Le climat de travail chez Vitalité, un obstacle majeur à la rétention des infirmières
L’environnement de travail dans le Réseau de santé Vi‐ talité est un réel enjeu pour la rétention des infir‐ mières au Nouveau-Bruns‐ wick. C’est une des conclu‐ sions préliminaires à la‐ quelle arrive une profes‐ seure de l'Université de Moncton, après s’être en‐ tretenue de manière confi‐ dentielle avec 45 infir‐ mières.
Depuis le début de l’été, la chercheuse en gestion des services de santé Claire John‐ son mène des entretiens avec des infirmières – certaines ont quitté le réseau, d’autres sont toujours en poste – dans le cadre d’une étude sur la ré‐ tention du personnel médical au Réseau de santé Vitalité.
Avant de songer à arrêter l'hémorragie, il faut essayer de la comprendre , croit Claire Johnson.
En 2021-2022, le réseau Vi‐ talité a perdu 152 infirmières, sans compter les départs à la retraite. L’âge moyen des infir‐ mières démissionnaires est de 34 ans.
Claire Johnson n’est pas étonnée par ce grand nombre de départs.
Un climat malsain
Le piètre environnement de travail chez Vitalité est sou‐ vent ressorti lors de ces entre‐ tiens confidentiels, raconte Claire Johnson.
Les gens qui ont choisi de partir, ces relations étaient soit tendues ou pas très saines. Il s'installe comme un climat de méfiance entre col‐ lègues où la collaboration se faisait beaucoup moins bien , rapporte la professeure.
Selon elle, la reconnais‐ sance du travail accompli, l'ac‐ compagnement des recrues, l’autonomie et la gestion moins centralisée des conflits doivent faire partie des solu‐ tions.
Redonner le contrôle aux infirmières. Donner le maxi‐ mum d'autonomie dans leur pratique, dans leur façon de s'organiser, dans leur horaire, ça c'est énorme. Puis leur faire confiance, qu'ils ont les outils, eux, pour être capables de s'organiser eux-mêmes.
Claire Johnson, profes‐ seure en gestion des services de la santé à l'Université de Moncton
En situation de crise, on a tendance à enlever l'autono‐ mie aux personnes de pre‐ mière ligne. Je pense que c'est une erreur. [...] C'était assez frappant, on a parlé à plu‐ sieurs personnes qui ont choi‐ si de quitter leur poste , ajoute-t-elle.
Il faut écouter, insiste
L'infirmière Jill Doucet – qui a quitté le réseau Vitalité en 2020, après 15 ans comme infirmière spécialisée en psy‐ chiatrie et en santé mentale à l'hôpital régional de Camp‐ bellton et au Centre hospita‐ lier Restigouche – dénonce aussi le manque d’écoute et de reconnaissance.
C’était un environnement qui était difficile à travailler. Je pourrais même dire assez toxique au niveau psycholo‐ gique. On vivait beaucoup de difficultés, puis c’est à ce mo‐ ment-là que j’ai choisi ma san‐ té avant ma profession , ra‐ conte l’infirmière de Charlo.
La solution, c’est écouter les infirmières. Vitalité doit s’asseoir avec les infirmières, il doit les laisser parler et les écouter. Les infirmières doivent être à la table des dé‐ cisions. Ça va faire une grosse différence.
Jill Doucet, infirmière
Jill Doucet dit que lors‐ qu’elle a annoncé son inten‐ tion de quitter le réseau Vitali‐ té, on a essayé de la retenir. Mais il était déjà trop tard.
Je ne me sentais pas écou‐ té, pour moi les infirmières on est une grosse partie du ré‐ seau de santé. On a besoin d’être écouté. On est une voix. On a quelque chose à dire et pour moi la solution est là : al‐ lez écouter les infirmières.
Et son sentiment est par‐ tagé par plusieurs de ses an‐ ciennes collègues, selon ce qu’a constaté la professeure Claire Johnson.
C’est ressorti souvent dans nos entrevues. Quand les in‐ firmières se sentaient enten‐ dues et faisaient partie des solutions, elles avaient davan‐ tage tendance à rester. Mais on a vu le contraire aussi avec des infirmières qui ne se sen‐ taient pas entendues, qui ne faisaient pas partie de la solu‐ tion. Ce facteur nuisait à la sa‐ tisfaction de leur travail , ex‐ plique-t-elle.
Jill Doucet a aujourd’hui un autre emploi, dans le secteur privé. Elle dit être prête à tra‐ vailler à nouveau pour Vitali‐ té, par exemple pour des pro‐ grammes d’aide et de mieuxêtre pour les employés, mais qu’elle ne retournera pas sur le plancher de l’hôpital comme infirmière.
La professeure Claire John‐ son et sa collègue Stéphanie Collin souhaitent s’entretenir avec une quinzaine d’autres infirmières pour compléter la première phase de leur étude sur la rétention des infir‐ mières dans le réseau Vitalité. Les conclusions finales de‐ vraient être publiées l’été pro‐ chain.
L’exercice doit ensuite se poursuivre avec le Réseau de santé Horizon, le réseau an‐ glophone.
Avec des informations de Nicolas Steinbach
mois à un an, a indiqué lors de son témoignage lundi Jo‐ nathan Foster, vice-président des services d'urgence et de la santé mentale à l'Hôpital ré‐ gional de Windsor (WRH).
Nous devons souvent nous battre pour trouver les services de soutien pour nos patients les plus vulnérables dans un délai convenable, a expliqué M. Foster.
C'était un problème en 2018, et c'est encore un pro‐ blème aujourd'hui.
Jonathan Foster, vice-pré‐ sident des services d'urgence et de la santé mentale à l'Hô‐ pital régional de Windsor
En 2020, le WHR a ouvert une unité d'évaluation en san‐ té mentale. Rattachée à son service d'urgence, elle est conçue et dotée de personnel spécifiquement pour aider ce type de patients. De 7 h à 23 h, les patients ont accès à un psychiatre, deux infirmiers psychiatriques agréés et un travailleur social. En dehors de ces heures, certains de ces postes sont sur appel.
Les défis se jouent toute‐ fois à la sortie de l'hôpital. La majorité des établissements ontariens offrent des services de santé mentale aux pa‐ tients hospitalisés et aux pa‐ tients externes, mais pas à Windsor où ce sont les parte‐ naires communautaires qui assurent le suivi et les soins après le congé.
Selon M. Foster, cette si‐ tuation peut entraîner une déconnexion et rendre plus difficile la coordination lors‐ qu'il s'agit de la continuité des soins aux patients.
Pendant longtemps, nous avons eu du mal à trouver des programmes de traite‐ ment pour les personnes pré‐ sentant des facteurs de risque suicidaire, a noté M. Foster.
Nous n'avons pas les res‐ sources nécessaires pour ai‐ der les gens sur une longue période.
Jonathan Foster
Rendre les ressources communautaires plus effi‐ caces
Pour M. Foster, l'augmen‐ tation du financement est une piste de solution, mais pas la seule.
Il explique que les orga‐ nismes communautaires doivent aussi évaluer la façon dont ils répartissent leurs res‐ sources pour éliminer les che‐ vauchements et améliorer l'ef‐ ficacité des services offerts.
Cette démarche est d'au‐ tant plus importante que le nombre de patents est en constante hausse.
L'unité de santé mentale de l'hôpital est presque pleine la plupart du temps, a souli‐ gné Jonathan Foster. Selon lui, avec entre six et quinze per‐ sonnes sont admises ou re‐ çoivent leur congé de l'hôpital quotidiennement avec une durée moyenne de séjour de 14 jours.
Ces dernières années, de plus en plus de personnes ont recours aux services de santé mentale de l'hôpital. Pour beaucoup, c'est la première fois qu'ils le font.
Dans l'ensemble, la com‐ plexité et la gravité des mala‐ dies que nous voyons ont également augmenté.
Jonathan Foster
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Des changements en cours
Avant le décès de Matthew Mahoney en 2018, l'hôpital utilisait un système de tenue de dossiers papier. Les don‐ nées sont désormais numé‐ riques et le système signale toute personne qui est reve‐ nue à l'hôpital ou qui s'y est rendue plusieurs fois pour des problèmes de santé men‐ tale.
L'hôpital a également pro‐ cédé à des changements in‐ ternes après un examen des circonstances entourant la mort de Matthew Mahoney. Parmi ceux-ci, le suivi du pa‐ tient après son départ de l'hô‐ pital.
Après le décès de Maho‐ ney, l'équipe de soutien et d'approche communautaire (COAST) a commencé à four‐ nir au WHR les noms des dix patients à haut risque les plus importants de la communau‐ té. Un groupe de travail a éga‐ lement été mis sur pied pour élaborer un parcours pour les patients à haut risque et à faible visibilité de la commu‐ nauté.
L'enquête du coroner sur la mort de Matthew Mahoney doit se terminer cette se‐ maine. À l'issue des au‐ diences, le jury de cinq per‐ sonnes doit formuler des re‐ commandations pour aider à prévenir de futurs décès.
Avec des informations de CBC
alors décidé de se retirer afin de ne pas accentuer la dou‐ leur et l’incompréhension d’une communauté [qu’elle souhaitait] plutôt honorer.
Dans une lettre adressée à Radio-Canada, elle avait aussi louangé le désir profond du festival à ce que la musique serve de lieu de rencontre entre membres de différentes communautés culturelles – un thème qui a traversé la vie de la percussionniste, et qui est au centre de son roman L’Iroko, publié chez Québec Amérique.