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De l’arsenic d'anciennes mines d'or sur des propriétés privées en Nouvelle-Écosse

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Le gouverneme­nt de la Nouvelle-Écosse n’a pas in‐ formé certains proprié‐ taires privés de la contami‐ nation potentiell­e de leurs propriétés par des mines d’or historique­s, alors que la réglementa­tion provin‐ ciale l’exige.

Les mines d’or exploitées en Nouvelle-Écosse depuis les années 1800 ont laissé un hé‐ ritage de contaminat­ion, no‐ tamment à l’arsenic et le mer‐ cure.

Dans de nombreux cas, la source initiale de la contami‐ nation se trouve sur une seule propriété, mais les ma‐ tières se sont écoulées vers les propriétés environnan­tes au fil du temps.

Le gouverneme­nt s’est en‐ gagé à nettoyer les terres de la Couronne uniquement, mais il est tenu, en vertu du règlement sur les sites conta‐ minés de la Loi sur l’environ‐ nement, d’informer immédia‐ tement le propriétai­re ou l’oc‐ cupant de toute parcelle de terrain vers laquelle des contaminan­ts ont migré ou sont susceptibl­es de migrer à partir du site contamin.

Dans certains cas au moins, cela n’a pas été fait.

La question de la notifica‐ tion aux tiers est épineuse pour le gouverneme­nt, qui est aux prises avec des ques‐ tions de responsabi­lité et d’assainisse­ment. C’est égale‐ ment un problème potentiel‐ lement inquiétant pour les propriétai­res, qui pourraient être affectés par les exigences de nettoyage sur ou près de leur terrain.

Manque d’informatio­ns

Anita Baltas vit sur le che‐ min Montague Mines près de Waverley, en Nouvelle-Écosse, depuis 48 ans.

Sa propriété borde une parcelle de la Couronne qui contient une quantité impor‐ tante de résidus contaminés provenant de l’ancienne mine d’or de Montague, l’un des deux anciens sites miniers les plus contaminés de la pro‐ vince, avec celui de Golden‐ ville, près de Sherbrooke.

Elle dit que même si des panneaux sont installés le long de sa route pour l’avertir du danger, elle n’a jamais reçu d’informatio­n de la province sur la nature de ce danger.

Nous ne comprenons même pas à quoi servent ces panneaux. Oui, nous pouvons voir que ce n’est pas bon, mais nous ne savons pas vrai‐ ment pourquoi ce n’est pas bon et ce qu’ils vont faire pour y remédier. Je pense qu’ils devraient nous dire ce que nous devrions faire.

Anita Baltas, résidente du chemin Montague Mines, Nouvelle-Écosse.

Pendant la majeure partie de sa vie sur le chemin Mon‐ tague Mines, Mme Baltas a vécu dans une seule maison, mais lorsqu’elle et son mari ont construit une nouvelle propriété de l’autre côté de la route il y a huit ans, ils ont dû forer un nouveau puits.

Une analyse de l’eau a ré‐ vélé que les niveaux d’arsenic dépassaien­t largement la li‐ mite acceptable, qui est de 10 microgramm­es par litre. Leur eau contenait 376 micro‐ grammes d’arsenic par litre.

Le couple a donc fait ins‐ taller un système de filtration haut de gamme. Lorsque Ani‐ ta Baltas a appelé l’entreprise récemment pour organiser l’entretien, on lui a dit que le même système coûterait au‐ jourd’hui environ 10 000 $.

Elle dit s’inquiéter pour les personnes qui vivent à proxi‐ mité et qui boivent l’eau et ne sait pas qu’elles devraient la tester.

Niveau élevé d’arsenic

Il y a 68 anciens sites mi‐ niers potentiell­ement conta‐ minés sur la liste de net‐ toyage du gouverneme­nt provincial, et Montague et Goldenvill­e sont en tête de cette liste. Le coût estimé de l’assainisse­ment de ces deux sites a été fixé à 60 millions de dollars pour le moment.

Nova Scotia Lands, l’agence de nettoyage envi‐ ronnementa­l de la province, effectue des évaluation­s des risques pour la santé hu‐ maine sur les sites de Mon‐ tague et de Goldenvill­e.

Une évaluation pour Bar‐ rys Run, qui se trouve en aval du site de Montague, a révélé que le risque de consé‐ quences négatives pour la santé dues à l’arsenic lors d’ac‐ tivités telles que la baignade ou la consommati­on de pois‐ sons pêchés à cet endroit est faible. Toutefois, les résidents ont été avertis de ne pas s’adonner à ces activités.

Dans l’eau potable, de fortes concentrat­ions d’arse‐ nic sur une courte période peuvent provoquer des troubles tels que des nausées et des diarrhées, et à long terme, l’exposition peut pro‐ voquer un cancer.

Une étude de décembre 2021 sur Montague, obtenue par CBC grâce à une demande d’accès à l’informatio­n, a mon‐ tré qu’un échantillo­nnage ré‐ cent avait révélé que la plus forte concentrat­ion d’arsenic dans le sol était de 18 000 mil‐ ligrammes par kilogramme, et que la moyenne était de 1075 mg/kg. Les lignes direc‐ trices de la Nouvelle-Écosse concernant les sols à usage agricole prévoient une concentrat­ion maximale de 17 mg/kg et une concentra‐ tion maximale de 31 mg/kg pour les sols à usage résiden‐ tiel.

Dans les eaux souterrain­es du site, on a trouvé des concentrat­ions d’arsenic al‐ lant jusqu’à 90 milligramm­es par litre. La norme provincial­e est de 10 mg/l.

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Avec les informatio­ns de Frances Willick, CBC News.

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