Changements climatiques : le N.-B. ne prévoit aucune nouvelle mesure pour les industries
Le gouvernement du Nou‐ veau-Brunswick vise de nouvelles cibles dans son plus récent plan d’action contre le changement cli‐ matique, dont la carboneu‐ tralité d’ici 2050 et une aug‐ mentation considérable du nombre de véhicules élec‐ triques dans la province.
Les données scientifiques démontrent qu’il faut prendre des mesures dynamiques, se‐ lon le directeur général du Se‐ crétariat des changements cli‐ matiques du Nouveau-Bruns‐ wick, Jeff Hoyt.
Le plan provincial s'intitule Notre voie vers la décarboni‐ sation et la résilience aux changements climatiques. Il comprend la tarification du carbone imposée par le gou‐ vernement fédéral, dont une hausse de 11 ¢ le litre d’es‐ sence cette année.
Mais ce document publié mercredi n’établit aucune nouvelle cible ni de nouvelle mesure visant le secteur in‐ dustriel, qui est le plus grand émetteur de gaz à effet de serre (GES) dans la province.
C’est injuste, lance Louise Comeau, une directrice du Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick. Selon elle, il n’y aucun doute que le gouvernement ne demande pas aux grands pollueurs de faire plus d’efforts.
Le plan estime que les émissions de GES provenant des industries constituent jus‐ qu’à 34 % du total de la pro‐ vince. Ce secteur occupe le premier rang des émetteurs.
Louise Comeau juge qu’il faut resserrer la tarification provinciale du carbone pour inciter davantage les indus‐ tries à réduire leurs émissions.
Le gouvernement progres‐ siste-conservateur de Blaine Higgs a récemment soumis à Ottawa une proposition de tarification du carbone pour 2023 et au-delà. Le plan du gouvernement fédéral prévoit que les provinces adoptent une tarification plus rigou‐ reuse à compter de l’an pro‐ chain.
Des rables objectifs mesu‐
Le Nouveau-Brunswick n’a pas encore rendu publique sa nouvelle proposition de tarifi‐ cation du carbone. À l’heure actuelle, les consommateurs paient une taxe carbone sur les carburants qui augmente chaque année tandis que les pollueurs industriels paient selon un modèle basé sur la réduction des émissions des usines dans chaque secteur.
À moins de voir la proposi‐ tion de tarification, il est im‐ possible de savoir si le gou‐ vernement demande aux in‐ dustries de faire leur juste part, affirme Louise Comeau.
Mme Comeau applaudit toutefois l’adoption d’objectifs mesurables, dont des cibles quinquennales qui, selon elle, vont aider le public à consta‐ ter les progrès.
Dans son plan 2022-2027 publié mercredi, le gouverne‐ ment dit reconnaître qu’une mesure accélérée est néces‐ saire pour éviter les pires im‐ pacts des changements clima‐ tiques, et il s’engage à at‐ teindre un niveau net d’émis‐ sions de GES nul d’ici 2050.
Mais il ajoute que ce ne se‐ ra pas chose facile et cela exi‐ gera une mesure forte et continue.
La carboneutralité ne si‐ gnifie pas la fin des émissions, elle signifie que la quantité de GES émise équivaut à celle re‐ tirée de l’atmosphère.
Jeff Hoyt explique que le gouvernement ne sait pas en‐ core exactement comment atteindre cet objectif, que cela fait partie de ce qui reste à établir.
Il pourrait s’agir, par exemple, de mesurer com‐ bien de carbone est absorbé naturellement par les terres humides et les forêts de la province.
Aucune nouvelle me‐ sure pour les industries
Chaque section du docu‐ ment présente les politiques existantes, qui demeureront en vigueur, ainsi que de nou‐ velles mesures, mais la sec‐ tion portant sur les industries ne comprend aucune nou‐ velle mesure.
Le plan prévoit que le gou‐ vernement poursuive ses pro‐ grammes d’efficacité énergé‐ tique, son exigence pour que les industries signalent leurs émissions, et sa tarification du carbone dans le cas des grands émetteurs.
Selon Jeff Hoyt, ces poli‐ tiques suffisent pour inciter les industries à réduire leurs émissions et qu’il n’est donc pas nécessaire d’imposer de nouvelles mesures.
Le plan reprend la prise de position de longue date du gouvernement Higgs selon la‐ quelle la tarification doit re‐ connaître que les usines au Canada doivent faire concur‐ rence aux autres dans les ré‐ gions du monde qui ne sont pas soumises à une taxe car‐ bone.
Il est essentiel de décarbo‐ niser considérablement l’in‐ dustrie pour atteindre nos objectifs, faire face aux effets des changements climatiques et aider nos entreprises à res‐ ter compétitives sur les mar‐ chés d’exportation, souligne le gouvernement dans son plan.
Les transports au deuxième rang des émet‐ teurs
Le secteur des transports, qui comprend les véhicules des particuliers, occupe le deuxième rang en étant res‐ ponsable de 26 % des émis‐ sions de GES dans la province.
Selon le plan, le gouverne‐ ment va travailler pour que 6 % des nouveaux véhicules légers vendus soient élec‐ triques d’ici 2025. Il vise un taux de 50 % d’ici 2030.
Le Nouveau-Brunswick ob‐ tiendra les réductions les plus importantes en réduisant sa dépendance à l’égard des vé‐ hicules personnels, en conti‐ nuant à soutenir l’adoption de véhicules électriques et en utilisant d’autres moyens de transport, souligne-t-on dans le plan.
Le plan prévoit aussi l’éla‐ boration d’une nouvelle stra‐ tégie pour une électricité propre d’ici 2025 dans le but de parvenir à des émissions nettes nulles d’ici 2035, ce qui correspond à l'objectif d’Otta‐ wa.
Il est aussi question de fixer des objectifs clairs en matière d’efficacité électrique et des exigences en matière de rapports pour Énergie NB [...].
Le secteur de la produc‐ tion d’électricité occupe le troisième rang des émetteurs (23 %).
Enfin, le plan propose de mesurer combien de dioxyde de carbone les forêts de la province absorbent, d’inclure le changement climatique à la loi sur l’urbanisme et de se préparer à plus d’événements météorologiques extrêmes comme les inondations, les in‐ cendies de forêt et les pé‐ riodes de sécheresse.
D’après un reportage de Jacques Poitras, de CBC