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L’emballage en carton, solution à l’emballage plastique

- Bruno Larose

Au bout du fil, ça s’entend. Julie Ramos parle avec fier‐ té des réalisatio­ns d’Atti‐ tude, une entreprise qué‐ bécoise qui a fait sa marque dans le marché des soins corporels et mé‐ nagers naturels. La viceprésid­ente Marketing ra‐ conte la dernière initiative du fabricant : concevoir et mettre en marché une crème solaire vendue dans un contenant de carton ri‐ gide.

Une première mondiale, selon elle. Rapidement, les produits de savon ont égale‐ ment été emballés dans du carton. Ça s’est traduit par une réduction de 80 % en moyenne du recours au plas‐ tique, se réjouit-elle.

Puis Attitude s’est tournée vers les produits corporels en lançant des déodorants et de la crème solaire 100 % sans plastique, avec un emballage complèteme­nt recyclable en carton, pour ensuite mettre en marché du shampoing en barre, toujours sans aucun plastique.

Malgré tous ses efforts, l’entreprise montréalai­se qui exporte dans 60 pays n’a pas encore réussi à atteindre l'ob‐ jectif zéro plastique pour ses produits en vrac rechar‐ geables. On aimerait telle‐ ment ça, mais ce n’est pas en‐ core possible. La technologi­e ne permet pas d’avoir un sac qui peut contenir un liquide comme le savon et qui ne soit pas en plastique. On a fait tel‐ lement de recherches. Pour le moment, on a atteint le meilleur compromis, c'est-àdire de réduire de 80 % en moyenne le plastique à usage unique.

Julie Ramos fait valoir que dans le cas des autres pro‐ duits de la compagnie, tou‐ jours emballés dans du plas‐ tique, ils sont résistants et re‐ chargeable­s, pour la grande majorité. Elle souligne qu'Atti‐ tude a aussi opté pour le type de plastique qui se recycle le mieux, soit le polyéthylè­ne haute densité (PEHD).

L’objectif de notre entre‐ prise, c’est de changer notre modèle et aussi celui des consommate­urs. Chaque an‐ née, il y a 8 millions de tonnes de plastique à usage unique qui sont déversées dans les océans. Il faut faire quelque chose. C’est pour ça qu’on offre des produits qui laissent le moins de traces possible, insiste Julie Ramos.

Quelle est la réponse du public? Très bonne, répond Ju‐ lie Ramos. Nos ventes de pro‐ duits emballés dans du carton ont augmenté de 101 % en un an, affirme-t-elle. Mais on commence. Ça fait un an qu’on a sorti nos nouveaux produits. Il faut encore faire de l’éducation auprès des gens, qui sont parfois réti‐ cents à changer leurs habi‐ tudes.

Au-delà d’une tendance, c’est devenu un impératif de délaisser le plastique. Et Atti‐ tude se démarque notam‐ ment par sa distributi­on éten‐ due dans les pharmacies et les magasins à grande surface, selon la professeur­e agrégée du Départemen­t de marke‐ ting à l'Université Laval à Qué‐ bec, Jessica Darveau. On ne peut pas dire qu’elle fait de l’écoblanchi­ment. Réduire le plastique fait partie de sa stra‐ tégie depuis le début.

La professeur­e ajoute que d’autres entreprise­s québé‐ coises comme BKind et Kali offrent des produits sem‐ blables sans plastique, mais elle déplore qu’ils ne soient of‐ ferts que dans des boutiques spécialisé­es.

Pour la vice-présidente Marketing d’Attitude, Julie Ra‐ mos, il ne fait pas de doute que sa compagnie a un effet d’entraîneme­nt sur les grands acteurs de l’industrie des pro‐ duits de consommati­on cou‐ rante, comme Procter and Gamble (P&G) et Unilever. On le voit dans les foires spéciali‐ sées, on dérange les grandes marques. Les compétiteu­rs sont étonnés. C’est pas sou‐ vent qu’on voit une innova‐ tion aussi marquée dans ce milieu.

Mais qu’en est-il vraiment? Que font les grands fabricants de produits de tous les jours? Prenons l’exemple de l’entre‐ prise américaine P&G, qui commercial­ise les marques connues de savons à lessive Tide, des shampoings Pan‐ tene et Head & Shoulders, de même que les rasoirs Gillette, pour ne nommer que celleslà.

Sur son site web, la société affirme avoir réduit de plus de 12 % le recours au plastique en revoyant le design de ses contenants. De 2015 à 2020, elle ajoute avoir doublé son utilisatio­n de résine de plas‐ tique recyclée. Et d’ici 2030, P&G veut atteindre l’objectif de 100 % de contenants ou d’emballages recyclable­s ou réutilisab­les. Il a été impos‐ sible de pouvoir parler à un représenta­nt de la compa‐ gnie.

La professeur­e agrégée du

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