Fibre optique entre Dawson et Inuvik : les Tr’ondëk Hwëch’in veulent l’arrêt des travaux
La Première Nation Tr'ondëk Hwëch'in a retiré son soutien au projet de construction de la ligne de fibre optique le long de la route Dempster, entre Dawson et Inuvik, et de‐ mande l'arrêt immédiat des travaux commencés l’an dernier, dans une lettre adressée au gouver‐ nement du Yukon.
Il n’y a tout simplement pas eu de véritable collabora‐ tion dans ce projet, considère Roberta Joseph, la cheffe de la Première Nation Tr'ondëk Hwëch'in.
Nous avons été impliqués dans ce projet depuis sa créa‐ tion et avons eu d’innom‐ brables discussions avec le gouvernement du Yukon et Northwestel et lorsque le pro‐ jet est passé à l’étape du dé‐ veloppement nous en avons eu d’autres pour nous assurer que nous aurions des retom‐ bées , explique la cheffe. Ces retombées attendues ne se sont pas concrétisées, selon elle.
Le prestataire devait four‐ nir environ 3500 heures de travail et, au total, on en compte seulement 400, re‐ grette-t-elle, en ajoutant que l’an dernier il n’y avait qu’un seul membre de la Première
Nation qui travaillait sur le projet et que les entreprises locales n’ont pas été impli‐ quées.
À ce manquement, s'ajoutent également des inci‐ dents qui ont poussé la Pre‐ mière Nation à se faire en‐ tendre. Une fuite de 100 litres de carburant aurait été constatée lors des travaux sans que le prestataire pré‐ vienne le gouvernement de la Première Nation Tr'ondëk Hwëch'in. D’après la cheffe Roberta Joseph, celle-ci n’au‐ rait ainsi été informée qu’après résolution du pro‐ blème.
Notre peuple et nos aînés considèrent la région de la [route] Dempster comme sa‐ crée, où l'on entend préserver l'intégrité culturelle du site, et nous voulons nous assurer que tout projet dans cette ré‐ gion fasse l’objet de toute l’at‐ tention qu’elle mérite pour que ce genre de choses n’ar‐ rivent pas.
Roberta Joseph, cheffe, Première Nation Tr'ondëk Hwëch'in
Dans la zone traversée par les travaux, il est possible de trouver des lieux de sépul‐ tures ou des artefacts et la cheffe affirme que deux sites ont été dérangés sans que la Première Nation ait été aver‐ tie. Pour elle, ce genre d’inci‐ dent aurait pu être évité si celle-ci avait fait partie du pro‐ jet.
Les sites auraient été iden‐ tifiés avant les travaux, mais les entrepreneurs n’auraient pas marqué les secteurs en question sur le terrain. Pour moi, les entreprises ne prennent donc pas au sérieux l’importance de ne pas déran‐ ger les sites patrimoniaux, ajoute-t-elle.
Le gouvernement s'en‐ gage à rencontrer les Tr’ondëk Hwëch’in
La Première Nation avait exprimé ses inquiétudes dès le mois de septembre 2021, mais il n’y a eu aucun effort du gouvernement du Yukon, aucun effort politique pour rectifier cette situation, conclut-elle.
Le gouvernement du Yu‐ kon, dans une déclaration mercredi, indique pour sa part que les discussions ont été constantes depuis le dé‐ but du projet. Il explique que des mesures d'atténuation sont en place, appuyées par divers examens environne‐ mentaux, y compris le proces‐ sus de la Commission d'éva‐ luation environnementale et socioéconomique du Yukon, ainsi que par des consulta‐ tions sur ce projet.
Il entend ainsi poursuivre ces discussions avec la Pre‐ mière Nation Tr'ondëk Hwëch'in, s’engageant à les rencontrer pour répondre à leurs préoccupations et discu‐ ter de solutions potentielles.
Avec des informations de George Maratos