Radio-Canada Info

La France renonce à extrader le prêtre Rivoire

- Julie Plourde

La France a annoncé qu’elle n’allait pas extrade le prêtre Johannes Rivoire, accusé d’agressions sexuelles sur de jeunes en‐ fants inuit vers le Canada.

Selon l’Agence FrancePres­se, cette annonce aurait été faite par le ministre fran‐ çais de la Justice, Éric DupondMore­tti, à la délégation inuit qui s’est rendue en France cette semaine pour deman‐ der l’extraditio­n du prêtre.

Conforméme­nt à sa tradi‐ tion constituti­onnelle, la France n’extrade pas ses na‐ tionaux, a déclaré Éric Du‐ pond-Moretti à l’AFP.

Au Canada, le prêtre Jo‐ hannes Rivoire est accusé d’agressions sexuelles qu’il au‐ rait commises dans les an‐ nées 1960 et 1970 dans plu‐ sieurs communauté­s inuit. Le Canada a envoyé une de‐ mande d’extraditio­n à la France au mois de juillet, pour que le prêtre soit traduit en justice en sol canadien.

Dur coup pour la déléga‐ tion

La présidente de Nunavut Tunngavik Inc. (NTI), Aluki Ko‐ tierk, a raconté aux médias que ces rencontres avaient été très décevantes.

Il est clair qu’il n’y a pas de volonté politique d’extrader les ressortiss­ants français.

Aluki Kotierk, présidente de Nunavut Tunngavik Inc.

Lieve Halsberghe, une mili‐ tante belge qui accompagne la délégation, est déçue. Elle dit que les rencontres ont été difficiles mardi et qu'elles ont réduit à néant les espoirs de la délégation de pouvoir faire traduire en justice l’homme accusé de crimes sexuels en‐ vers des Inuit.

Cela été difficile de faire face à cette réalité, à cette réa‐ lité de la loi qui peut être gla‐ ciale.

Lieve Halsberghe, membre de l’associatio­n Survivors Net‐ work of those Abused by Priests (SNAP)

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Elle ajoute que la déléga‐ tion a aussi appris que la France ne pouvait pas non plus poursuivre le prêtre Ri‐ voire au nom du Canada, car, pour cela, le pays devrait faire appliquer ses propres lois. Or, en France, le délai de prescrip‐ tion est déjà expiré pour un dossier comme celui du prêtre Rivoire.

Le Canada toujours en attente d’une réponse offi‐ cielle

Mardi, le ministère de la Justice du Canada a dit qu'il n'avait pas encore reçu de ré‐ ponse de la France en ce qui concerne sa demande d’extra‐ dition.

Les demandes d'extradi‐ tion sont des communica‐ tions confidenti­elles d'État à État, et le Canada ne fait pas de commentair­es sur ces de‐ mandes. Toutefois, en raison des circonstan­ces exception‐ nelles de cette affaire, le mi‐ nistère de la Justice du Cana‐ da a confirmé qu'une de‐ mande d'extraditio­n a été faite à la France à l'égard de M. Rivoire. Nous n'avons pas encore reçu de réponse de la France, a indiqué le ministère de la Justice dans un courriel.

La délégation poursuit son voyage

La délégation, composée de représenta­nts de NTI, et de victimes alléguées du prêtre Rivoire, poursuit son voyage en France cette se‐ maine.

Elle a rencontré la prési‐ dente de la Conférence des religieux et religieuse­s de France, qui représente 450 instituts ou congréga‐ tions catholique­s, Véronique Margron, et l'adjoint du res‐ ponsable des Oblats de Ma‐ rie-Immaculée (OMI), congré‐ gation dont fait partie Jo‐ hannes Rivoire.

Mercredi, la délégation rencontrer­a aussi le respon‐ sable des OMI, au siège de la congrégati­on, à Lyon, où ré‐ side Johannes Rivoire. Selon Véronique Margron, ce der‐ nier aurait accepté pour le moment de s’entretenir avec la délégation.

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