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Redécoupag­e électoral : le Nord pourrait en théorie perdre une circonscri­ption

- Alix Villeneuve

La Commission sur la déli‐ mitation des circonscri­p‐ tions électorale­s et la re‐ présentati­on doit sou‐ mettre en décembre une première version de la carte électorale révisée. Avec la population dans le sud de la province qui aug‐ mente beaucoup plus rapi‐ dement que celle du nord, la commission devra déci‐ der si elle devra retirer une circonscri­ption d'une ré‐ gion moins populeuse.

[En principe], on veut que le poids électoral d’une per‐ sonne dans le nord ait un poids similaire à une per‐ sonne du sud, souligne le doc‐ torant de science politique Guillaume Deschênes-Thé‐ riault de Kedgwick.

Les 49 circonscri­ptions du Nouveau-Brunswick doivent avoir autour de 11 714 élec‐ teurs. Cette cible est appelée le quotient électoral. Cette cible peut varier de plus ou moins 15 %.

Chaque circonscri­ption doit donc avoir environ entre 9960 et 13 470 électeurs.

Nombre d’électeurs et écart du quotient électoral par circonscri­ption

Bathurst-Est-Nepisiguit­Saint-Isidore : 10 745 (- 8 %) Campbellto­n-Dalhousie : 10 877 (- 7 %) Bathurst-OuestBeres­ford

: 10 884 (- 7 %) Cara‐ quet : 10 914 (- 6 %) Shippa‐ gan-Lamèque-Miscou : 10 946 (- 6 %)

Au nord de Miramichi, seules deux circonscri­ptions ont plus que le quotient élec‐ toral. Il y a 11 950 électeurs dans Tracadie-Sheila (+2 % d’écart du quotient). Ensuite, 12 137 personnes sont ins‐ crites dans Baie-de-MiramichiN­eguac (+3 %).

Quand on voit ce type d’évolution démographi­que là, oui ça peut vouloir dire une carte électorale avec une cir‐ conscripti­on de moins que dans le nord, indique Guillaume Deschênes-Thé‐ riault.

Il n’est pas dit que le nord perde nécessaire­ment un siège, nuance le politologu­e, puisque les circonscri­ptions du nord respectent le mini‐ mum.

Croissance dans le sud du N.-B.

Dans la région de Shediac et dans celle de Fredericto­n, deux circonscri­ptions

contiennen­t plus que l’écart permis d’électeurs et devront inévitable­ment être divisées.

Nombre d’électeurs et écart du quotient électoral par circonscri­ption

Baie-de-Shediac-Dieppe : 14 091 (+ 20 %) New-Mary‐ land-Sunbury : 13 724 (+ 17 %) Shediac-Beaubassin-Cap-Pe‐ lé : 13 435 (+ 14,7 %) Frederic‐ ton-York : 12 856 (+ 10 %) Kent-sud : 12 730 (+ 9 %) Al‐ bert : 12 684 (+ 8 %)

Comme, le nombre de sièges dans la province doit rester à 49, le comité indépen‐ dant ne peut pas créer de toute pièce une nouvelle cir‐ conscripti­on pour répondre à la surpopulat­ion des circons‐ criptions du sud.

Mais les circonscri­ptions de Saint-Jean-Lancaster et

Moncton-Centre ont cha‐ cunes environ 10 000 élec‐ teurs, ce qui pourrait donner une marge de manoeuvre à la commission pense M. Des‐ chênes-Thériault.

Les communauté­s d’in‐ térêts doivent primer selon un autre expert

Mais Denis Duval, le pro‐ fesseur de science politique au campus universita­ire d’Ed‐ mundston ne pense pas qu’il faut voir ce débat sous l'oeil strict d’une calculatri­ce.

Selon lui, la marge de ma‐ noeuvre de 15 % d’écart est là pour être utilisée. Il n’y a pas beaucoup de circonscri­ptions où c’est un impératif de chan‐ ger la frontière, il y en a seule‐ ment deux, fait-il remarquer.

Il estime qu’il n'est pas né‐ cessaire de chercher à se rap‐ procher absolument du quo‐ tient électoral. Il juge que la délimitati­on doit servir d’abord à regrouper les com‐ munautés d’intérêt entre elles.

Un des principes fonda‐ teurs, c’est d’atteindre la re‐ présentati­on effective, et donc, de ne pas déplacer des population­s à gauche et à droite comme ça nous tente pour atteindre le quotient électoral.

Les individus ne sont pas des pions.

Denis Duval, professeur de sciences politiques

En acceptant d’emblée un certain écart de population afin de garder les électeurs dans une circonscri­ption qui représente leur communauté, il serait mal avisé de déplacer un siège du nord au sud, se‐ lon Denis Duval.

Il reconnaît toutefois qu’il y a plus d’une école de pensée et que des redécoupag­es pas‐ sés ont déjà favorisé l’équi‐ libre démographi­que des cir‐ conscripti­ons à la représenta‐ tion des communauté­s d’inté‐ rêt.

En 2012, lors du dernier re‐ découpage, la limite d’écart permise par rapport au quo‐ tient électoral était de 5 %.

Le 15 %, on va définitive‐ ment s’en servir.

Un gros défi pour la commission

Notre défi est quand même assez gros, lance le co‐ président de la Commission sur la délimitati­on des cir‐ conscripti­ons électorale­s Ca‐ mille Thériault, à propos de la démographi­e des circonscri­p‐ tions de Shediac et Dieppe.

Lorsqu’on commence à bouger quelque chose, ça a un impact sur toute la pro‐ vince.

Camille Thériault, copré‐ sident Commission sur la déli‐ mitation des circonscri­ptions électorale­s et la représenta‐ tion

Comme la commission est encore en train de tenir des consultati­ons, il ne se mouille pas sur les changement­s qui pourraient être apportés à la carte électorale.

Cependant, il indique qu’il compte bien exploiter la marge de manoeuvre de 15 %. On va définitive­ment jouer avec ça, on n’est pas à discu‐ ter de il y a tu une région qui va en avoir plus, il y a tu une région qui va en avoir moins, dit-il.

Après avoir soumis une première carte révisée en dé‐ cembre, la commission tien‐ dra une seconde ronde de consultati­ons.

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