Redécoupage électoral : le Nord pourrait en théorie perdre une circonscription
La Commission sur la déli‐ mitation des circonscrip‐ tions électorales et la re‐ présentation doit sou‐ mettre en décembre une première version de la carte électorale révisée. Avec la population dans le sud de la province qui aug‐ mente beaucoup plus rapi‐ dement que celle du nord, la commission devra déci‐ der si elle devra retirer une circonscription d'une ré‐ gion moins populeuse.
[En principe], on veut que le poids électoral d’une per‐ sonne dans le nord ait un poids similaire à une per‐ sonne du sud, souligne le doc‐ torant de science politique Guillaume Deschênes-Thé‐ riault de Kedgwick.
Les 49 circonscriptions du Nouveau-Brunswick doivent avoir autour de 11 714 élec‐ teurs. Cette cible est appelée le quotient électoral. Cette cible peut varier de plus ou moins 15 %.
Chaque circonscription doit donc avoir environ entre 9960 et 13 470 électeurs.
Nombre d’électeurs et écart du quotient électoral par circonscription
Bathurst-Est-NepisiguitSaint-Isidore : 10 745 (- 8 %) Campbellton-Dalhousie : 10 877 (- 7 %) Bathurst-OuestBeresford
: 10 884 (- 7 %) Cara‐ quet : 10 914 (- 6 %) Shippa‐ gan-Lamèque-Miscou : 10 946 (- 6 %)
Au nord de Miramichi, seules deux circonscriptions ont plus que le quotient élec‐ toral. Il y a 11 950 électeurs dans Tracadie-Sheila (+2 % d’écart du quotient). Ensuite, 12 137 personnes sont ins‐ crites dans Baie-de-MiramichiNeguac (+3 %).
Quand on voit ce type d’évolution démographique là, oui ça peut vouloir dire une carte électorale avec une cir‐ conscription de moins que dans le nord, indique Guillaume Deschênes-Thé‐ riault.
Il n’est pas dit que le nord perde nécessairement un siège, nuance le politologue, puisque les circonscriptions du nord respectent le mini‐ mum.
Croissance dans le sud du N.-B.
Dans la région de Shediac et dans celle de Fredericton, deux circonscriptions
contiennent plus que l’écart permis d’électeurs et devront inévitablement être divisées.
Nombre d’électeurs et écart du quotient électoral par circonscription
Baie-de-Shediac-Dieppe : 14 091 (+ 20 %) New-Mary‐ land-Sunbury : 13 724 (+ 17 %) Shediac-Beaubassin-Cap-Pe‐ lé : 13 435 (+ 14,7 %) Frederic‐ ton-York : 12 856 (+ 10 %) Kent-sud : 12 730 (+ 9 %) Al‐ bert : 12 684 (+ 8 %)
Comme, le nombre de sièges dans la province doit rester à 49, le comité indépen‐ dant ne peut pas créer de toute pièce une nouvelle cir‐ conscription pour répondre à la surpopulation des circons‐ criptions du sud.
Mais les circonscriptions de Saint-Jean-Lancaster et
Moncton-Centre ont cha‐ cunes environ 10 000 élec‐ teurs, ce qui pourrait donner une marge de manoeuvre à la commission pense M. Des‐ chênes-Thériault.
Les communautés d’in‐ térêts doivent primer selon un autre expert
Mais Denis Duval, le pro‐ fesseur de science politique au campus universitaire d’Ed‐ mundston ne pense pas qu’il faut voir ce débat sous l'oeil strict d’une calculatrice.
Selon lui, la marge de ma‐ noeuvre de 15 % d’écart est là pour être utilisée. Il n’y a pas beaucoup de circonscriptions où c’est un impératif de chan‐ ger la frontière, il y en a seule‐ ment deux, fait-il remarquer.
Il estime qu’il n'est pas né‐ cessaire de chercher à se rap‐ procher absolument du quo‐ tient électoral. Il juge que la délimitation doit servir d’abord à regrouper les com‐ munautés d’intérêt entre elles.
Un des principes fonda‐ teurs, c’est d’atteindre la re‐ présentation effective, et donc, de ne pas déplacer des populations à gauche et à droite comme ça nous tente pour atteindre le quotient électoral.
Les individus ne sont pas des pions.
Denis Duval, professeur de sciences politiques
En acceptant d’emblée un certain écart de population afin de garder les électeurs dans une circonscription qui représente leur communauté, il serait mal avisé de déplacer un siège du nord au sud, se‐ lon Denis Duval.
Il reconnaît toutefois qu’il y a plus d’une école de pensée et que des redécoupages pas‐ sés ont déjà favorisé l’équi‐ libre démographique des cir‐ conscriptions à la représenta‐ tion des communautés d’inté‐ rêt.
En 2012, lors du dernier re‐ découpage, la limite d’écart permise par rapport au quo‐ tient électoral était de 5 %.
Le 15 %, on va définitive‐ ment s’en servir.
Un gros défi pour la commission
Notre défi est quand même assez gros, lance le co‐ président de la Commission sur la délimitation des cir‐ conscriptions électorales Ca‐ mille Thériault, à propos de la démographie des circonscrip‐ tions de Shediac et Dieppe.
Lorsqu’on commence à bouger quelque chose, ça a un impact sur toute la pro‐ vince.
Camille Thériault, copré‐ sident Commission sur la déli‐ mitation des circonscriptions électorales et la représenta‐ tion
Comme la commission est encore en train de tenir des consultations, il ne se mouille pas sur les changements qui pourraient être apportés à la carte électorale.
Cependant, il indique qu’il compte bien exploiter la marge de manoeuvre de 15 %. On va définitivement jouer avec ça, on n’est pas à discu‐ ter de il y a tu une région qui va en avoir plus, il y a tu une région qui va en avoir moins, dit-il.
Après avoir soumis une première carte révisée en dé‐ cembre, la commission tien‐ dra une seconde ronde de consultations.