèvent en Occident pour accuser la Russie d'utili‐ ser l'énergie comme une arme en représaill­es aux sanctions liées à l'interventi­on militaire russe en Ukraine.

Des accusation­s rejetées mercredi par Vladimir Pou‐ tine : Encore un non-sens!, a-til lancé.

Céréales : les Occiden‐ taux ont trompé la Russie, dit Poutine

Poutine s’est aussi pronon‐ cé sur l’accord pour la reprise des exportatio­ns de céréales, conclu en juillet avec l’Ukraine sous l’égide de la Turquie et de l’ONU. Selon le président russe, seules les cargaisons de deux navires sur 87, transpor‐ tant 60 000 tonnes de pro‐ duits, ont été livrées à des pays pauvres. Le reste, as‐ sure-t-il, a été livré aux pays de l’Union européenne, ce qui serait contraire aux termes de l’entente.

Une fois de plus, les pays en développem­ent ont tout simplement été trompés et continuent de l’être. Il est évident qu'avec cette ap‐ proche, l'ampleur des pro‐ blèmes alimentair­es dans le monde ne fera qu'augmenter [...] ce qui peut conduire à une catastroph­e humanitair­e sans précédent.

Poutine a déclaré qu’il prendra contact avec le pré‐ sident turc Recep Tayyip Erdo‐ gan afin de discuter d’éven‐ tuelles restrictio­ns sur les pays pouvant recevoir des cargaisons de céréales ukrai‐ niennes.

Le ministre ukrainien de l'Agricultur­e a quant à lui affir‐ mé mercredi qu'il n'avait connaissan­ce d'aucune me‐ sure officielle prise par la Rus‐ sie pour modifier les termes de l'accord, qui reste la seule avancée diplomatiq­ue signifi‐ cative depuis le début de l'in‐ vasion de l'Ukraine par les forces de Moscou en février.

Sanctions économique­s

Vladimir Poutine a ensuite abordé la question des diffi‐ cultés économique­s de la Rus‐ sie causées par les sanctions occidental­es, prises à la suite de l’offensive en Ukraine. Se‐ lon lui, si certains problèmes logistique­s demeurent, le pic des difficulté­s est passé.

La situation se normalise [...] Cela se traduit par [une améliorati­on] des indicateur­s macroécono­miques.

Vladimir Poutine

Il soutient notamment que le taux de chômage est au plus bas, à 3,9 % et que l’in‐ flation est à la baisse. En juillet, celle-ci avait atteint 15 % sur un an en Russie, se‐ lon l’agence de statistiqu­es Rosstat.

Il a cependant admis que la hausse des prix représente toujours une certaine menace puisqu’elle « affecte le niveau de vie [des ménages] ».

Il a également concédé des problèmes liés à l'imposition des sanctions occidental­es, en particulie­r dans les entre‐ prises qui étaient approvi‐ sionnées depuis l'Europe.

Les sanctions ont en effet entraîné d'importante­s per‐ turbations logistique­s dans certains secteurs, notamment automobile et technologi­que, qui ne parviennen­t plus à re‐ cevoir les pièces nécessaire­s pour l'assemblage de leurs produits.

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