Loi 7 : certains aînés craignent de revivre leur traumatisme des pensionnats autochtones
Le député provincial néodémocrate de Kiiweti‐ noong, Sol Mamakwa, a vi‐ vement critiqué mardi les modalités de la loi 7 lors de la période de questions à Queen’s Park. Selon lui, le projet de loi adopté il y a moins d’une semaine for‐ cerait des survivants des pensionnats autochtones à revivre des expériences traumatisantes.
En vertu de la nouvelle lé‐ gislation, des patients âgés ju‐ gés aptes à quitter l'hôpital peuvent être transférés tem‐ porairement, contre leur gré, dans un centre de soins de longue durée qu'ils n'ont pas choisi.
Garnet Angeconeb, un aî‐ né autochtone hospitalisé de‐ puis plusieurs mois au Centre de santé Meno Ya Win de Sioux Lookout, situé à 400 ki‐ lomètres au nord-ouest de Thunder Bay, a envoyé une lettre au bureau du premier ministre Doug Ford afin de partager son opposition à la loi.
M. Angeconeb est un sur‐ vivant de pensionnat en fin de vie. Il doit encore subir une institutionnalisation en raison de la loi 7. Ce n’est pas correct. Ma question c’est : est-ce une solution humaine d’éloigner nos aînés de leur famille ? a demandé M. Mamakwa à l'As‐ semblée législative mardi.
Le projet de loi a été adop‐ té malgré les critiques des partis d'opposition et de groupes de défense des aînés. Le ministre des Soins de longue durée de l'Ontario, Paul Calandra, a défendu mar‐ di que les « aînés méritent la meilleure qualité de soins possibles. »
La loi 7 assure une meilleure qualité des soins au bon moment et au bon en‐ droit, a-t-il répondu. La loi ne dit pas explicitement que ces patients peuvent être contraints physiquement de se déplacer et ne précise pas ce qui arrivera s'ils refusent.
Cette loi est cruelle
Dans sa lettre, M. Angeco‐ neb déplore le fait que la loi force les aînés autochtones et, plus précisément, les survi‐ vants des pensionnats au‐ tochtones à revivre des épi‐ sodes traumatisants de leur vie.
Cette loi est cruelle envers les patients ayant besoin de soins alternatifs que je vois ici au quotidien, estime-t-il.
J’ai vécu un cycle vicieux. En tant qu’enfant, on m’a en‐ levé de mes parents, de mes proches et de ma communau‐ té. Avec cette loi, on pourrait m’enlever à nouveau de ma famille, de mes enfants, de mes petits-enfants et de ma communauté.
Garnet Angeconeb, aîné autochtone
Dans un courriel, un porteparole du ministère des Soins de longue durée indique que les services de soutien à do‐ micile et en milieu commu‐ nautaire prennent plusieurs facteurs en considération avant de déplacer un patient.
Ceci veut dire que les pré‐ férences culturelles, linguis‐ tiques et religieuses d’un pa‐ tient autochtone, de même que sa proximité de ses proches, sont prises compte, explique-t-il.
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Des promesses pour le Nord
Le gouvernement Ford prévoir dépenser 6,4 mil‐ liards $ pour ajouter plus de 30 000 nouveaux lits de soins de longue durée et améliorer 28 000 autres lits à travers la province.
Nous avons investi énor‐ mément dans les soins de longue durée du Nord parce que nous voulons nous assu‐ rer d’éliminer l’écart entre le Nord et les régions urbaines et rurales du système de san‐ té, a déclaré le ministre Calan‐ dra mardi.
Cependant, des commu‐ nautés comme Sioux Lookout attendent toujours d’obtenir des lits qui ont été promis en 2018. Le maire sortant de la communauté, Doug La‐ wrance, a partagé ses craintes au ministre lors d’une ren‐ contre à Ottawa en juillet, mais dit n'être reparti avec rien.
Alors que les villes du Sud sont proches l’une de l’autre, Garnet Angeconeb souligne que les aînés autochtones de Sioux Lookout pourraient vivre un stress additionnel s’ils doivent quitter leur ré‐ gion éloignée.
Je me sens près de chez moi ici et c'est là où je sou‐ haite vivre, avec ma famille et mes petits-enfants, indique M. Angeconeb. Mais en raison de cette loi, je pourrais être forcé à déménager, ce que je ne veux vraiment pas faire.
Il demande à la province de consulter les patients du Nord de l’Ontario. Selon lui, il serait plus facile de fournir des services additionnels.
Pour sa part, M. Mamakwa demande au gouvernement d’abandonner la loi 7. Il pro‐ pose dans un communiqué de répondre à la crise du sec‐ teur de la santé en améliorant l’accès à des soins dans le Nord et dans les communau‐ tés rurales et en embauchant plus de travailleurs.
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D'après les informations de Heather Kitching de CBC