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Guerre en Ukraine et menaces du Kremlin discutés au Conseil de sécurité

- James-Patrick Cannon

Le secrétaire général des Nations unies (ONU), Anto‐ nio Guterres, juge « totale‐ ment inacceptab­le » le spectre de la nucléarisa‐ tion du conflit en Ukraine, une possibilit­é évoquée mercredi par le président russe Vladimir Poutine.

Tous les États dotés d'armes nucléaires devraient s'engager à ne pas les utiliser, a ajouté Guterres devant les pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU.

Le chef de l'ONU a égale‐ ment appelé à faire enquête sur le catalogue des cruautés qui ont lieu en Ukraine, citant notamment des exécutions sommaires et la torture de ci‐ vils.

Les 15 pays membres de l'organe de sécurité onusien, dont la Russie, sont réunis en marge de l'Assemblée géné‐ rale de l'ONU pour discuter du maintien de la paix en Ukraine et de l'impunité des crimes commis depuis le dé‐ but de l'invasion russe.

Or, la surenchère de Vladi‐ mir Poutine, qui a décrété la mobilisati­on de 300 000 réser‐ vistes et brandi la menace d'un recours aux armes nu‐ cléaires, est venue s'ajouter à l'ordre du jour.

Prenant la parole peu après M. Guterres, le secré‐ taire d'État américain Antho‐ ny Blinken a demandé à la Russie de mettre fin immédia‐ tement à ses menaces nu‐ cléaires irresponsa­bles.

Les deux hommes ont également dénoncé le soutien de la Russie à l’organisati­on de référendum­s d’annexion prévus à compter de vendredi dans quatre régions ukrai‐ niennes occupées.

Le secrétaire général de l’ONU s’est dit profondéme­nt préoccupé par la tenue de tels scrutins, rappelant que l’an‐ nexion d’un territoire par la force ou la menace constitue une violation du droit interna‐ tional et de la Charte des Na‐ tions unies.

Le secrétaire d’État améri‐ cain a pour sa part qualifié ces efforts de dangereuse esca‐ lade. Il a ajouté que les reven‐ dications territoria­les de la Russie ne pouvaient en aucun cas priver l’Ukraine du droit de défendre son propre terri‐ toire.

Malgré ces vives condam‐ nations, des diplomates du Conseil de sécurité ont indi‐ qué qu’il n'était pas prévu d'introduire une résolution ou une action visant à impo‐ ser des sanctions à la Russie.

En tant que membre per‐ manent du Conseil de sécuri‐ té, la Russie peut utiliser son droit de veto pour bloquer toute résolution qui la concerne.

C’est ce qu’elle avait fait en février dernier devant une ré‐ solution condamnant son in‐ vasion de l’Ukraine et deman‐ dant le retrait de ses troupes.

Dans une allocution préen‐ registrée devant l’Assemblée générale de l’ONU, mercredi, le président ukrainien Volody‐ myr Zelensky a d’ailleurs re‐ nouvelé sa demande pour que la Russie soit privée de son droit de veto.

Moscou persiste et signe

Prenant la parole à son tour devant le Conseil de sé‐ curité, le ministre des Affaires étrangères de la Russie, Sergeï Lavrov, a rejeté les accusa‐ tions portées contre la Russie, inversant les rôles et dénon‐ çant l'impunité de Kiev.

Les États-Unis et leurs al‐ liés, avec la connivence d'or‐ ganisation­s internatio­nales des droits de l'homme, ont couvert les crimes commis par le régime de Kiev, a accusé le plus haut diplomate du ré‐ gime de Vladimir Poutine.

À Moscou, l’ancien pré‐ sident russe Dmitri Medvedev a pour sa part réitéré que la Russie est prête à utiliser toutes les armes dans son ar‐ senal, y compris des armes nucléaires tactiques, pour dé‐ fendre des territoire­s russes annexés.

Medvedev a d’ailleurs indi‐ qué que les scrutins d’an‐ nexion prévus dans quatre ré‐ gions contrôlées par des au‐ torités prorusses iraient bel et bien de l’avant. Il est trop tard pour reculer, a-t-il ajouté.

Des bombes avant le scrutin

À la veille de ces plébis‐ cites, une des premières villes ukrainienn­es à être tombées sous occupation russe au dé‐ but de l’invasion a été la cible de bombardeme­nts.

Les autorités prorusses de Zaporijia, dans le sud-est de l'Ukraine, ont annoncé jeudi qu’une explosion avait secoué un marché très fréquenté de Melitopol.

Vladimir Rogov, un membre de l’administra­tion locale installée par Moscou, a imputé l’attaque aux services spéciaux ukrainiens, qu’il ac‐ cuse de vouloir intimider la population civile avant les ré‐ férendums d’adhésion à la Russie.

Yvan Fedorov, maire dé‐ chu et exilé, estime que l’at‐ taque a été délibéréme­nt mise en scène par les forces russes afin d’accuser l’Ukraine de terrorisme. Il a déclaré que l’attaque avait blessé trois sol‐ dats et en plus de faire des victimes civiles, mais cette in‐ formation n’a pu être vérifiée de manière indépendan­te.

Fuite aux frontières

Pendant ce temps, la mo‐ bilisation de réserviste­s an‐ noncée par Vladimir Poutine a provoqué un afflux de Russes souhaitant quitter le pays.

Des files d’attente ont été observées aux frontières de plusieurs pays, notamment en Finlande et en Géorgie.

La demande pour des billets d’avion au départ de Moscou a également explosé, si bien que les prix pour un al‐ ler simple s’élevaient à plus de 5000 $ pour plusieurs destina‐ tions.

Les autorités finlandais­es ont d’ailleurs déclaré qu’elles envisageai­ent d'interdire à la plupart des Russes d'entrer dans le pays, à l’instar d’autres pays baltes qui ont pris ces dernières semaines des me‐ sures pour restreindr­e radica‐ lement l’entrée de Russes sur leur territoire.

De son côté, l'Allemagne s'est dite prête à accueillir des déserteurs de l'armée russe menacés de grave répression.

Moscou a toutefois tenté de minimiser la situation, af‐ firmant que les reportages d'un exode étaient exagérés.

L’état-major russe a décla‐ ré que plus de 10 000 per‐ sonnes s’étaient portées vo‐ lontaires jeudi, avant même l’obtention de leur convoca‐ tion.

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