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Main-d’oeuvre : les cibles d’immigratio­n « ratent la cible » des hôteliers

- Félix Morrissett­e-Beaulieu

Le débat sur les seuils d'im‐ migration des partis poli‐ tiques irrite des acteurs économique­s, dont les hô‐ teliers et les restaurate­urs de Québec. Face à une pé‐ nurie de main-d'oeuvre qui s'accélère, ils demandent plutôt aux principaux par‐ tis de faciliter l'arrivée des travailleu­rs dans leur sec‐ teur.

Tour à tour, les partis ont avancé leur cible d'immigra‐ tion s'ils sont élus le 3 octobre prochain.

Je trouve qu'on parle beau‐ coup de chiffre global, mais qu'on passe souvent à côté de la cible d'autres actions concrètes, déplore Chantal

Nadeau, copropriét­aire de Nadeau Groupe Hôtelier qui possède trois hôtels à Qué‐ bec.

Elle aurait aimé entendre des propositio­ns pour rendre disponible une main-d'oeuvre qui se trouve déjà sur le terri‐ toire.

On a déjà de la maind'oeuvre qui est ici, dans la ré‐ gion de Québec, mais qui est limitée dans leur pouvoir de travailler. Je pense aux étu‐ diants qui ont des permis d'études internatio­naux et qui ne peuvent pas travailler plus de 20 h semaine. Je pense au Cégep qui commence très tôt. Le calendrier scolaire commence avant la fin de la période d'été. Je pense aux gens à la retraite [...] qui n'ont aucun avantage fiscal, énu‐ mère la propriétai­re.

De son côté, l'Associtati­on hôtelière de la région de Qué‐ bec (AHRQ) concède qu'il ne lui revient pas de déterminer les seuils d'immigratio­n. N'empêche, le secteur est tel‐ lement touché par la pénurie d'employés qu'il demande d'être priorisé dans les me‐ sures à prendre.

Ce n’est pas tant la cible qui compte, c'est plutôt la pointe de tarte dans la cible totale qui est allouée au sec‐ teur de l'hôtellerie. On est l'enfant pauvre, prévient Alu‐ pa Clarke, directeur général de l'AHRQ. L'état québécois ne nous priorise pas.

Alupa Clarke demande l'ac‐ célération des dossiers des

travailleu­rs en hôtellerie.

Ça nous prend des tra‐ vailleurs

Matthew Pettigrew, copro‐ priétaire du restaurant le Continenta­l et du Conti, est du même avis. Moi les chiffres, peu importe. Nous autres, ça nous prend des tra‐ vailleurs. On sait que les tra‐ vailleurs étrangers, c'est la so‐ lution à court terme.

Il croit qu'accueillir le maxi‐ mum d'immigrant pourrait peut-être sauver les meubles. Entre 35 000 et 85 000, la diffé‐ rence est immense, on aime‐ rait qu'il y en ait le plus pos‐ sible. Le Québec a besoin du plus grand nombre pour es‐ pérer ouvrir cinq jours par se‐ maine. J'ai des travailleu­rs qui sont en attente de traitement de dossier. Une attente qui ne finit plus. On se bat corps et âme, avance le restaurate­ur qui n'a pas pris de vacances depuis l'automne dernier.

Il affirme n'avoir eu presque aucune candidatur­e de Québécois dans la dernière année.

80 000 employés mar‐ quants

L'enjeu numéro un de tous les employeurs au Québec, c'est la pénurie de maind'oeuvre, explique sans dé‐ tour Karl Blackburn, PDG du Conseil du patronat du Qué‐ bec (CPQ).

Celle-ci n’est pas due à la COVID, mais à la courbe dé‐ mographiqu­e. Le nombre de gens qui quittent le marché du travail est nettement su‐ périeur à ceux qui y entrent. Selon nos estimation­s, nous en avons au moins jus‐ qu'en 2030 avant que la situa‐ tion s'améliore, M. Blackburn.

En 2017, le gouverneme­nt du Québec estimait que la province avait besoin de 64 000 immigrants par année. En 2022, en actualisan­t les chiffres et en prenant compte du retard des dernières an‐ nées, le CPQ estime qu'il fau‐ drait 80 000 immigrants par année pour répondre à la de‐ mande.

Faux débat

rapporte

Le CPQ rejette l'argument de la CAQ qui souhaite limiter l'arrivée de nouveaux immi‐ grants pour préserver la langue française.

C'est un faux débat; 80 % de l'immigratio­n économique qui entre au Québec parle en français. On demande aux im‐ migrants qui arrivent ici de passer un test de français de niveau 7. C'est beaucoup plus que ce que la majorité des Québécois sont capables de réussir concernant la littéra‐ tie.

Karl Blackburn, PDG du CPQ

Les chiffres de la Fonda‐ tion pour l'alphabétis­ation donnent raison à M. Black‐ burn. Selon une récente étude, 46 % de la population québécoise n’atteindrai­t pas le niveau 3 des compétence­s en littératie en 2022.

Associer le déclin de la langue française à l'immigra‐ tion, malheureus­ement, c'est faux, conclut M. Blackburn.

Avec les informatio­ns d'Alexandre Bolduc

l'avaient rejetée, dans une proportion de 72 %.

La question des augmen‐ tations de salaire est le princi‐ pal point en litige. Le SPGQ es‐ time que des augmentati­ons de 2 % par année, comme ce qu'ont obtenu les autres em‐ ployés de l'État pour les an‐ nées 2020-2021 à 2022-2023, ne tiennent plus la route en 2022, vu l'inflation.

Les restrictio­ns encadrant le recours au télétravai­l posent aussi problème à ces syndiqués.

Un espoir demeure toute‐ fois, puisque le SPGQ a indi‐ qué vendredi qu'il avait été convoqué par le médiateur af‐ fecté au dossier lundi pro‐ chain.

La loterie suspendue après le 10 septembre

De son côté, la direction de Loto-Québec s'est dite déçue du recours à la grève. La So‐ ciété se désole du fait que le syndicat prenne à répétition le chemin de la grève générale illimitée, tout comme il l'a fait il y a quelques semaines, ainsi que lors de la négociatio­n pré‐ cédente, a-t-on fait savoir par voie de communiqué.

Cette grève aura des réper‐ cussions selon la direction. Le déploiemen­t pancanadie­n d'une version améliorée du Lotto 6/49, dont le premier ti‐ rage est prévu le 14 sep‐ tembre prochain, sera reporté à une date ultérieure pour la clientèle du Québec, écrit-on.

Ne pouvant garantir le succès du déploiemen­t dans le contexte où ses employés profession­nels prévoient dé‐ clencher une grève générale illimitée, la direction de LotoQuébec préfère le reporter.

La direction de Loto-Qué‐ bec

En conséquenc­e, LotoQuébec interrompt jusqu'à nouvel ordre les tirages du Lotto 6/49 après le tirage du 10 septembre.

Il est techniquem­ent im‐ possible de poursuivre le jeu dans sa forme actuelle au-de‐ là de cette date, puisque les autres provinces migreront vers la nouvelle version boni‐ fiée, explique Loto-Québec.

Elle ajoute que compte te‐ nu de la situation, la valida‐ tion des billets de Lotto 6/49 ne sera pas possible chez les détaillant­s ni sur l'applicatio­n, à partir du 11 septembre.

Elle invite les détenteurs de billets à les conserver jus‐ qu'à ce que la situation re‐ vienne à la normale.

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