Radio-Canada Info

Les demandes électorale­s du milieu de la santé

- Coralie Laplante

Urgences bondées, manque de médecin de fa‐ mille et pénurie de person‐ nel soignant : les enjeux au sein du réseau de la santé se multiplien­t au Québec. Les acteurs du milieu font leurs demandes au pro‐ chain gouverneme­nt.

La docteure Julie Côté-Le‐ clerc, médecin d'urgence et membre du conseil d'adminis‐ tration de l’Associatio­n des médecins d'urgence du Qué‐ bec, travaille à l’urgence du Centre hospitalie­r affilié uni‐ versitaire régional Trois-Ri‐ vières (CHAUR). Elle s’inquiète que près de la moitié des ci‐ vières de l’urgence soient oc‐ cupées par des patients hos‐ pitalisés dans d’autres unités.

Ces gens-là n'ont pas de place pour monter aux étages, parce que les étages sont pleins aussi. Donc, l'ur‐ gence fait le goulot d'étrangle‐ ment du système de santé, puis on se ramasse avec un débordemen­t de civières à l'urgence.

Julie Côté-Leclerc, médecin d'urgence et membre du conseil d'administra­tion de l’Associatio­n des médecins d'urgence du Québec

Elle souhaite que les diffé‐ rents partis se penchent sur la congestion intrahospi­talière. Est-ce que c'est d'ouvrir des unités de soins ailleurs pour les patients avec de nouveaux soins alternatif­s ? Est-ce que c'est d'ouvrir plus de lits sur les étages ? Est-ce que c'est d'avoir plus de personnel ? C’est sûr qu'il faut trouver une solution pour désengorge­r pour qu’on puisse donner de meilleurs soins à nos patients, poursuit Dre Côté-Leclerc.

Les soins à domicile font partie de la solution, croit le médecin de famille et urgen‐ tiste Frédéric Picotte. Selon lui, le prochain gouverneme­nt devra les bonifier pour désen‐ gorger les urgences, tout en renforçant la capacité en pre‐ mière ligne.

Si vous êtes un patient or‐ phelin puis que vous appelez au [Guichet d'accès à la pre‐ mière ligne], on va évaluer votre besoin, puis on va vous envoyer au bon intervenan­t qui va régler votre problème, pas nécessaire­ment à un mé‐ decin. Mais actuelleme­nt, si vous avez un médecin de fa‐ mille, vous prenez rendezvous avec votre médecin de famille et il n'y a pas d'évalua‐ tion. Ce qu'on voudrait, c'est qu'il y ait une évaluation qui soit faite pour tous les be‐ soins, pour éviter qu'un mé‐ decin vous voit et qu'il dise "ah! c'est l'infirmière qui va pouvoir gérer votre plaie'', souligne-t-il.

Outre la santé physique, le médecin espère que le pro‐ chain gouverneme­nt assurera l'accès à un psychologu­e pour tous les citoyens, qu'ils aient une assurance privée ou non.

Il y a un système à deux vi‐ tesses en santé mentale. Si vous avez des assurances pri‐ vées, vous avez souvent droit à un meilleur traitement, c'est-à-dire, un psychologu­e. [...] Les médicament­s, c'est de la deuxième ligne, [mais] ce qui aide beaucoup, c'est l'ac‐ compagneme­nt psycholo‐ gique, ajoute Dr Picotte.

Surchargés, les profession‐ nels de la santé doivent en plus composer avec le manque de personnel.

On doit pallier une pénurie qui est grandissan­te de jour en jour. Tous les congés sont refusés présenteme­nt en Mauricie et au Centre-duQuébec

Patricia Maillot, présidente par intérim du Syndicat des profession­nelles en soins de la Mauricie et Centre-du-Qué‐ bec

Il est impératif, selon elle, d’améliorer les conditions de travail des travailleu­rs.

L’accès difficile aux soins s’accompagne d’un nombre croissant de plaintes de pa‐ tients. La pression que vivent les profession­nels de la santé n’aide en rien cette situation, suggère Janik Ouimet, direc‐ trice du Centre d’assistance et d’accompagne­ment aux plaintes en Mauricie Centredu-Québec.

Les gens trouvent que les profession­nels ne prennent pas assez de temps pour leur expliquer les choses. Il y a même des chirurgies que les gens n’auraient pas fait faire s’ils avaient su certaines choses. Il y a aussi beaucoup de plaintes au niveau de l'atti‐ tude du personnel. On le sait, le personnel est épuisé , énu‐ mère-t-elle.

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