Radio-Canada Info

Un linceul de fleurs pour les jardins de Londres

- Émilie Dubreuil

Valery Carlisle tient un joli bouquet de fleurs dans ses mains frêles, un arrange‐ ment soigné, dans les teintes de crème et de bleu. La dame venue d’Ir‐ lande pour saluer la mé‐ moire de sa reine est très émue.

Je me souviens bien de son couronneme­nt. J’avais quatre ans et mes parents m’avaient laissée regarder l’événement à la télévision. C’était ma reine, dit-elle, les yeux embués.

Avant de pouvoir déposer son bouquet parmi tous les autres dans Green Park, im‐ mense espace vert derrière le palais, Valery Carlisle, comme les autres, doit attendre dans une courte file. Et elle ne rous‐ pète pas, car c’est pour une bonne cause.

Des employés des parcs royaux doivent retirer les ru‐ bans et les emballages de plastique qui enrobent les bouquets pour les mettre dans d’immenses bacs de re‐ cyclage avant de laisser les gens pénétrer sur le site.

C’est formidable. Cela gar‐ dera nos fleurs et nos arbres vivants, le vert sera plus vert. Nous adorons les plantes en Grande Bretagne, dit-elle.

Jo Scrivener lui rend son bouquet. L’homme travaille comme contremaît­re pour les parcs royaux de Londres, gé‐ néralement d’anciennes ré‐ serves de chasse de la famille royale mises à la dispositio­n du public. On en compte huit dans le Grand Londres. Ces espaces verts qui appar‐ tiennent à la Couronne tota‐ lisent 22 km2.

Toutes ces fleurs seront transporté­es au fur et à me‐ sure dans le jardin de Ken‐ sington, où nous avons un grand site de compostage. L’employé des parcs royaux, horticulte­ur de formation, ex‐ plique à quel point les Britan‐ niques valorisent l’art de jardi‐ ner. Nous sommes tous des amateurs de botanique! ex‐ plique Jo Scrivener.

Deux cents bénévoles en‐ cadrés par la Ville de Londres sont là pour aiguiller les visi‐ teurs aux bras chargés de fleurs.

C’est ma première journée comme bénévole ici, avec mon dossard mauve, et je suis super excité, confie Ca‐ lum West, 29 ans. Je voulais prendre part à l’histoire. Et j’y suis. Je vis ce moment ico‐ nique. Et je n’avais jamais vu autant de fleurs de ma vie. C’est incroyable.

Depuis l’annonce de la mort d’Élisabeth, il a fait plu‐ tôt chaud à Londres. Dans les jardins du palais, une odeur capiteuse enveloppe les visi‐ teurs. Des fleurs fanées ont déjà été retirées du site pour faire place à de nouvelles. Ain‐ si va la vie. On naît. On se flé‐ trit. On meurt.

Un destin auquel même les reines n’échappent pas.

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