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Nucléaire iranien : l’Europe désespère, Israël prône une « menace militaire »

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Le chancelier allemand a douché lundi les espoirs d'accord sur le nucléaire iranien dans un « proche avenir », poussant Israël à plaider en faveur d'une « menace militaire cré‐ dible » afin d'accroître la pression sur Téhéran.

Olaf Scholz a dit à Berlin, en recevant son homologue israélien Yair Lapid, regretter que l'Iran n'ait pas encore donné de réponse positive aux propositio­ns des coor‐ donnateurs européens.

Il n'y a aucune raison pour que l'Iran n'accepte pas ces propositio­ns. Mais nous de‐ vons prendre note que c'est le cas et que cela [l'accord] n'ar‐ rivera certaineme­nt pas dans un proche avenir, a constaté le chancelier lors d'une confé‐ rence de presse.

Après un an et demi de discussion­s destinées à sau‐ ver l'accord internatio­nal sur le nucléaire iranien – conclu en 2015, mais sapé en 2018 par la dénonciati­on unilaté‐ rale de ce texte par les ÉtatsUnis sous la présidence de Donald Trump, puis par les re‐ noncements successifs de la République islamique à ses engagement­s les plus impor‐ tants –, Berlin, Londres et Pa‐ ris avaient déjà exprimé sa‐ medi de sérieux doutes sur la réelle volonté de Téhéran.

Dans un communiqué, les trois pays européens ont ac‐ cusé Téhéran de poursuivre l'escalade de son programme nucléaire bien au-delà de ce qui pourrait être justifié de manière plausible pour des raisons civiles.

L'Iran, qui assure que son programme nucléaire est pu‐ rement civil, a jugé « non constructi­ve » cette déclara‐ tion qui a été en revanche sa‐ luée par le premier ministre is‐ raélien Yair Lapid, lui-même opposé à la relance de l'ac‐ cord.

Israël plaide pour une menace miliaire crédible

Selon M. Lapid, ces négo‐ ciations tournent à l'échec et n'atteindron­t pas l'objectif que nous partageons tous d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire.

Tout le monde nous de‐ mande : ''Quelle est la suite des choses?'' Il est temps d'avoir un dialogue avec les Américains et les Européens […] pour mettre sur la table une menace militaire crédible contre l'Iran de façon à pous‐ ser l'Iran vers un meilleur ac‐ cord que le seul simple retour au JCPOA, a déclaré un haut responsabl­e de la diplomatie israélienn­e, en marge de la vi‐ site à Berlin.

La dernière réponse de l'Iran dans les négociatio­ns en cours est un pas en arrière, a aussi estimé vendredi à Bruxelles le secrétaire d'État américain Antony Blinken.

Les pays européens re‐ prochent à Téhéran de ne pas avoir répondu au coordonna‐ teur du JCPOA [l'accord de 2015, NDLR] qui a présenté en août un ensemble de textes finaux, qui devait permettre à l'Iran de remplir à nouveau ses obligation­s au titre du JC‐ POA et, aux États-Unis, de re‐ venir à l'accord.

Mais Téhéran a de son cô‐ té demandé une nouvelle fois la clôture d'une enquête de l'Agence internatio­nale de l'énergie atomique (AIEA) concernant des traces d'ura‐ nium enrichi retrouvées sur trois sites non déclarés, ce que le patron de l'Agence, Ra‐ fael Grossi, refuse.

C'est cette demande du ré‐ gime iranien qui a fait naître de sérieux doutes du côté de Berlin, Londres et Paris concernant sa réelle volonté de relancer l'accord sur le nu‐ cléaire.

L'accord avait été conclu en 2015 avec Téhéran par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (États-Unis, France, Royaume-Uni, Chine et Rus‐ sie) plus l'Allemagne.

Washington s'était retiré en 2018 de cet accord conclu entre Téhéran et les grandes puissances. Il est destiné à li‐ miter le programme nucléaire iranien, en échange de la le‐ vée de sanctions américaine­s.

M. Lapid s'était rendu cet été à Paris pour évoquer ce dossier sensible avec le pré‐ sident français Emmanuel Ma‐ cron et avait eu de nombreux échanges aussi avec des diri‐ geants américains, britan‐ niques et allemands.

Israël craint notamment que la levée des sanctions, dans le cas d'un retour au JC‐ POA, permette de regarnir les coffres de Téhéran qui pour‐ rait utiliser ces sommes afin d'accroître son soutien au Hezbollah libanais, au Hamas palestinie­n et à d'autres élé‐ ments pro-iraniens dans la ré‐ gion.

À ce titre, le ministre israé‐ lien de la Défense, Benny Gantz, a présenté lundi lors d'une conférence aux ÉtatsUnis, une carte montrant dix sites en Syrie, y compris celui de Masyaf, utilisés selon lui par l'Iran pour produire des armes de précision pour le Hezbollah.

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