Hockey Canada critiqué pour un sondage sur les allégations d’agression sexuelle
Un récent sondage distri‐ bué par Hockey Canada aux parents de joueurs de la fédération a soulevé l’ire de plusieurs d'entre eux qui ont critiqué le manque de sensibilité de l’organisa‐ tion aux allégations d'agression sexuelle qui la secouent.
Le sondage a été distribué aux parents, aux bénévoles et aux entraîneurs afin d’évaluer leur opinion sur Hockey Cana‐ da.
L’organisme est sous le feu des projecteurs depuis que des allégations d’agression sexuelle ont surgi, ce prin‐ temps, pour des faits qui se seraient déroulés à la suite d'un gala à London, en Onta‐ rio, en 2018, impliquant huit joueurs non identifiés de l'équipe canadienne junior de cette année-là, et pour la ma‐ nière dont cette affaire a été traitée par la suite.
Des allégations d'une autre agression sexuelle en groupe, impliquant l'équipe canadienne junior de 2003, ont également émergé, en juillet. Aucune de ces alléga‐ tions n'a été prouvée devant les tribunaux.
« Biaisé et inappro‐ prié », dit la ministre StOnge
La ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge, n'est pas passée par quatre che‐ mins pour exprimer son opi‐ nion sur ledit sondage.
J'ai trouvé que c'était une question biaisée qui cherchait à faire porter le blâme aux médias plutôt qu'à leur propre gestion de la crise. Je m'attends à ce que Hockey Canada fasse plus qu'une opération de relations pu‐ bliques et qu'on voit des ré‐ sultats concrets, a-t-elle com‐ menté lors d'une allocution dans les couloirs du parle‐ ment d'Ottawa.
Au cours des dernières se‐ maines, la principale intéres‐ sée n'a pas hésité à admettre, à la fin du mois de juillet, qu'elle fondait peu d'espoir envers la direction de Hockey Canada. Un mois plus tard, elle a continué d'accentuer la pression en réclamant du changement au sein de la fé‐ dération.
Ce sondage inapproprié ne lui fera certainement pas changer d'avis. Ce n'est pas un sondage comme ça qui dé‐ montre que des actions concrètes sont prises.
Comment peuvent-ils être aussi ignorants
Les participants ont été in‐ vités à évaluer leur niveau d’approbation envers plu‐ sieurs affirmations, parmi les‐ quelles :
Le niveau de critique des médias envers Hockey Cana‐ da est exagéré. Des incidents comme ceux-ci ne se repro‐ duiront probablement pas. Les allégations ne concernent que quelques joueurs de ho‐ ckey et ne sont pas représen‐ tatives de la culture du ho‐ ckey dans ce pays.
Il leur est également de‐ mandé de dire à quel point cette question est importante pour Hockey Canada, alors que l’organisation travaille pour résoudre des problèmes systémiques dans le hockey, de cesser d'utiliser les cotisa‐ tions des membres pour cou‐ vrir les poursuites pour incon‐ duite sexuelle.
Récemment, Hockey Cana‐ da a indiqué, devant un comi‐ té parlementaire, avoir tiré la majeure partie de la somme pour traiter ces dossiers de son Fonds national d'équité, qui est financé en partie par les droits d'inscription au ho‐ ckey mineur, un fait qui a sus‐ cité l'indignation du public. L'organisation a déclaré, en juillet, qu'elle n'utiliserait plus le fonds pour gérer de telles réclamations.
Lisa Wallace, une journa‐ liste sportive d'Ottawa cou‐ vrant du hockey mineur jus‐ qu'à la LNH, a un fils de 15 ans qui joue dans la caté‐ gorie AAA.
Je remplissais le sondage [et] je secouais littéralement la tête en lisant certaines questions. Je me disais : "Com‐ ment peuvent-ils être aussi ignorants?"
Qu'il s'agisse de Hockey Canada ou de la firme de son‐ dage Forsta qui a organisé le coup de sonde, Mme Wallace estime que ceux qui ont choi‐ si les questions ne com‐ prennent visiblement pas bien ce que les gens res‐ sentent envers l'organisation en ce moment.
La question de la couver‐ ture médiatique lui a égale‐ ment laissé un mauvais goût.
J'ai juste pensé : "Vrai‐ ment? C'est ce qui vous in‐ quiète?"
Les participants ont égale‐ ment été invités à donner leur avis sur la question de savoir si l'organisation sportive de‐ vrait mettre en place un fil‐ trage amélioré de tous les joueurs de haut niveau, un système complet de suivi et de signalement pour toutes les plaintes d'abus et présen‐ ter ses excuses.
Il leur est aussi demandé si l'organisme sportif devrait avoir un leadership inclusif et diversifié, expliquer ce qui s'est passé et introduire un nouveau leadership.
En juillet, Hockey Canada a présenté ses excuses et a an‐ noncé rouvrir son enquête sur les allégations d’agression sexuelle impliquant des membres de l'équipe natio‐ nale junior de 2018.
La fédération a également nommé une nouvelle prési‐ dente intérimaire, Andrea Skinner, en août dernier, ré‐ pondant ainsi à la pression publique grandissante pour une refonte majeure de la di‐ rection.
Une gamme de ques‐ tions
Dans un communiqué de presse, Hockey Canada a as‐
suré qu'il n'essayait pas de mi‐ nimiser les défis auxquels il est confronté ou les horribles allégations d'agression sexuelle contre d'anciens membres de l'équipe natio‐ nale junior.
Certaines questions du sondage ont été conçues pour évaluer le sentiment et la sensibilisation des membres de la communauté du hockey aux problèmes auxquels fait face Hockey Ca‐ nada, indique-t-on.
En ce qui concerne les quelques questions récem‐ ment partagées sur les ré‐ seaux sociaux, les participants ont reçu une série d'affirma‐ tions sur lesquelles ils étaient invités à se prononcer, en in‐ diquant dans quelle mesure ils étaient en accord ou en désaccord.
Hockey Canada a insisté sur le fait que ces affirmations comprenaient : Je reconsidère la participation de mon en‐ fant au hockey à la suite des allégations et il n'y a rien que Hockey Canada puisse faire pour regagner ma confiance.
Mme Wallace se demande encore pourquoi l’organisa‐ tion a senti le besoin de me‐ ner un tel sondage. Elle es‐ time que l'argent utilisé aurait pu être investi dans de meilleures initiatives, comme un programme pour incul‐ quer l'importance du consen‐ tement.
Je me demande, notam‐ ment, si le leadership [d’Ho‐ ckey Canada] s’implique vrai‐ ment, en ce moment, pour comprendre ce que les pa‐ rents canadiens ressentent? [Pour quelle raison] res‐ sentent-ils le besoin, encore une fois, de dépenser de l'ar‐ gent… pour faire un sondage?
Avec les informations de Joseph Tunney de CBC News