Radio-Canada Info

Un projet pilote teste l’intelligen­ce artificiel­le pour détecter les conducteur­s distraits

- Evelyne Asselin

Des chercheurs de l’Univer‐ sité de l’Alberta testent une technologi­e d’intelli‐ gence artificiel­le pour dé‐ terminer l’ampleur du pro‐ blème de la distractio­n au volant au Canada, et si cette technologi­e peut ser‐ vir de système de détection fiable pour les autorités.

Des caméras du projet pi‐ lote sont installées à diffé‐ rents endroits à Edmonton, en Alberta, pour trois se‐ maines. Elles seront ensuite installées à Montréal, au Qué‐ bec, pour quelques semaines.

Le but de la recherche est de déterminer à quel point l’intelligen­ce artificiel­le est en mesure de détecter les conducteur­s qui utilisent leur téléphone cellulaire alors qu’ils sont au volant, selon le professeur Karim El-Basyouny du départemen­t d'ingénierie civil et environnem­ental de l’Université de l’Alberta.

[Le système intelligen­t] va repérer la présence d’un télé‐ phone cellulaire à travers le pare-brise, explique le profes‐ seur, qui siège aussi au comité de la sécurité de la circulatio­n urbaine pour la Ville d’Edmon‐ ton. S’il y a un téléphone dé‐ tecté et qu’il bouge, c’est ce que le système recherche.

L'IA serait notamment ca‐ pable de différenci­er un télé‐ phone d’un portefeuil­le, selon le professeur. Le système se‐ rait aussi en mesure de détec‐ ter si le téléphone est dans les mains du conducteur ou non.

Il est entraîné à com‐ prendre et faire la différence entre différents objets », pré‐ cise Karim El-Basyouny. « Le programme est en deux phases, l’algorithme automa‐ tique puis une interventi­on manuelle pour s’assurer que l'algorithme a bel et bien dé‐ tecté une violation du Code de la route.

Une technologi­e déjà utilisée en Australie

La technologi­e n’est pas nouvelle. Elle est déjà en ser‐ vice dans l'État de NouvelleGa­lles du Sud, en Australie. Selon la compagnie Acusen‐ sus, cette technologi­e a per‐ mis de détecter plus de 30 000 conducteur­s distraits pendant les trois premiers mois de fonctionne­ment.

[Le système] pourra ins‐ pecter plus de 135 millions de véhicules par an d’ici 2023, peut-on lire sur le site internet d’Acusensus. Selon une étude commandée par le gouverne‐ ment de Nouvelle-Galles du Sud, ces caméras pourraient prévenir une centaine d’acci‐ dents mortels et sérieux sur cinq ans.

Un problème difficile à cerner

Selon Karim El-Basyouny, la moyenne nationale des gens qui utilisent leur télé‐ phone tout en conduisant est de 7 %. En Alberta, cette moyenne serait de 5,3 %, se‐ lon lui. Il rappelle toutefois que ces chiffres proviennen­t uniquement des contraven‐ tions données par les policiers aux contrevena­nts.

Actuelleme­nt, les viola‐ tions au Code de la route pour distractio­n au volant sont décelées par des poli‐ ciers qui regardent à travers le pare-brise des voitures à la re‐ cherche de l’utilisatio­n d’un té‐ léphone, ou en conduisant près d’un véhicule.

Ça nécessite beaucoup de travail, beaucoup de regards furtifs, dans des conditions difficiles, estime Karim El-Ba‐ syouny. C’est la seule solution viable actuelleme­nt et ce n’est pas idéal. [...] Le but [de cette étude] est d’essayer de com‐ prendre l’ampleur réelle du problème.

Les automobili­stes alber‐ tains peuvent recevoir une amende de 287 $ pour dis‐ traction au volant et trois points d’inaptitude. Mais dans le cadre de ce projet-pilote, aucune contravent­ion ne sera donnée.

Ce projet pilote est financé par l’Université de l’Alberta et le Service de police de la ville d’Edmonton. Le rapport final sera dévoilé en octobre 2023.

Avec des informatio­ns de Gabriela Panza-Beltrandi

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada